Axe 2 – Questions de méthode

IMAGINER, PRATIQUER L’INIMITIÉ
Une méthode active, critique, transversale

Marie-Claire Caloz-Tschopp

Introduction

Tout au long du parcours, il a fallu imaginer, apprendre à pratiquer l’observation, l’inimitié accentuée par le tournant de Schengen-Dublin-Frontex et la politique du droit d’asile en Suisse. Le mot d’Achille Mbembé dit mieux l’exigence du conflit que nous résistons  à affronter, à vivre. A pratiquer en apprenant à prendre acte que la qualification de l’inimitié, du conflit par Carl Schmitt en termes « d’amis-ennemis » est redoutable et qu’il nous faut nous déplacer et considérer des rapports d’aversaires, aller dans les pas de Kant, de son rêve de paix, et dépasser sa philosophie politique d’Etat en nous déplaçant. Il a fallu pour ce faire, inventer une méthode active, critique, transversale en bousculant les praxis, les concepts, les habitudes politiques et philosophiques. Il a fallu inventer des outils pour simplement dégager des positions interrogatives, pouvoir imaginer et penser ce que nous avions devant les yeux. Imaginer un puzzle et un processus d’embarras, d’apories, de d’énigmes en nous inspirant de Javier Cercas. Voici quelques outils : les hypothèses exploratoires, c’est-à-dire ouvertes, sans clôture logique, l’invention de schèmes, de concepts, d’idées-force pour imaginer. Qu’est-ce qu’on fait quand on (re)crée des concepts s’est demandé Deleuze, question de méthode. Choisir de prendre les femmes migrantes clandestines comme le « spectre » (Derrida) du prolétariat du XXIe siècle, nous indiquant un nouveau rapport entre passé, présent avenir. Tout un parcours de choix et d’invention de méthode !

I. Axes d’une méthode active, critique, transversale







6. Des questions, démarches, choix.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Apartheid de sexe, guerre, femmes migrantes clandestiness, 2011.

GUILLAUMIN Colette, Le « théorique » et le « politique » sont-ils distincts ? (extrait).

GUILLAUMIN Colette, Le concret et l’idéologique : deux faces d’une même médaille (1981, 1992).

GUILLAUMIN Colette, Vocabulaire et actes. Remarque introductive, 1987.

TABET Paola, La grande arnaque : échange, spoliation, censure de la sexualité des femmes.

MATHIEU Nicole-Claude, Banalité du mal et « Consentement ». Des non-droits humains des femmes (1998).

VOLLAIRE Christiane, recherche en philosophie, Paris, L’exil comme terrain philosophique.

FIALA Pierre, Sémantique politique: un engagement méthodique dans un champ nouveau.

ANDERS Gunther, À propos de catégorisation, de distinctions politiques, faire disparaître la conscience de classe.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Politique, Histoire. Vulnérabilité. Le spectre qui habite les pratiques (clinique, citoyenneté, recherche), U. de Lausanne, Faculté de médecine, 2012.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « Sur le champ de bataille de la migration : impasse de la guerre, conflit dans le passage du droit à l’au-delà du droit », Fichet B. et al., Transitions, Passage, Université de Strasbourg, 2011.

BALIBAR Etienne, « Une politique de la civilité est-elle possible ? », Transeuropéennes no. 18,  pp. 33-44.

RIGAUX François, enseignant et chercheur en droit et en philosophie du droit, L’histoire du droit corrigée par Carl Schmitt (texte de l’auteur).

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Que faire de Carl Schmitt ? La question à la question.

IVEKOVIC RADA, Rada Iveković, Politiques de la traduction – Exercices de partage. Préface d’Etienne Balibar. Terra-HN Editions / Collection Alter-ego, sept. 2019, 377 pages.



8. Des positions en recherche dans le travail.

GUILLAUMIN Colette, Combien c’est difficile… (citation)

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, A propos de l’usage d’un modèle dans la pratique juridique. Décrire, motiver, inviter à partir d’une position (1995).

MATHIEU Nicole Claude, « Quand céder n’est pas consentir »,  (extrait du Chap. V), L’anatomie politique. Catégorisations et idéologies du sexe, Paris, Côtés-Femmes, 1991, p. 224-225.

Exemple. Appel pour la défense des libertés publiques et contre la criminalisation des activités militantes, Lausanne, 2002.

BROSSAT ALAIN, « Le jugement politique en déshérence », Transeuropeénnes no. 18, pp. 131-133.

BENSAÏD  Daniel, « Dieu que la guerre éthique est jolie… », Transeuropéennes, no. 18, pp. 134-138.

TAFELMACHER Christophe, Durcissement du droit, dilemmes de l’avocat.

TAFELMACHER Christophe, Prendre du recul pour penser le monde et mieux agir.

SUSTAM Engin, « La mémoire d’un intellectuel exilé : dire la vérité face à la souveraineté nécropolitique et  être chercheur en exil », Caloz-Tschopp M.C., Wagner V., Brepohl M.  de Coulon G., Possenti I., Veloso T. (dir.), Vers le desexil. Démarches, questions, savoirs, Paris, éd. L’Harmattan, 89-113, 2019.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « Quand pour pouvoir travailler, il faut se rebeller », Lausanne, 14 juin 2016.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « Tableau III. Tenir une position intenable », in Les étrangers aux frontières de l’Europe et le spectre des camps, éd. La Dispute, Paris, 2004, pp.  97-113.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Exil, pouvoir, Résistance. Maurice Bavaud héros ordinaire dans l’histoire du XXe siècle. Une réflexion à partir d’Hannah Arendt et de Günther Anders, 13 mai 2011.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, disparaître ou exister dans une planète vivante. Contre le nihilisme, la radicalité du desexil de l’exil.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « Le pouvoir de compréhension » in Les sans-Etat dans la philosophie d’Hannah Arendt, Lausanne, Payot, 2000, p. 348-359.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « L’action publique en devenir. L’enjeu du double conflit « tragique » entre liberté et servitude dans le devoir de fidélité à l’Etat », in CALOZ-TSCHOPP M.-C., DASEN P., SPESCHA F.M., L’action « tragique » des travailleurs du service public, pp. 309-334, vol. III, Paris, L’Harmattan, 2004.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, ROSSINANTE, la jument de Don Quichotte, Programme en Action Humanitaire (PPAH), Université de Genève, 2004.

BALIBAR Etienne, « Violence, Politique, Civilité », enregistrement de la conférence introductive lors du colloque d’Istanbul (2015).

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Derrière le droit, le spectre de la justice (2004).

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « Révolutionner la révolution » (Etienne Balibar). Quand une démarche révolutionne la révolution et la pratique philosophique, septembre 2014.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « Devenir de la guerre et des luttes d’aujourd’hui » (extrait), Penser les métamorphoses de la politique, de la violence, de la guerre, pg. 57-217, Paris, L’Harmattan, 2013.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Apartheid en Europe : le défi de la citoyenneté/civilité dans un temps de guerre imprévisible, 2015 (texte colloque Nice).

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire (cafard). « Qu’est-ce que l’action dans une société d’apartheid et d’esclave ? » in, Soledad Perez, Olivia Strobel (eds), Education et travail : divorce ou entente cordiale, Paris, éd. L’Harmattan, 2001, pp. 237-251.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Le lit de Procuste de l’intégration, 2001.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, ARIC, A propos du pessimisme de l’intelligence et de l’optimisme de la volonté, 2001. En attente

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Violence d’Etat et droit d’asile en Europe (revue Respublica, 2001).

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, L’évidence de l’asile (extrait), Paris, éd. l’Harmattan, 2016.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, L’évidence de la migration, de l’asile et du droit d’asile (2017), (texte de conférence).

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Postface (livre de Teresa Veloso). « Politique de la mémoire. Les rudes chemins de la résistance, de la compréhension, de la responsabilité », 2018. 

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire (entretien réalisé par Pauline Brücker, Daniel Véron et Youri Lou Vertongen)« Vers un imaginaire démocratique radical» (2019).


9. (Re)lire d’anciens travaux, être à l’affût de nouvelles recherches.

Un choix présenté ici, non exhaustif, de divers travaux, (re)découverts, utilisés dans les divers enseignements, recherches, interventions, illustre des questionnements à partir de pratiques, langues, terrains, domaines hétérogènes. On y retrouve des références incontournables. Pour certaines, minoritaires et invisibles, elles méritent d’être reconnues, pour d’autres, elles ouvrent en 2020, de nouveaux horizons en déplaçant encore les lieux, les continents, les terrains, les espaces publics, les cadres théoriques, les positions. La liste constituée dans des rencontres, des moments de travail commun, est ouverte.

GUATTARI Félix, ROLNIK Suely, Micropolitica. Cartografias del deseo, Sao Paolo, Tinta Limon, 1986.

IVEKOVIC Rada, Pour une révolution épistémologique.

BOZARSLAN Hamit, « Quand la violence domine tout mais ne tranche rien. Réflexions sur la violence, la cruauté et la Cité ».

BOZARSLAN Hamit, Le luxe et la violence. Domination et contestation chez Ibn Kaldûn, Paris, éd. CNRS, 2014.

BOZARSLAN Hamit, Crise, Violence, Dé-civilisation, Paris, éd. CNRS, 2019.

MBEMBE Achille, Brutalisme, Paris, La Découverte, 2020.

BOULBINA Luste et Achille MBEMBE, « Penser par éclairs et par la foudre », Rue Descartes, Collège International de Philosophie (CIPh), no. 83, 2014/4, p. 97-116.

BALIBAR Etienne, « Une « frontière de la cruauté » (extrait), La crainte des masses, Paris, éd. Galilée, 1997, P. 413-414.

POSSENTI Ilaria, « L’exil comme perte du monde. Résistance, impuissance et responsabilité politique au bord européen du Canal de Sicile ».

SOYSÜREN Ibrahim, DEPORTED. L’expulsion des étrangers en France, en Suisse et en Turquie. Pour une sociologie comparative de l’expulsion des étrangers, Presses Universitaires Suisses,  éd. Alphil, 2018.

DE COULON Giada, L’illégalité régulière, éd. Antipodes, 2019.

SUSTAM Engin, Art et subalternité kurde. L’émergence d’un espace de production subjective et créative entre violence et résistance en Turquie, Paris, L’Harmattan, 2016.

« La ruse ultime du néolibéralisme, c’est la dépression militante. À force de défaites politiques, même à gauche, beaucoup finissent par se résigner : il n’y aurait pas d’alternative. Au contraire, Engin Sustam nous invite à penser ce qu’on n’avait pas vu venir : l’imprévu des insurrections. La révolte, de la Turquie à la France, du Rojava au  Chiapas, ou de Santiago à Hong-Kong, c’est, non pas la révolution qui renverse l’ordre des choses, mais une brèche : dans un monde désespérant, les nouvelles générations ouvrent aujourd’hui des espaces d’espoir ». Quatrième de couverture (trad. française, Eric Fassin sociologue, U. Paris 8)

GONÇALVES, M. & BREPOHL, M. Políticas de memória e experiências de (des)exílio. Curitiba: Editora da UFPR, 2019.

BREPOHL Marion, Dever de memória e colonialidade: a invisibilidade dos subalternos.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Questões à memória da insubmissão e da emancipação.

GONÇALVES, Marcos, Diáspora haitiana, trabalho e racialização: uma crítica à razão humanitária.

BREPOHL Marion, « Les pouvoirs insidieux des hommes ordinaires pendant la dictature militaire au Brésil (1964-1982) », Revue Droits et Cultures, 2009, no. 57, p. 217-224.

OLIVERA Andrea, Devenir Charrua dans l’Uruguay de l’après dictature. Entre mémoires fragmentées et « sens du collectif », Thèse de doctorat en anthropologie de l’Université de Lausanne, 2014.

DELGADO CULTELLI Martin, Violaciones a los derechos de los pueblos originarios en el Uruguay : una introspectiva.

GONZALEZ  Olga L., Les «femmes trans» avant les identités LGBT : «maricas», «ocas», ‘«jotos», «putos» dans la littérature latino-américaine.

GONZALEZ Olga L., Entrevista con Aída Quinatoa.La lucha de una indígena ecuatoriana, migrante en España, por el derecho a la vivienda y contra los abusos de la banca, Home, vol. 2, no. 4 (2019).


II. Deux situations qui réveillent l’histoire.

Les interrogations ont tenté de cerner les liens entre la Suisse, l’Europe, le Chili, la Turquie. Le Chili (2009-2012) et la Turquie (2014-2015) sont deux terrains de travail entre 2009 et 2015 dans le cadre du Programme du Collège international de philosophie. Il révèle certains processus qui ont lieu ailleurs et méritent une attention et une une analyse approfondie. On ne revient pas indemne du Chili et de la Turquie. Retour impossible. On revient exilé.e en Suisse, en Europe, sur la planète. En recherche de desexil. Dès lors que l’énigme redoutable a été identifiée, le défi est d’identifier la signification d’une philosophie, d’une politique décentrées décolonisées et désimpérialisées, d’en l’explorer et d’en approfondir les embarras, les apories, les énigmes. C’est le thème de cette partie, qui sera approfondi dans la partie sur les politiques de « disparition ».  Nous en avons retiré une énigme sur la « violence extrême » que nous avons été amenés à approfondir les politiques de disparition. Nous présentons une série de questions reprises de nos notes de recherche et des débats pour situer nos travaux.


Situation 1. Chili et cône sud d’Amérique latine.

Un exemple emblématique de la stratégie du « choc ». Situer l’énigme du Mont Pèlerin, l’illibéralisme, l’héritage du colonialisme dans des « dictatures » de « sécurité nationale » est un enjeu de déplacement épistémologique et politique. L’autre 11 septembre a eu lieu au Chili et en appelle à un renouvellement de l’interprétation de faits politiques concernant ce pays. Qu’est-ce que la « démolition » (Vignar) ? Quel est le statut des disparitions? Que nous apporte l’angle d’attaque des féministes matérialistes sur la « continuité de la violence » ?  Des notions revisitées et mises en lumière. Appropriation, sexage (Guillaumin), quand céder n’est pas consentir (Mathieu), continuum de la violence (Tabet) ; apartheid de sexe; rôle épistémologique des femmes migrantes clandestines dans les rapports de classe/sexe/race.

Caloz-Tschopp Marie-Claire, Veloso Bermedo Teresa : El otro 11 de septiembre. L’autre 11 septembre (Chili). Edito. Questions de recherche, de citoyenneté, de solidarité, Genève-Concepcion, 2013.

CALOZ-TSCHOPP M.C. (Suiza), VELOSO Teresa Bermedo (Chile), (dir.), Penser les métamorphoses de la politique, de la violence, de la guerre, L’Harmattan, 2013.

CALOZ-TSCHOPP M.C. (Suiza), VELOSO Teresa Bermedo (Chile), (dir.), TRES FEMINISTAS MATERIALISTAS, Colette Guillaumin, Nicole-Claude Mathieu, Paola Tabet, Chile, ed. Escarapate, vol. I y II, 2012.

VELOSO BERMEDO Teresa, Franchir le seuil de la douleur extrême, Paris, éd. L’Harmattan, 2018, 186 p.

Escadrons de la mort, l’école française, documentaire de Marie-Monique ROBIN

CASTILLO Carmen, filmographie

Chili : choix de textes parmi les publications sur les féministes matérialistes et autres textes d’Amérique latine

VELOSO Teresa, CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Connaître une révolution invisible en marche. Prologue des 2 volumes sur les féministes matérialistes.

VELOSO Teresa, Conocer une revolucion invisible en marcha. Prologo de los 2 volumenes sobre las feministas matérialistes.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Exil, apartheid de sexe, guerre vus depuis la condition des femmes migrantes clandestines.

VOLLAIRE Christiane, Qu’attendre du féminin pluriel ?

GUILLAUMIN Colette, Práctica del poder e idea de Naturaleza. La apropiacion de las mujeres (parte I) Questions Féministes, n° 2 y 3, febrero y mayo de 1978.

GUILLAUMIN, Colette. 1992. Sexe, Race et Pratique du pouvoir. L’idée de Nature. L’appropriation des femmes (partie I) Paris: Côté-femmes, p. 13-48 (traduit par  Marta Huertas).

TABET Paola, La grande arnaque : échange, spoliation, censure de la sexualité des femmes.

OUEDRAOGO Emile, TOLEDO VERA Giselle, La responsabilité de l’Etat face aux viols commis en temps de dictature ou de conflit armé : briser le continuum de la violence.

SIMON Jeanne, « De la post-dictadura hacia una democracia de ciudadanos: Recuperando la política en el Chile tecnocrático y mercantil », in Repenser l’Exil n°3, l’autre 11 septembre, revue en ligne, 2013.

SIMON Jeanne, Violence, Communauté et civilité: Réflexions sur la résistance Mapuche (Chili) et développement des politiques publiques, intervention orale lors du colloque international d’Istanbul, 2014.

SANTILLO Mario, Doctrina de seguridad nacional: un viejo modelo aplicado a una nueva realidad globalizada.

MARIMAN Pablo, historien, Chili, Reflexiones en torno al contexto de creación y construcción colectiva del texto: Historia, resistencia y colonialismo desde el país Mapuche.

VELOSO BERMEDO Teresa, desde Chile, Memoria – Transition – Refondation. L’autre 11 de septiembre (Chili). Le contexte du futur.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « Politique de la mémoire. Les rudes chemins de la résistance, de la compréhension, de la responsabilité », Postface, in Veloso Teresa, Franchir le seuil de la douleur extrême, Paris, L’Harmattan, 2018, pp. 155-186. (texte sur les politiques de « disparition » en Amérique latine).

BRAUN Julia de Dunayevich, PELENTO Maria Lucia, « Les vissicitudes de la pulsion de savoir dans certains deuils spéciaux (disparition), Puget J., Kaës R. et al. , Violence d’Etat et psychanalyse, Paris, Dunod, 1989, pp. 86-105.

PUGET Janine, psychanalyste Buenos Aires, Lo político y nuevas formas de subjetivación, 2016.

GAUTHIER Andrès, Emma Bosshia, Queridas amigas, queridos amigos, desde Bolivia, 28.11.2019.

ITEI, Bolivia : A 71 anos de la Declaration universal de los derechos humanos, 10.12.2019.

Uruguay: Guigou Nicola, anthropologue Montevideo, La izquierda se va a regenerar después de pasar una crisis, Voces n. 650, 2019.


Situation 2. Turquie[2]

Quand on ne s’en sort pas de la violence « extrême »… Que deviennent la politique et la philosophie ? Après le Chili, qu’avons-nous appris de la Turquie ? Violence, contre-violence et civilité (Balibar, Insel, Istanbul, 2014 ; Bozarslan,  Sustam). Le cas de la Turquie après notre déplacement au Chili, nous a amenés à devoir faire un pas de plus, à nous situer aux abords d’une des frontières de l’Europe dans la réflexion sur la violence, la politique et la philosophie en intégrant ce que recouvre chez Balibar le double concept de « violence et civilité » en allant sur place à Istanbul en 2014. Depuis 2012, les cartes se redistribuent dans la géopolitique, que devient alors le régime autoritaire qui articule rapports économiques, marché des réfugiés à l’Europe et déplacements en recherche d’hégémonie dans la région ? Les travaux d’Ahmet Insel sont un apport précieux à ce sujet.

Ulaş Özdemir, performance lors du colloqueViolence, politique, exil/des-exil dans le monde d’aujourd’hui à Istanbul, mai 2014.
POSSENTI Ilaria, Violence sociale et crise du sujet : flexibilité, précarisation, politique. Enregistrement réalisé lors ducolloqueViolence, politique, exil/des-exil dans le monde d’aujourd’hui à Istanbul, mai 2014.

Caloz-Tschopp Marie-Claire, CIPh et Ilaria Possenti, U. Vérone, Entretien avec Etienne Balibar et Ahmet Insel « Philosophie et politique : la Turquie, l’Europe en devenir », Rue Descartes 2015/2 (N° 85-86), p. 114-147.

Tables des matières et autres textes

Étienne Balibar, Ahmet İnsel, Pınar Selek, Marie-Claire Caloz-Tschopp (Derleyen), Şiddet, Siyaset ve Medenilik, Karabasanlar İçinde Türkiye, Istanbul, Iletisim, 2014.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Que peut nous apprendre la Turquie à propos de la violence, de la politique et de la civilité ?

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « Avant-propos », BALIBAR Etienne, CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, INSEL Ahmet, TOSEL André (éd.), Violence, civilité, révolution. Autour d’Etienne Balibar, Paris, La Dispute, 2013, p. 7-15.

CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « Révolutionner la révolution et la philosophie avec Etienne Balibar », Balibar Etienne, Caloz-Tschopp Marie-Claire, Insel Ahmet, Tosel André, Violence et Civilité. Autour d’Etienne Balibar, Paris, (chap. 3), La Dispute, 2015, p. 93-154.

INSEL Ahmet « Quand l’identité victimaire renforce la violence et menace la civilité », Balibar Etienne, Caloz-Tschopp Marie-Claire, Insel Ahmet, Tosel André, Violence et Civilité. Autour d’Etienne Balibar, Paris, (chap. 4), La Dispute, 2015, p. 159-178.

INSEL Ahmet, Autoritarisme et violence.

Balibar Etienne, Violence et Civilité, Contre-violence. Une thèse, in « Violence et Civilité », 2010, pp. 14-16.

ÖZDEMIR Seçkin Sertdemir, La temporalité et la civilité chez Balibar.

BOZARSLAN Hamit, Quand la violence domine tout mais ne tranche rien.

DIREK Zeynep, Une réponse féministe à Violence et Civilité d’Étienne Balibar.

KARDES Ertan, Une non-violence destructrice.

Gaye ÇANKAYA EKSEN, Problème d’expression de l’unité de la société politique: Balibar et Spinoza.

Textes du groupe de lecture en lien et à distance avec le colloque d’Istanbul et ses suites.

N.B. Choix de textes envoyés par les lectrices et lecteurs à distance lors du colloque d’Istanbul, qui sont publiés ici pour la première fois

VELOSO BERMEDO Teresa, Leer a Etienne Balibar después de vivir la extrema violencia.

BEDİRHANOĞLU Pınar, Istanbul, L’Endettement comme forme d’extrême violence.

MISAS ARENGO Gabriel, Régime d’accumulation, exclusion et violence (Colombie 1950-2010).

NIGRO Roberto, La guerre civile dans le filigrane du démoniaque.

LEVEQUE Jean-Claude, Changements politiques, révolte(s) et ou révolution(s). Un débat entre Balibar et Badiou autour de la violence révolutionnaire.

María Idalides González López, María-Andréa Pérez González, PEREZ BERRIO Andres, Exilio y Des-Exilio entre Suiza y Colombia, Texto Memorial, 2014.

SHOICHI Matsuba, (Kobe, Japon) “Contre-violence préventive” et droit de résistance: comment résister contre le monopole étatique de la violence?

TAFELMACHER Christophe, Transformation de l’Etat: violence étatique dans le droit d’asile et d’immigration suisse.

PEREZ Guillermo, ALMENA Victor, Cruauté, banalisation et politique. Balibar et Arendt à propos des rapports entre politique et violence.

SUSTAM Engin, La mémoire d’un intellectuel exilé : dire la vérité face à la souveraineté nécropolitique et être chercheur en exil.

LOUIS Camille, Habiter en poète ou en assassin.


12. Questions pour un débat (méthode, inimitié).

Tout en inventant une méthode, pour ouvrir la boite de Pandore sur une invention en Suisse (3 cercles, apartheid), l’expérience de deux situations au Chili, en Turquie, permet de formuler d’autres questions :

QEn quoi une méthode – active, critique, transversale – embarras, aporie, énigme – transforme-t-elle nos praxis, nos rapports à la politique, à la philosophie de l’ambiguïté en pratiques de l’inimitié ?

QEn quoi intégrer dans les outils de changement, le débat critique sur les Lumières et les mouvements d’émancipation, révolutionnaires, permettrait-il d’identifier une tradition européenne face aux transformations impérialistes, aux nouveaux impérialismes (travaux de Billeter) et aux nouveaux systèmes autoritaires ?

QEn quoi, à quelles conditions une prise en compte conjointe  de l’exigence de décentration, de décolonisation, de désimpérialisation, transforment-elles les praxis ?

QQuels sont les rapports entre l’histoire de la société du Mont Pellerin en Suisse et les stratégies du « chaos » en 1973 au Chili et ce qui se passe en Turquie ?

QQu’avons-nous appris de la situation chilienne aujourd’hui ? Quel type d’embarras révèle la quasi absence d’information dans la plupart des partis, des syndicats, du mouvement (hormis des cercles académiques spécialisés) sur la présence,  les théories, les actions de la société du Mont Pellerin traduites en stratégies économiques, politiques, militaires de choc anti-socialistes, anti-communistes, du marché libre (Suisse (1947), son choix expérimental du « laboratoire » du Chili (1973) ?

QQu’avons-nous appris de la Turquie, hier et aujourd’hui ? Quelles énigmes de l’autoritarisme, du génocide, des peuples en Turquie au seuil de l’Europe ? (Ahmet Insel)

QL’autoritarisme, le déni du génocide arménien, des peuples expulsés de la politique aux frontière de l’Europe, quelles conséquences pour la philosophie, la politique de l’Europe ?

QThèse « dictature », approche critique. Pourquoi ne peut-on pas se satisfaire de l’approche par le concept de « régime » cher à la Science politique ; parler alors de « dictature » au Chili ou dans le code sud d’Amérique latine, et aussi de « régime autoritaire » (Turquie), comme dans d’autres pays sur la planète d’ailleurs ? Qu’est-ce que le mot « dictature » parvient, en utilisant une catégorie de la tradition en science politique, en philosophie de la politique, à « cacher », à effacer comme énigme redoutable ? Qu’avons-nous à apprendre du Chili et de la Turquie aujourd’hui, à propos d’une « dictature » d’un « régime autoritaire » au-delà des assassinats[3], au-delà du fait qu’elle serait un « syndrome », la « dictature » étant un régime politique dans lequel vit un habitant sur trois sur la planète nous dit l’écrivain égyptien en exil Alaa El Aswani[4] qui dit « désirer la liberté comme la vie même » ? L’usage sans distance critique de la notion de « dictature », de « régime autoritaire » ne cache-t-il pas une des ambivalences face à la violence, une ambiguïté face à la démocratie, non tant comme régime, que comme projet, imaginaire dans les références archives des révolutions et de la pratique révolutionnaire ? La question implique un travail de mémoire en rapport étroit avec l’actualité.

La liste des questions est ouverte.


[2] Voir la revue en ligne Rue Descartes, no. 85, Paris et sa version en italien (Pise) : COMPLETER l’adresse de la revue italienne.

[3] DEPALLENS Jacques, Une dictature ça assassine énormément, Le Courrier, 11.9.2019. PDF

[4] El ASWANNY Alea, Le syndrôme de la dictature, Paris, Actes Sud, 2020.