Préface*

Réné Kaës, psychanalyste, professeur émérite de psychologie et de psychopathologie cliniques, Université Lumière, Lyon 2

« Si la psychanalyse occupait une place centrale dans [le] travail [de José Bleger], il pensait qu’il fallait la faire travailler de plusieurs manières différentes et dans des terrains différents, ne pas limiter la psychanalyse à sa pratique clinique ». C’est ainsi que son fils Leo décrit la position épistémologique de son père[1]. C’est aussi en quoi je me suis intéressé à son œuvre. Et c’est sur cette position que la plupart des contributeurs de cet ouvrage s’accordent.

Pourquoi chez J. Bleger cette position ouverte ? A côté des raisons qui tiennent à sa personne et qui ne sont pas au centre de cette exploration, je me centrerai plutôt sur la question qui traverse avec tant de passions contraires la pensée psychanalytique : en quoi est-il important pour la psychanalyse de « la faire travailler de plusieurs manières différentes et dans des terrains différents ». Et comment mener ce travail ?

Faut-il rappeler que Freud lui-même nous en donne l’impulsion et qu’il est suivi en cela par bon nombre des premiers psychanalystes, à commencer par K. Abraham, S. Ferenczi, O. Rank. Les spéculations de Totem et Tabou ont assurément plusieurs sources de détermination, mais il s’agit de mettre les découvertes que la psychanalyse a acquise par le moyen de son dispositif princeps à l’épreuve de sa validité dans d’autres champs de l’expérience humaine : origine de la société, de la violence, de la symbolisation et déjà, de ce que Freud nommera dans Malaise, le travail de culture et de création.

Freud soutiendra avec enthousiasme ces « applications » des acquis problématiques et conceptuel de la psychanalyse à des champs auxquels elle peut apporter un éclairage et, en même temps acquérir elle-même des connaissances nouvelles, construire des concepts, laisser venir des idées nouvelles sur la psychanalyse (par exemple l’idée des trois métiers impossibles apparaît dans la préface au livre d’O. Pfister).

Prenons justement l’exemple des rapports entre la psychanalyse et la pédagogie[2]. S. Ferenczi est probablement le premier parmi ses proches à avoir écrit sur cette question[3].  Freud salue à plusieurs reprises l’apport d’O. Pfister dans son livre (1909) pour lequel il écrit en 1913 une préface élogieuse, celui de H. Zulliger (1921, La psychanalyse à l’école) et celui d’A. Aichorn (1925, Jeunesse à l’abandon), auquel il apporte là encore une préface et un soutien dans l’institution qu’il crée[4].

Dans tous ces écrits, il s’agit d’applications de la psychanalyse à la pédagogie, considérée à la fois une pratique qui a ses conditions et ses règles, et une façon d’en comprendre les processus en référence au savoir de la psychanalyse.

Le problème de l’application de la psychanalyse et de la psychanalyse appliquée

Le problème vient de ce que la psychanalyse est à la fois une pratique, originellement et fondamentalement celle de la cure psychanalytique individuelle, et un ensemble de connaissances constituant un savoir issu de cette pratique et de la méthode (du dispositif) qu’elle met en œuvre. Dès lors une application de la psychanalyse pose la question ambiguë de la transposition du modèle pratique princeps de la cure à un autre champ de la pratique (pédagogie, psychologie, médecine, sociologie, littérature, mythologie, ethnologie, etc.). Une autre question, souvent confondue avec la première, est constituée par l’utilisation de certains éléments de la théorie psychanalytique pour rendre compte de certains aspects de la pratique[5].

Avant de revenir à  la position de J. Bleger et pour comprendre ce que signifie « ne pas limiter la psychanalyse à sa pratique clinique », il n’est pas inutile de préciser la différence entre psychanalyse appliquée et application de la psychanalyse.

Elle nous vient de Freud lui-même lorsqu’en 1925 il aborde frontalement le problème des rapports de la psychanalyse et de la médecine. Dans La question de l’analyse profane (1926), Freud affirme la vocation de la psychanalyse à s’appliquer à d’autres domaines que celui de la cure. Il écrit : « En tant que psychologie des profondeurs, théorie de l’Inconscient psychique, elle peut devenir indispensable à toutes les sciences qui s’occupent de la genèse de la civilisation humaine et de ses grandes institutions, tels l’art, la religion et l’ordre social. J’estime qu’elle a jusqu’à présent apporté à ces sciences une aide éminente dans la solution de leurs problèmes, mais ce ne sont que de petites contributions en regard de ce qu’il sera possible d’obtenir quand les historiens des civilisations, les psychologues des religions, les linguistes, etc., auront appris à manier eux-mêmes le nouvel instrument de recherche mis à leur disposition. L’utilisation de l’analyse pour la thérapeutique des névroses n’est qu’une de ses applications ; l’avenir montrera peut-être que ce n’est pas la plus importante. De toute façon, il serait déraisonnable de sacrifier toutes les autres applications à une seule uniquement parce que ce domaine d’application recoupe le champ des intérêts médicaux » (S. Freud, 1926, trad. fr. pp. 136-137).

Commentant ce texte, j’ai souligné qu’il ouvre dès cette époque sur une distinction capitale entre psychanalyse appliquée et application de la psychanalyse[6]. Une chose est l’application des connaissances psychanalytiques construites dans un champ de la pratique et de la recherche (ici la cure) à une autre pratique dont l’objet spécifique n’est pas celui du traitement psychanalytique ;  autre chose est la psychanalyse appliquée : la cure en est le paradigme, et les extensions de la pratique psychanalytique sont concevables, à la condition qu’elles relèvent du domaine de la psychanalyse comme traitement d’un sujet. Il en résulte un corpus de savoirs de et sur l’Inconscient[7] et sur ses effets de subjectivité, à condition que les divers dispositifs de la psychanalyse appliquée soient congruents avec les réquisits de base de la méthode de la psychanalyse.

Cette distinction a été reprise et réélaborée par J. Laplanche (1983, 1990), dans les termes d’une articulation entre psychanalyse dans les murs– celle dont la cure est le paradigme –, et psychanalyse hors les murs « exportée », « hors la cure ». Cette distinction n’a pas seulement le mérite de recadrer en la dépassant la question de la psychanalyse appliquée et des applications de la psychanalyse ; elle pose plus largement la question du rapport entre l’interne et l’externe dans le champ épistémique d’une discipline.

Reprenant ici une proposition de G. Canguilhem[8], je dirai que la psychanalyse appliquée n’a pas d’autre but que la psychanalyse qui s’applique à elle-même. Sans engager ici le débat sur la scientificité de la psychanalyse, nous noterons toutefois que le rapport de celle-ci à sa méthode et à son objet princeps s’est constitué corrélativement, dans une indissociable liaison de la cure comme pratique, comme recherche et comme construction théorique. Freud parle dans la « Postface »de La question de l’analyse profane (1927, trad. fr. p. 85) de cette conjonction, de cette « précieuse rencontre » qui a existé dès le début entre guérir et chercher, entre « science » et cure.

Notre propos est concerné par cette distinction : la cure « individuelle » est à la fois psychanalyse appliquée et modèle princeps et paradigmatique de toute extension de la psychanalyse appliquée, elle coexiste avec d’autres dispositifs de la psychanalyse.

« Faire travailler la psychanalyse de plusieurs manières différentes et dans des terrains différents, ne pas limiter la psychanalyse à sa pratique clinique »

La position épistémologique ouverte de Bleger participe à des degrés divers de l’application de la psychanalyse et de la psychanalyse appliquée, de psychanalyse dans les murs – celle dont la cure est le paradigme –, et de la psychanalyse hors les murs,  « exportée », « hors la cure ». Mais elle les dépasse. J. Bleger peut librement naviguer entre ces deux manières de faire travailler la psychanalyse, dans l’usage de la psychanalyse, proposer des terrains nouveaux, ne pas la limiter à sa pratique de la cure. Dans le chapitre qu’elle a écrit pour cet ouvrage, S. Amati Sas écrit que Bleger a apporté une contribution majeure à la psychanalyse en créant une manière nouvelle et originale de concevoir la dynamique psychique entre le monde interne et le monde externe. Dans le courant des recherches de Pichon-Rivière, il a pensé que  non seulement l’institution n’est pas extérieure à la problématique de la psychanalyse elle-même et qu’on ne peut séparer la pratique de la théorie ni celles-ci de sa forme instituée ou de son enseignement, mais que le « moi factique » dont l’identité est groupale ou institutionnelle, est « constitué ou maintenu par l’inclusion du sujet dans une institution ».

Leo Bleger apporte un éclairage sur les conditions sociales de possibilité de cette ouverture : « Les psychanalystes de la jeune société argentine constituaient un groupe très actif fortement investi aussi dans d’autres terrains que la pratique clinique et la formation de psychanalystes, comme les maladies psychosomatiques, la psychose, les groupes et le traitement des enfants. La santé mentale était presqu’entièrement asilaire, et la psychologie purement académique. Ils avaient certainement l’impression de disposer d’un outil puissant et d’un terrain ou rien ou presque n’avait été fait. Prédominait un esprit pionnier »[9].

Nous sommes dans un temps qui est aussi celui des origines où ce qui n’était pas encore canoniquement « psychanalytique » pouvait le devenir. On pouvait essayer, risquer un modèle, en parler aux collègues, le remanier ; inventer des dispositifs, trouver chez des philosophes (Politzer) ou des psychologues (Wallon) les concepts dont la valeur heuristique primaient sur l’orthodoxie du corpus analytique, les faire dériver et les « naturaliser » (S. Moscovici), le moment venu,  dans le champ de la psychanalyse où ils auraient à faire la preuve de leur consistance et de leurs effets de travail.

M.-C. Tschopp écrit dans sa contribution que « la migration, la libre-circulation des idées est vitale pour imaginer, penser, connaître, résister, créer […]. Le débat tissé entre des moments historiques, continents, réseaux, personnes qui, à l’exemple de José Bleger, ont vécu debout et inventé dans l’incertitude est une richesse ».

J. Bleger n’a pas conçu sui generis ces nouvelles manières de penser la psychanalyse là où il était nécessaire qu’elle fût à la fois dans ses murs et hors la cure. L’influence de E. Pichon-Rivière, de Racker, de D. Libermann, celle de Klein, de Bion et de quelques autres, l’a stimulé dans les reprises que sa propre créativité lui a inspirées. C’est dans cette position épistémologique fondée sur « une réforme de l’entendement »[10] que la pensée de Bleger a généré les idées du contexte, le modèle dépositaire-dépôt-déposant, la prise en considération de la partie psychotique de la personnalité, la problématique du cadre, l’institution conçue comme un espace de réalité psychique spécifique, dont le fonctionnement s’organise sur le modèle de la pathologie dont elle s’occupe.

Les trois concepts-clé : symbiose, ambiguïté, cadre, qui forment la matière de cet ouvrage ont été choisis parce qu’ils sont une entrée majeure dans l’œuvre de Bleger. Chacun d’entre eux est une réinvention de concepts qu’il fallait remettre en chantier. Surtout, ils sont transversaux aux différents espaces de réalité psychique que Bleger a explorés. J’ai été confronté dans mes propres recherches à cette transversalité lorsque j’ai tenté d’articuler l’espace du sujet singulier, celui du groupe et celui de l’institution. Le concept de cadre est exemplaire de cette extension d’un concept, d’abord inventé dans la clinique de la cure de patients psychotiques, puis transposé efficacement dans le travail psychanalytique en dispositif de groupe et dans le travail avec les institutions. Ce concept est lui-même générateur d’autres pensées, que la clinique exige d’élaborer, par exemple la problématique de l’articulation des cadres et des métacadres.

Le problème de l’extension de la psychanalyse

L’œuvre de J. Bleger pose un des problèmes les plus dynamiques du développement de la psychanalyse, celui de l’extension de son domaine de pratique et de ses constructions théoriques. Il n’est évidemment pas le seul psychanalyste à avoir exploré des espaces de la psychanalyse autres que celui de la cure. Bion par exemple. Bleger partage en outre avec lui cette mise en travail des concepts qu’il découvrent dans un champ de la pratique dans un autre champ de celle-ci ; ainsi pour les transferts de concepts entre ce qu’ils découvrent dans la cure et ce que leur apprend le groupe et l’institution, et réciproquement.

C’est là une grande nouveauté dans l’histoire de l’épistémologie de la psychanalyse. Dans les précédentes phases de son développement, les transformations se sont produites lorsqu’il apparaissait aux psychanalystes que l’évolution de la clinique pouvait l’imposer, mais elles le furent à l’intérieur du dispositif de la cure ; elles se sont traduites notamment par des modifications des règles fondamentales et par la nécessité de construire des concepts nouveaux.  

Ce fut le cas chez Freud lui-même, chez Ferenczi, chez Winnicott et chez quelques autres. Nous sommes ici devant la situation que G. Rosolato (1980) a théorisée comme celle de la psychanalyse transgressive. Il la définit ainsi :« Par psychanalyse transgressive j’entends plutôt les prises de conscience du psychanalyste qui, lorsqu’elles se produisent, entraîne une modification importante dans la manière de conduire le véhicule [de la cure psychanalytique] avec le sentiment de devoir opérer une révision par rapport au mode de fonctionnement antérieur » (op.cit., p. 55)[11]. Il souligne : « Une élaboration personnelle a lieu et pose le problème, pour [les psychanalystes]  eux-mêmes comme pour la communauté, d’une transgression » (Ibid.). Rosolato montre aussi les dérives de la psychanalyse transgressive, dont il pense, avec d’autres, qu’elle est inhérente à l’invention de la psychanalyse et à sa création permanente. Il pointe, parmi ces dérives, les techniques actives, les techniques de suppléance de compensation (notamment chez Ferenczi et Winnicott), les techniques libératrices (Ferenczi, Reich) : « La transgression, en définitive, à l’extrême, peut devenir la conjonction de trois tendances qui se renforcent entre elles : la mise à l’écart de la pensée et du langage, la prédominance de l’action, la participation édifiante à un idéal qui s’imposerait par la force » (op. cit., p. 82).

On ne peut toutefois pas parler de dérive lorsque des dispositifs hors la cure sont mis en place, comme c’est par exemple le cas chez Winnicott, Bion,  Bleger ou Anzieu, et que moyennant des ajustements appropriés, ils demeurent inspirées par les règles de base de la méthode psychanalytique.

Mais bien évidemment ces transgressions créatrices, qui demeurent dans le champ des objets théoriques de la psychanalyse, rendent indispensable de définir et de redéfinir la spécificité de la psychanalyse et de penser la psychanalyse sur ses frontières et dans ses extensions.

Ce travail ne va pas, dans la plupart des cas, sans susciter des résistances « épistémophobiques » et des rejets de la part de ce que Bion a nommé l’establishment. Rosolato les évoque fort bien en écrivant que « Des réactions inquisitoriales découlent […] de ces transgressions, des excommunications à propos de « conceptions » qui se sont voulues nouvelles et inventives. Face à ces transgressions se regroupent automatiquement les fidèles et les gardiens de l’institution, dans une position stérilisante que Bion a fort bien relevée. Ils tracent et protègent les frontières » (op. cit., p. 57). Ou bien les idées, les pratiques et les concepts nouveaux sont stérilisés en les rigidifiant, en les sacralisant et en les totémisant comme des emblèmes identificatoires. Ce fut un des destins des concepts de cadre et d’espace transitionnel. Ces résistances sont organisées par un interdit de penser les problèmes épistémologiques impliqués dans ces extensions. Elles mettent en œuvre des mécanismes de défense contre l’angoisse devant l’inconnu et contre les menaces portées à l’identité de la psychanalyse et des psychanalystes.

La question décisive apparaît alors : comment le savoir de et sur l’Inconscient est-il affecté lorsque changent les dispositifs de travail psychanalytique ? Comment le concept de l’Inconscient est-il transformé par la prise en considération de la diversité des formes de la réalité psychique ? Il nous faut penser les transformations qui, en conséquence, doivent être apportées à la théorie lorsque les conditions de traitement et d’intelligibilité des formations de l’Inconscient sont modifiées.

L’extension de la pratique psychanalytique, a fortiori lorsqu’elle porte sur des dispositifs pluripsychiques, comme les groupes et les institutions, et c’est le cas chez Bleger, appelle expressément la conception d’un autre modèle d’intelligibilité de la psychanalyse, cette réforme de l’entendement qu’il considérait comme impérative,  pour rendre compte de la pluralité des lieux, des dynamiques et des économies de la réalité psychique inconsciente émergeant dans de tels dispositifs, c’est-à-dire une autre métapsychologie[12].

L’œuvre novatrice de J. Bleger s’inscrit au vif d’une question qui traverse le mouvement de la pensée et de la praxis psychanalytique. Elle s’énonce dans cette proposition, fil rouge de sa pensée et de sa praxis : ne pas limiter la psychanalyse à sa pratique clinique, la faire travailler de plusieurs manières différentes et dans des terrains différents.

Une telle position interroge, souvent avec violence et passion, cette psychanalyse transgressive sans laquelle, et non sans risque, la psychanalyse se figerait dans ses formes canoniques. Elle pose d’une manière chaque fois nouvelle le problème de l’application de la psychanalyse et de la psychanalyse appliquée, de la psychanalyse « dans les murs » et de la psychanalyse hors les murs.

J. Bleger, comme tous les pionniers, ne s’est pas paralysé lui même par ces questions. Il a participé, dans un contexte social et politique spécifique, à une re-création de la psychanalyse,  convaincu avec quelques autres, de la nécessité d’inventer rigoureusement d’autres pratiques et un autre entendement. Il en a jeté les bases. 

Dans l’héritage de Bleger et de Pichon-Rivière, des psychanalystes, en Argentine et dans cette partie de l’Europe du sud avec laquelle des affinités culturelles se sont établies, construisent et remettent en débat les développements pratiques et théoriques de leurs apports. La question ne se limite pas seulement au seul débat dans la psychanalyse. C. Caloz Tschopp le porte plus loin en écrivant: « En quoi Bleger nous rendrait‐il plus libres pour résister, créer? Quels éléments nous nous apporte-t-il pour une philosophie du possible/impossible, une nouvelle anthropologie politique ? ».

C’est un de ces ponts que construit cet ouvrage, à l’instar de la position ouverte de José Bleger.

René Kaës, 30 Août 2016


Parmi les nombreuses publications :

Le Malêtre, Paris, Dunod, 2012.
L’Idéologie. L’idéal, l’idée, l’idole, Paris, Dunod, 2016.


* Cette préface a été publiée dans le livre suivant : AMATI SAS Silvia, CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, WAGNER Valeria, Trois concepts pour comprendre José Bleger. Symbiose, ambiguïté, cadre, Paris, éd. L’Harmattan, 2016, p. 270 p.


[1] Dans cet ouvrage, L. Bleger « José Bleger, une pensée en psychanalyse »

[2] J’ai beaucoup appris de l’article de J.-C. Filloux (1987), « Note de synthèse. Psychanalyse et pédagogie ou : d’une prise en compte de l’inconscient dans le champ pédagogique », Revue française de pédagogie, 81, pp. 69-102.

[3] S. Ferenczi (1908), « Psychanalyse et pédagogie », Œuvres complètes. Tome 1, pp. 51-56. Paris Payot.

[4] A. Aichhorn observe que les plus violents parmi les enfants et les adolescents qui vivent dans les structures d’accueil et les communautés éducatives qu’il a mises en place, se regroupent spontanément entre eux et exercent leur destructivité contre les autres et contre l’institution, comme des « fous furieux ». Mettant en travail les découvertes de Freud, il s’interroge sur les sources de leur violence : il la considère comme une expression de leur haine qu’il associe aux carences affectives, à la perte de l’objet d’amour et aux brutalités qu’ils ont subies dans l’enfance. Cf. A. Aichhorn, Jeunesse à l’abandon, 1973.

[5] Parmi d’autres questions, celle de savoir si cette application doit être pratiquée seulement par les psychanalystes praticiens ou par des personnes qui ont acquis une expérience personnelle de la psychanalyse par le moyen de la cure en pose une autre qui concerne la formation des psychanalystes.

[6] R. Kaës (2015) L’extension de la psychanalyse. Pour une métapsychologie de troisième type, Paris, Dunod.

[7][7] Cette distinction est celle que propose O. Mannoni (1980) Un commencement qui n’en finit pas, Paris, Seuil. Le savoir de l’Inconscient est fondé sur l’expérience de la cure psychanalytique, avant tout expérience de l’Inconscient et de ses effets de subjectivité dans un dispositif, au sens où un psychanalyste peut en garantir les avènements dans le champ transféro-contretransférentiel, les entendre et les interpréter. Le savoir sur l’Inconscient est le résultat de l’élaboration après-coup de cette expérience par la pensée conceptuelle et par la pensée critique.

[8] G. Canguilhem avait souligné que dans le domaine scientifique, la science appliquée n’a pas d’autre but que la science qui s’applique à elle, son but est théorique et non purement pratique, c’est encore une science (cf. G. Canguilhem, 1994).

[9] Loc. cit. dans cet ouvrage.

[10] Cf. dans cet ouvrage le chapitre d’A. Liberman « Une réforme de l’entendement : contextes et débats dans la pensée de J. Bleger ».

[11] Rosolato précise : « Historiquement la psychanalyse transgressive s’est toujours caractérisée par la conscience d’une inadéquation qui prend le plus souvent de forme, soit que le savoir reçu ne convient plus, soit une évolution « objective » fait que les données matérielles ne sont plus les mêmes que jadis …. On découvre ainsi les états limite et les organisations narcissiques, les états prêts psychotiques et l’importance des états passionnels » (op. cit., p.56)

[12] Celle que je propose est une métapsychologie « de troisième type ». Elle se distingue de ce que plusieurs psychanalystes ont proposé d’appeler une troisième topique. Il en existe plusieurs, mais toutes sont des topiques de l’appareil psychique « individuel » et de son espace intrapsychique. J’en ai développé une large esquisse dans L’Extension de la psychanalyse. Pour une métapsychologie de troisième type (op. cit.).