Marie-Claire Caloz-Tschopp, dir. De Programme au Collège International de Philosophie, Paris-Genève
I. Introduction
Je vous remercie pour votre invitation à la journée de réflexion sur le thème de « l’essentialisation ». Vous avez entendu ce matin des exposés, concernant « la nature des femmes et leur exclusion du politique » par Lorena Parini, « le problème de la culturalisation des inégalités de genre dans le cas des Tsiganes », par Iulia Hasdeu qui ont amené des éléments importants pour le débat comme on ne l’a appris tout-à-l’heure. Je vous prie d’excuser mon absence ce matin…
Je vais tenter de vous partager ma réflexion sur le thème de la journée qui concerne l’essentialisation, je dirais plutôt quant à moi la naturalisation et son articulation avec les logique de pouvoir où se joue la différence, qu’il faut entendre en terme de défi de l’unité du genre humain, de la généralité des droits en constatant que le pouvoir n’est pas neutre, mais qu’il se caractérise en terme de domination, de hiérarchisation, de séparation (apartheid), d’expulsion (et non seulement d’exclusion). Et qu’il se joue aussi des logiques de différence, comme on va le voir.
Les frontières de la démocratie (Balibar) sont les lieux où on peut observer les logiques de pouvoir à l’œuvre dans des conflits ouverts, de haute (guerres) ou de basse intensité (Jules Falquet) (rapports de sexe, rapports de classe, rapports de race, rapports entre « nationaux » et non « nationaux » Sayad, etc.
La migration est un des lieux privilégiés d’observation de ces rapports de pouvoir, mais pas le seul. Si l’on en croit Rada Ivekovic, dans la globalisation, la condition humaine serait définie en terme de condition migrante et nous serions tous devenus des migrants exilés, mais de quoi serait fait cet exil? Voir son texte site.
Je dispose de 45 minutes et nous disposons ensuite de 15 minutes pour le débat. Je vais tenter de parler durant 25-30 minutes pour laisser du temps au débat.
Permettez-moi de préciser d’où je parle, pour que vous puissiez situer mon propos.
° En résumé, mon travail durant plus de 40 ans, après 5 années de séjour et de travail en Colombie, a été articulé entre un travail académique dans le domaine de la philosophie (tout d’abord épistémologie et logique puis philosophie politique sur le terrain de la migration et du droit d’asile en Europe) et un travail de citoyenneté en Suisse et en Europe. Ma thèse d’habilitation en philosophie a donné lieu à un ouvrage : Résister en politique, résister en philosophie avec Arendt, Castoriadis, Ivekovic », La Dispute, 2008.
° J’ai mené et dirigé un certain nombre de recherches sur la migration, le service public, la philosophie.
° J’ai beaucoup travaillé l’œuvre de Hannah Arendt (thèse sur les sans-Etat inspirée par les questions concernant l’évolution des politiques migraoitres et du droit d’asile depuis les années 1980 en Suisse et en Europe), de Castoriadis (la découverte de l’imagination), de Sayad (qu’est-ce qu’un immigré), de Colette Guillaumin (idéologie raciste, Sexe, Race et Pratique du pouvoir. L’idée de nature) que j’ai eu la chance de connaître durant ma formation à l’UNIL, D’Aristode, de Marx, de Spinoza. Dans ma trajectoire philosophique j’ai été marquée par la métaphysique de Leibniz, vous comprendrez bientôt pourquoi. Avec notamment l’expérience des Assises européennes sur le droit d’asile et la participation à Solidarité sans Frontières.
° Actuellement, entre 2010 et 2016, au Collège International de Philosophie, j’ai la responsabilité de la direction d’un Programme intitulé : EXIL, CREATION PHILOSOPHIQUE ET POLITIQUE. REPENSER L’EXIL DANS LA CITOYENNETE CONTEMPORAINE.Je remercie le CCSI pour son appui au Programme. Il nous est précieux !
En bref, dans un contexte d’une nouvelle « crise » imposée par l’étape actuelle de la globalisation, un des objectifs du Programme que je dirige est de retrouver ce qui dans les rapports de domination, d’exploitation, de surexploitation (pas seulement le rapport capital-travail, mais la logique du jetable inscrite dans une philosophie nihiliste de destruction est de l’ordre du général et de la survie de la condition humaine et de la nature (concerne tout le monde et pas seulement les migrants ou… les femmes). Nous sommes mis au défi de retrouver un cadre, un sens pour la vie et la généralité de la politique et des droits.
Depuis plusieurs années, en travaillant sur la migration, et dans d’autres luttes aussi, je suis habitée par un doute récurrent, qui quelque part est le même que lorsqu’on définit les femmes comme « différentes », pourquoi Blocher, Sarkozi, etc. labourent le terrain de la migration et en font leur terrain électoral et pourquoi nous nous laissons prendre au piège (en étant réactifs, en étant prisonnier de la même logique, finalement on est pris au piège)? Je dois dire que Colette Guillaumin, dans nos conversations n’a cessé de me mettre en garde sur ce point et que je relis souvent son texte, « Question de différence ». Nous pourrons en parler dans ce débat.
Ce programme « d’innovation philosophique » sur l’exil (Serions-nous toutes et tous des exilés ? » comporte un travail de séminaires, de colloques, de publication, avec un accent particulier sur la solidarité internationale (Chili, Turquie). Nous sommes en train de préparer deux publications : 1) récit de répression, d’exil par des femmes chiliennes 2) édition de féministes matérialistes (en espagnol et en français). Je vous parlerai en fin de mon exposé de ces projets. L’année 2012 est marquée par l’objectif d’intégrer dans le Programme sur l’exil, les rapports sociaux de sexe. Vous pouvez consulter le site et la revue en ligne.
Difficile de partager un travail de beaucoup d’années…
J’ai intitulé mon exposé d’aujourd’hui : « Femmes, exil et migration. A propos de l’apartheid de sexe ». Ce qui me permet d’articuler mon travail actuel dans le Programme du CIPh avec la réflexion que je me propose de vous partager.
Je vous ai envoyé 4 textes de référence pour cette journée :
° J.M. Dolovo, Ch. Tafelmacher, Sans-Papiers et demandeurs d’asile : faire reconnaître le droit d’être là.
C’est un article juridique qui parcourt l’histoire des lois en Suisse et aussi des luttes, des mobilisations autour des Sans-Papiers et ses enjeux. Un travail critique sur les catégories à la base du droit des étrangers montre son enfermement dans les catégories étatiques et du national qui vide le droit d’asile et les droits fondamentaux et même l’Etat de droit, de leur sens. Il apporte des éléments pour refonder les droits et le « droit d’être là (unité du genre humain, hospitalité, solidarité).
° MCCT, Philosophie, Migration, Démocratie et Droits de l’homme
La philosophie politique part du point focal commun entre les migrations et la pensée : le mouvement. En
pensant ensemble, Philosophie, Migration, Démocratie et Droits de l’Homme, l’article vise la
construction d’une philosophie politique du mouvement participant à la création d’un nouveau
paradigme. La réflexion se déroule en trois étapes : I. La relecture critique du mythe d’Ulysse pour
aborder des questions de recherche pour un nouveau paradigme des politiques migratoires, du droit
d’asile et de la citoyenneté transnationale ; II. Trois caractéristiques de la mondialisation, l’histoire, le
travail et les politiques d’apartheid sécuritaires III. Des éléments-clés pour construire les Droits de
l’homme dans une « démocratie du passage ». En synthèse, trois problèmes de philosophie politique du
droit sont signalés en lien avec l’intégration effective des Droits de l’homme dans les droits des migrants
Ces deux articles ont été fait partie de la publication d’une recherche du RUIG, intitulée Mondialisation, migration et droits de l’homme : un nouveau paradigme pour la recherche et la citoyenneté (titre du volume 1), avec Pierre Dasen et Vincent Chetail, en 2007. En clair, est-il possible de penser la migration autrement qu’en terme utilitariste et sécuritaire ? Est-il possible de repenser la condition humaine caractérisée par le mouvement ?
° MCCT, Graziella de Coulon (SOSF), Christophe Tafelmacher (Juristes démocrates) : Une philosophie générale d’ouverture à un seul monde (One World). Démocratiser la démocratie. Commun, migration, égalité, déc. 2011.
Clarification d’une méthode, de concepts + 40 mesures
« Pas de tabou » dans la politique migratoire ?
° MCCT, Apartheid de sexe, guerre, femmes migrants clandestines. Rapports sociaux de sexe, exil, et théorie politique.
Ce texte a été écrit pour un colloque à Bruxelles de l’Université de Femmes et du COLFEN en 2006, intitulé : Vivre en clandestinité. La clandestinité était conçue à la fois en terme de rapport de domination et de résistance créatrice. Il m’a donné l’occasion de pouvoir faire quelque chose que je désirai faire depuis longtemps, à savoir intégrer dans mon travail sur la guerre, sur la migration, les rapports sociaux de sexe. J’y reviens tout-à-l’heure.
II. Qu’est-ce que l’essentialisation?
J’en arrive au thème de la journée. Mon point de vue est celui de la tradition philosophique et de la théorie politique.
Dans l’invitation il est écrit à propos de l’essentialisation et de ses dangers[2]:
« quand un rôle, une attitude, un comportement est systématiquement attribué à une personne en raison de son « essence », à savoir de caractéristiques telles que l’origine nationale, ethnique, ou le sexe ».
La race n’apparaît pas dans la liste des caractéristiques…
La théorie, la pensée, l’idéologie, la philosophie n’apparaissent dans la définition et la liste des critères de discrimination.
Le danger central non seulement de l’essentialisation mais de la naturalisation est « la mise à part » de quiconque (CG, I, p. 74) qui est pris dans un rapport de pouvoir naturalisant, raciste (au sens moderne) et qui conduit non seulement au mépris, à la surexploitation mais au meurtre individuel et collectif.
Avant d’aborder le thème proposé, voici quelques remarques rapides sur le thème général lui-même.
Distinction entre essentialisation et naturalisation : une rupture historique
Permettez-moi d’emblée de faire une distinction entre essentialisation et naturalisation, ce qui nous permet de situer le racisme moderne, de situer l’évolution historique et des fractures, des ruptures économico-politique et dans l’idéologie qui ont permis l’émergence de l’impérialisme, du nazisme, et de l’apartheid en Afrique du sud et leur articulation à la globalisation actuelle dans laquelle nous nous trouvons tous et pas seulement les migrants. Le nazisme et l’apartheid ont été les 2 régimes politiques qui se sont revendiqués officiellement du racisme. Aujourd’hui, nous ne pouvons ignorer l’articulation entre l’histoire et le présent, les traces de l’invention totalitaire qui obligent à une refondation politique et philosophique.
° (1) Ensuite j’aimerais souligner que dans la formulation du problème, la question théorique est double. Elle concerne une philosophie, une vision du monde insérés dans des pratiques et un rapport de pouvoir qui au nom d’une théorie hiérarchise, classe, exclue, etc….
° (2) La question de la différence, c’est-à-dire la question de la nature du rapport de pouvoir de domination et du rapport qui s’installe à lui par l’ambiguïté, par la recherche du consentement, par la manipulation et comment ne pas consentir à un tel rapport, comment lui résister ? J’en dis deux mots en parlant de l’apartheid.
Eneux de l’essentialisation, la question est importante. Je parlerai d’ENJEUX. Pour moi les enjeux, qui ne sont pas que des enjeux migratoires, mais des enjeux sociétaux d’ordre général dans une période de « crise », de révolution et de contre-révolution. Les enjeux à la fois pour la citoyenneté et le travail de recherche tournent autour de ces deux questions où s’articulent à la fois le travail de citoyenneté et le travail théorique.
De quoi est-il question ? Pour situer les composantes et les enjeux de la question (1), partons de la question générale : serions-nous « différent-e par nature » ? En clair, existe-t-il un genre humain auquel appartient tout individu humain ? Ou alors existe-t-il des humains et des sous-humains ? La qualité d’humain appartient à chaque humain du fait qu’il est humain, ou alors il existe des catégories, des hiérarchies entre des classes d’humains, des moins humains, de sous-humains ?
Pas seulement à cause du passeport, à cause des inégalités, mais pour une raison plus profonde, plus enfouie et qui constitue les rapports sociaux depuis la modernité capitaliste.
Dans les rapports sociaux, nous inscrivons-nous dans une logique d’unité du genre humain et de la généralité de la politique et des droits ou dans une logique de différence, qui est souvent une logique de minoritaires ? La multitude des parois de verre de l’apartheid dans nos vies quotidiennes, qui rendent les migrants invisibles nous alertent. Elles nous montrent que la question n’est pas évidente et qu’il n’est pas facile de sortir de l’apartheid.
Lors de la Conquista, la question de la différence de nature aurait été formulée en ces termes : serions-nous tous différents par essence ? Les conquistadores et leurs théoriciens (Bartolomé de la Casas) n’avaient pas le référent de la nature, mais un autre référent qui se traduisait par une autre question : les Indiens ont-ils une âme ? Ont-ils la même essence que nous qui la tenons d’un seul Dieu. Sous-entendu font-ils partie de la chrétienté du Dieu monothéiste comme nous ?
Depuis la modernité, avec la caducité de la religion chrétienne occidentale, la question s’est transformée, avec l’émergence de l’individualité reconnue de chaque humain depuis les révolutions libérales (rapport individu-Etat). Habeas corpus (montrez le corps, Mères de la Plaza de mayo). Acquis extraordinaire mis en cause par ce que Colette Guillaumin a appelé une « mutation idéologique » et avec la naissance de la race, de l’idéologie raciste à la fin du XVIIIE et surtout à la fin du XIXe siècle et ses mécanismes (minimisation, justification, fascination de l’hétérogénéité, inscription de la différence, etc.)
° Dans l’histoire humaine occidentale dominante, la question de l’essence a laissé place à celle de la nature. Dans la modernité la question de la nature a pris le relais de l’essence dans l’histoire de la philosophie et de la politique. Ce sont deux métaphysiques qui se rejoignent sur certains points et se distancient sur le mécanisme, les opérations d’exclusion.
En bref, les philosophies essentialistes (pensons au droit naturel) sont inspirées de visions religieuses du réel, chaque essence renvoyant à une essence parfaite qui est Dieu. On comprend l’inquisition, les sorcières, les indiens, l’antisémitisme religieux…
Les philosophies naturalistes sont inspirées de visions dites scientifiques – biologie – du réel, la naturalisation étant une opération qui, dans la vision du monde devenant dominante avec les sciences, distingue entre ce qui est de l’ordre de la nature et ce qui est de l’ordre de l’humain.
Ex. SE, antisémitisme politique, et racisation, renvoyer à l’ordre de la nature. Il faudrait voir de plus près ce qui se passe avec l’expulsion radicale des rooms de la communauté politique européenne et de nos Etats.
Derrière cela, ce qui est commun est la question du choix théorico-pratique entre une philosophie essentialiste, naturaliste ou une philosophie de l’action et de la relation (de la liberté et de la pluralité dirait Arendt).
Le passage s’est fait durant des siècles…. On trouve des figures diverses d’une telle dialectique qui vont de Spinoza à Leibniz, à Marx, etc..
Monades de Leibniz… la philosophie de l’hospitalité de Kant, philosophie de la paix…
Une rupture a eu lieu juste au moment de l’émergence de ce qui a été appelé la modernité, des révolutions libérales, la révolution française à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. Les courants anti-Lumières sont divers (ils vont du refus du progrès au conservatisme d’extrême-droite. Elle n’a pas été un retour à des philosophies et à des pratiques simplement essentialisantes, mais à des philosophies et à des pratiques de naturalisation racisantes. Qui se sont traduites dans la politiques par des régimes politiques précis (nazisme, Afrique du sud).
Si la question de la liberté est devenue importante, la question de l’égalité et de la démocratie partage souvent les eaux… (Jacques Rancière).
De plus, quand l’inégalité devient légitimée par une différence de nature, une étape de non retour a été franchie.
« Il semble que sur une période de cent cinquante ans l’Europe ait vécu un approfondissement de la sa panique en face de groupes et peuples différents. D’abord fascinée par l’étrangeté des autres, elle la transforme peu à peu en hétérogénéité et se retrouve enfin dans la crainte. Et puis au cours du XXe siècle vient l’explosion de la violence (…). C’est le « passage à l’acte », sa systématique, actualisation d’une idéologie vieille de plus d’un siècle, qui est le visage spécifique du racisme contemporain en Europe.
Paradoxalement, ce long processus se déroule apparemment loin des faits concrets du rapport à l’autre. Elitisme et racisme naissent « loin » de la colonisation et des pogroms, mais cette distance s’atténue au long des années et ces doctrines épousent parfaitement les faits dès la fin du XIXe siècle : la confusion de l’histoire et du biologique, élevée au statut de théorie par Gobineau a alors fait fortune. Si dans le domaine scientifique son impact très important au départ, a diminué pour presque disparaître actuellement, il s’est développé dans les faits concrets et le déroulement des la vie des sociétés, au point de devenir le fondement des doctrines politiques qui ont marqué la première moitié du XXe siècle européen et d’exploser avec la montée du nazisme », (CG, IR, 67)
° pas de différence De nature entre pensée scientifique et sens commun !!!!
Gobineau a réussi à mettre à jour la croyance « qu’il y avait une différence de nature entre les groupes humains et qu’il y avait une identité parfaite entre potentiel somatique et potentiel culturel » 68
Racisme gobinien (élégant, non activiste) et racisme hitlérien (anormal et appliqué) ont la même vision du monde qui ne se limite de loin pas à un « hiérarchie des races » (72)
C’est l’existence d’un système étendu et cohérent corroboré par la violence (cohérence entre l’idéologie et la pratique).
« Le racisme nous force à remonter au-delà du meurtre et de la ségrégation pour tenter de retrouver les racines axiologiques qui sous-tendent toute « mise à part ». Mise à part qui est le début de la chaine logique qui, à son terme, aboutit au meurtre ». 74
Il ne suffit pas d’en rester à l’intentionnalité.
En d’autres termes, de quoi s’agit-il ?
C’est finalement un « système de valeur global plus étendu que la focalisation « raciste », croyance en une hiérarchie fondée dans l’absolue et la disproportion de pouvoir entre les groupes… les fondements axiologiques et concrets sont réunis en situation raciste », 79.
ENJEU de la rupture qui a été à la base de l’invention totalitaire : est celle du racisme moderne. Arendt, Human superfluity dans les camps, le droit d’avoir des droits, liberté et pluralité.
Enjeu actuel : traces et hypothèse du « total-libéralisme ».
III. Femmes, exil et migration. A propos de l’apartheid de sexe .
Enjeux philosophiques
Le chemin a été ouvert par M. Le Doeuff Le Sexe du savoir, Aubier, 378 pp., 130 F et pour moi par trois féministes matérialistes, à savoir principalement C. G. et aussi N.C. Mathieu, et Paola Tabet.
Je ne vais pas parler ici de sexisme ordinaire, très présent dans la philo, comme l’a amplement montré Michelle Le Doeuff.
Je ne vais pas ici vous faire un résumé de mon article, mais je vais tenter de vous partager un essai de travail de pensée pour intégrer des travaux sur la migration et sur les rapports sociaux de sexe.
Ou comment, en faisant de la philosophie, sur ce terrain-là en essayant de prendre une distance critique vis-à-vis d l’essentialisation, de la naturalisation, en travaillant sur le terrain de la migration et des rapports de pouvoir qui s’y trouvent, en poursuivant une recherche depuis plusieurs années sur la violence et la guerre, j’en suis arrivée à mettre ensemble « femmes, exil et migration. A propos de l’apartheid de sexe ».
Ma tentative d’échapper a l’essentialisation, l’utilitarisme migratoire qui en est une des facettes pratique, à la naturalisation nihiliste, a tourné autour de la recherche d’une philosophie du mouvement, qui soit basée sur la relation (liberté et égalité).
Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Pourquoi y-a-t-il quelqu’un plutôt que personne sur la terre, Arendt.
En clair, dans les rapports sociaux, il y a toujours un QUI. Tout part de là ! Tout part des conditions matérielles d’existence de ce QUI.
Et ce quelqu’un sur le terrain de la migration, en majorité ce sont des femmes, nous disent les statistiques. Ce qui est le plus souvent dénié.
La prise en compte de la vieille question platonicienne de la justice amène fatalement à tenter de s’intéresser à la question de ce qui est de l’ordre du plus général dans la politique et la philosophie : le devenir, le mouvement et non l’essence figée, en terme de rapports sociaux, où l’autre et soi-même sommes prisonniers, figés et où le mouvement de tisser des liens n’est pas possible.
Il suffit de penser combien les politiques migratoires d’accueil, d’intégration et du droit d’asile séparent les « nationaux » des étrangers dans tous les gestes du quotidien et combien tisser des liens est une lutte continue de résistance à la fixation, à la séparation des rapports.
Quant à la condition de l’exil, j’en ai dit quelques mots tout-à-l’heure.
IV. Apartheid et migration et total-libéralisme
Qui est concerné ? Je dirais tout le monde, mais les femmes migrants cristallisent, rendent visible les rapports sociaux dans leur ensemble pour autant qu’on l’analyse.
La migration est une « expérience subjective, subversive et créatrice »[3]. Aux prises avec la violence d’Etat et avec les transformations de la guerre, c’est une expérience politique qui est le miroir lui renvoyant son image sans fard.
Point de méthode quant à un double enjeu.
L’enjeu central (1) est de se réapproprier la puissance théorique sur la praxis, les rapports sociaux, de prendre une distance critique par rapport à l’idéologie dominante d’essentialisation et de naturalisation pour légitimer l’exploitation, la domination, le meurtre.
L’autre enjeu (2) est d’articuler histoire et présent, explorer l’hypothèse de ce que j’appelle le « total-libéralisme » (et non le néo-libéralisme) et qui contient la « guerre totale » de basse ou de haute intensité selon les moments, les lieux, etc.
Pour pouvoir penser, il s’agit de mettre en cause l’apartheid dans la pratique théorique elle-même. En clair, il s’agit de tisser des liens entre champs, domaines, disciplines, luttes, concepts en ne cédant pas à une logique de différence et de territoires, d’annulation de l’histoire. L’opération n’est donc pas un simple transfert ou placage de concept.
Ma réflexion est un essai réflexif de distanciation critique vis-à-vis de verrouillages des catégories de la vie politique pour poser un cadre général à des questions qui, dès lors qu’on se met à penser à la situation des femmes migrantes clandestines, s’inscrivent à la fois dans l’histoire, l’espace planétaire et la globalisation[4].
Huit régimes politiques, Platon, Aristote : oligarchie, tyrannie, dictature, démocratie, etc…
Ce qui définit le « Vivre ensemble ». Ici on qualifie aussi le régime à partir de l’apartheid à d’autres formes de domination.
Soulignons l’importance du travail de Laurent Monnier sur ce concept et, de Pierre Fiala et de Marianne Ebel sur la xénophobie.
Marquage, traces de l’invention totalitaire dans la politique.
Mon propos était de vous suggérer que l’apartheid, dans le contexte sud-africain, n’est peut-être pas seulement ce qu’on pense généralement ici, c’est-à-dire une institution anachronique héritée de la colonisation.
Analyse de la loi sur l’immigration de 1931, notion d’Ueberfremdung, pol. D’immigration sélective.
« Nous avons pris une position nette, dès le début de l’existence de la police des étrangers. Les Juifs ainsi que les autres étrangers sont considérés comme un danger quant à la surpopulation étrangère. Par des mesures systématiques et circonspectes, nous avons réussi à éviter un enjuivement de la Suisse. » (M. Vuilleumier, 1987, p. 64).
« La ‘dénationalisation’ devint une arme puissante entre les mains de la politique totalitaire et ‘incapacité constitutionnelle des Etats-nations européens à garantir des droits humains à ceux qui avaient perdu les droits garantis par leur nationalité permit aux gouvernements persécuteurs d’imposer leur modèle de valeurs même à leurs adversaires. Ceux que le persécuteur avait distingués comme la lie de la terre – les Juifs, les trotskistes, etc. – étaient effectivement partout accueillis comme tels ; ceux que la persécution avait nommés indésirables devinrent les indésirables de l’Europe. Le journal officiel des SS, le Schwarze Korps, établit explicitement, en 1938, que si le monde n’était pas encore convaincu que les Juifs étaient la lie de la terre, il allait bientôt l’être, quand des mendiants impossibles à identifier, sans nationalité, sans argent et sans passeport, passeraient leurs frontières. Et il est exact que cette propagande basée sur des faits était plus efficace que la rhétorique d’un Goebbels, non seulement parce qu’elle instaurait les Juifs comme lie de la terre, mais aussi parce que l’incroyable condition d’un groupe toujours plus nombreux d’innocents était comme la démonstration pratique du bien-fondé des affirmations des mouvement totalitaires selon lesquelles cette histoire des droits inaliénables de l’homme était pure fantaisie, et que les prestations des démocrates n’étaient qu’alibi, hypocrisie et lâcheté face à la cruelle majesté d’un monde nouveau. Les mots mêmes de ‘droits de l’homme’ devinrent aux yeux de tous les intéressés – victimes, persécuteurs et observateurs aussi bien – le signe manifeste d’un idéalisme sans espoir ou d’une hypocrisie hasardeuse et débile. » (Hannah Arendt, 1984, pp. 242-43).
« Une conception de la loi qui identifie le droit à ce qui est bon pour quelque chose – pour l’individu, la famille, le peuple ou le plus grand nombre – devient inévitable dès lors que les valeurs absolues et transcendantes de la religion ou de la loi de la nature ont perdu leur autorité. Or le problème n’est pas pour autant résolu si l’unité à laquelle s’applique le « bon pour » est aussi vaste que le genre humain lui-même. Car il est tout à fait concevable, et même du domaine des possibilités pratiques de la politique, qu’un beau jour une humanité hautement organisée et mécanisée en arrive à conclure le plus démocratiquement du monde – c’est-à-dire à la majorité – que l’humanité en tant que tout aurait avantage à liquider certaines de ses parties » (Hannah Arendt, 1984, p. 286).
Ecoutons ce que nous dit Michael K., le héros d’un autre roman de Coetzee : « Les simples d’esprit ont été les premiers à se faire enfermer. Maintenant , ils ont des camps pour les enfants dont les parents sont partis, des camps pour les agités qui ont l’écume aux lèvres, des camps pour les gens qui ont de grosses têtes et pour ceux qui ont de petites têtes, des camps pour les gens sans moyens de subsistance apparents, des camps pour les gens qu’ils trouvent installés dans les déversoirs d’orage, des camps pour les filles des rues, des camps pour les gens qui ne savent pas combien font deux et deux, des camps pour les gens qui ont oublié leurs papiers à la maison, des camps pour les gens qui vivent dans les montagnes et font sauter les ponts la nuit. Peut-être, en vérité, est-ce suffisant d’avoir échappé aux caps, de n’être dans aucun de tous ces camps. Peut-être cela représente-t-il, pour le moment une réussite suffisante. Combien de gens reste-t-il qui ne soient ni enfermés, ni chargés de surveiller la porte ? j’ai échappé aux camps ; si je fais attention à ne pas trop me montrer, peut-être que j’échapperai aussi à la charité ». (J :J : Coetzee, Terre de crépuscule, 1985, p. 215).
V. Apartheid, apartheid de sexe, guerre, tissages et logique de DifférenceS
« Les sexes comme produit social de rapports sociaux ne semblent guère jusqu’à présent être un objet d’interrogation… ».
N.-C. Mathieu (1973)[5].
Apartheid et classe : capitalisme industriel, rapports de classe, rapport Capital-Travail
Apartheid et nation : XIXe et XXe siècle (passeports)
Apartheid et race : fin XVIIIe, fin XIXe et XXe siècle, naturalisation des rapports sociaux et leur traduction dans deux régimes politiques, nazisme et apartheid Afrique du sud.
Apartheid de sexe, quand, où, comment ?
Pistes théoriques : comment introduire l’apartheid de sexe dans le tissage entre des réalités et des concepts ?
Très brièvement, L’arraisonnement des femmes[6], le sexage c’est-à-dire, « l’appropriation de la classe des femmes par la classe des hommes » (Guillaumin[7]) à la base de la majorité des sociétés humaines d’une part et le fossé grandissant des inégalités, la violence de la guerre, (haine, meurtres de masse, génocides) d’autre part ne sont pas un fait de nature mais un fait de pouvoir dans les rapports de migration comme dans tout rapport forcément inscrit dans l’histoire et l’espace terrestre.
Pour tenter de saisir la portée du concept, le tissage entre des concepts de féministes matérialistes et de concepts de science politique peut apporter des éléments pour la réflexion.
Dans le sens commun, le terme d’apartheid met l’accent sur la séparation (juridique, spatiale) entre classes sociales, groupes humains. Dans l’usage habituel du concept d’apartheid, c’est bien d’une séparation politique dans les rapports de pouvoir qu’il s’agit entre les « nationaux » et les « non nationaux » dans les politiques migratoires.
S’y ajoute la qualification de la domination entre les hommes et les femmes, celle du sexage. En d’autres termes il existe un lien entre la violence de la globalisation, la migration, et la situation des femmes migrantes clandestines en particulier.
Dans le rapport ainsi qualifié, le lien est de l’ordre de l’exploitation, de la surexploitation, d’un état de « corps d’exception » inventé durant la colonisation[8], l’impérialisme, la xénophobie, le racisme. On peut aussi l’interpréter, l’analyser à partir du régime politique d’apartheid dont nous parle L. Monnier.
Je propose de parler de régime politique d’apartheid de sexe[9]. Un tel choix conceptuel permet de dépasser la situation du pouvoir patriarcal (père) où le nationalisme se combine avec l’épuration dite ethnique pour construire une analyse conceptuelle et concrète plus large (historiquement et au niveau planétaire) permettant de prendre en compte la multiplicité des situations sexistes, xénophobes et racistes.
Le régime d’AS qui vise à décrire les rapports sociaux de la division des sexes (ici dans l’immigration clandestine) prend en compte des catégories et des pratiques sexistes dans un contexte général d’apartheid et de violence guerrière. L’apartheid de sexe permet de voir, de décrire un conflit à la fois majeur et spécifique de la mésentente dont parle J. Rancière[10].
Ce que je ne puis qu’évoquer ici de manière très superficielle est à la fois un approfondissement et un déplacement du regard, une grille théorique d’analyse de base de la situation des femmes migrantes clandestines articulée à des situations d’oppression et de violence et à des actions de résistance, à une construction de l’autonomie de la pensée et de la conscience.
En clair, deux grandes pistes de travail théoriques se dégagent :
° Dans les analyses, Ce qui compte pour la réflexion théorique, c’est de penser l’arraisonnement, le sexage, l’exploitation, la naturalisation, des femmes en général et des femmes clandestines migrantes en particulier à la fois dans leur face matérielle et mentale dans le contexte de l’étape actuelle de la globalisation et de la guerre.
° Il s’agit en effet de considérer la violence sous sa forme guerrière actuelle, d’une guerre incluant une violence extrême qui transforme profondément la politique et la vie en société.
Il est évident que les femmes migrantes clandestines ne sont pas superflues (au sens d’Arendt), mais sur-sur-exploitées avec parfois un danger de se trouver dans la zone du jetable. En quoi, un régime politique d’apartheid de sexe est-il constitué, transformé par l’évolution de la violence du « total-libéralisme » et de la guerre ? En quoi les théories sur les rapports sociaux de sexe sont-ils interpellés par ces questions ?
Trois enjeux méthodologiques généraux entrecroisés pour tenter de comprendre, de saisir l’apartheid:
° Ne pas céder à l’essentialisation (1) – utilitarisme migratoire et poser les bases d’une philosophie du mouvement, du devenir dans le présent.
Philosophie du mouvement. Pour pouvoir être connu, décrit, le mouvement (du corps, de la pensée) doit être imaginé, pensée, décrit, évalué non pas à partir des catégories dominantes en philosophie (pensée, conscience), en théorie politique (souveraineté, territorialité des Etats-nations, rapports inscrits dans le sécuritaire ethnicisé, racisé), en économie mondialisée (mobilité, flexibilité, concurrence, travail sur appel, jetable, etc.), mais en partant de la réalité des corps, des âmes, des conditions d’existence des humains situées matériellement, historiquement et spatialement.
Une des tâches de la praxis (au sens de Gramsci) est de construire des catégories pouvant décrire les conditions d’existence des humains dans le mouvement de migration et de la pensée/conscience, qui renvoient alors la politique comme dialectique entre l’oppression et l’action, entre la soumission et la liberté, entre la passivité et l’activité.
° Ne pas céder à la logique de la différence (2) – dans une position de minoritaire, se laisser enfermer dans la logique de la différence qui renforce non seulement l’exclusion mais l’expulsion du politique
° Ne pas céder à toutes les formes de naturalisation, qui se réclament d’une différence de nature basée sur des discours de légitimation biologiques…
On pourrait dire que le sexe dans les rapports sociaux, l’apartheid de sexe est le révélateur par excellence du processus de naturalisation, mais pas le seul !!!
° Face au total-libéralisme, le tissage implique d’articuler l’apartheid de classe et de sexe, avec en plus une intégration de la philosophie nihiliste de la destruction (du jetable) et une révision radicale de l’articulation entre nature et humains (3) sur la planète.
En clair, dans quel contexte historique et politique – total-libéralisme – vivons-nous ? Dans un contexte de violence, de surexploitation, de guerre « totale » qui ne se passe plus seulement sur les champs de batailles classiques.
VI. Apartheid de sexe, politique, politiques migratoires et du droit d’asile
° Politique en général : Recul, Effacement du référent de l’égalité ! On parle de dignité, etc.
Un seul monde. Démocratiser la démocratie, commun, migration, égalité
° Politiques du travail, du chômage, de la formation, du logement, de la santé, de l’écologie, du transport, de l’éducation, etc.
° Politiques dites d’accueil et d’intégration. La figure des camps aux frontières de l’Europe, le modèle hollandais… Monnier, Cotzee 1988. On s’habitue ? Subventions cantonales et communales
° Politique des renvois forcés
° Sans-papiers, femmes
° Prostituion, P. Tabet, etc.
VII. Informations sur des actions du Programme du CIPh
° Séminaire 3 mars, Genève, 17 mars Lausanne, 21 avril, Lausanne, 3 mai, Genève (Poèmes et Angelopoulos)
Inscriptions, texte en italien et en allemand
° 2 livres : los muros del silencio, Trois féministes matérialistes Espagnol et Français. Commande sur le SITE.
° VOIR LA REVUE EN LIGNE (RE)PENSER L’EXIL.
[1] Texte de l’Intervention au Centre de Contact Suisses-Immigrés, Genève, Journée de réflexion, 25 février 2012, UNIMAIL « Différent par nature » ? Risques d’essentialisation et enjeux migratoires.
[2] « Les dangers de cette vision réductrice apparaissent de plus en plus clairement en filigrane des discours publics, politiques et médiatiques, et ce particulièrement autour de la migration: une fois réduite au rôle de simple représentante de l’une de ces catégories, il est très difficile d’en sortir…. ».
[3] Corrado A. (2005) : « Migration et autovalorisation », Multitudes no. 19, site (10.9.2005)
[4] A ce propos, on peut citer une première étude mondiale par le programme global de lutte contre les trafics d’êtres humains (GPAT) qui confirme que c’est la prostitution et le travail forcé qui alimente l’essentiel de ces trafics. Elle représente 87% des trafics d’esclaves aujourd’hui. Les femmes représentent le 75% des effectifs, les hommes moins de 10%. Pour les enfants qui sont le tiers des victimes on compte quatre filles pour un garçon. Voir UNODC (2006) : Trafficking in persons global patterns, avril, www.unodc.org/unodc/trafficking_persons_report_2006-04.html
[5] Mathieu N.-C. (1973) : « Homme-culture et femme-nature ? », L’Homme, XIII, no. 3, p. 101. L’auteur écrivait cela il y a trente ans. Où en sommes-nous en 2006 ?
[6] « Arraisonner quelqu’un, c’est en vieux français tenter de le persuader, argumenter pour lui faire entendre raison. En termes de marine et de police sanitaire, arraisonner un navire, c’est l’interpeller, interrompre sa route pour le contrôler ». En ce sens, la réflexion sur l’arraisonnement des auteurs décrit « la double face matérielle et mentale du contrôle et de la manipulation des femmes » ; « « Femmes » : leur raison sociale. Objets de raisonnements réducteurs et réduites dans leur raison, soumises à persuasion ou raisonnées de force, souvent jugées déraisonnables mais sommées de rendre raison, inspectées, contrôlées dans leur tête et dans leur ventre tel un navire sa cargaison, son état sanitaire et son trajet : ainsi s’exerce, par de multiples moyens d’en tirer raison, l’arraisonnement des femmes ». les deux premières citations sont prises du quatrième de couverture, et de la présentation (p. 16) de la revue éditée par N.C. Mathieu (1985) : L’arraisonnement des femmes. Essais en anthropologie des sexes, Paris, éd. EHESS, no. MCMCXXXV.
[7] Voir à ce propos, Guillaumin C. (1992) : « B. Le sexage », in Sexe, Race et Pratique du pouvoir, Paris, Côté Femmes, p. 36-38.
[8] Barkat S. M. (2005) : Le corps d’exception. Les artifices du pouvoir colonial et la destruction de la vie, Paris, Amsterdam.
[9] et de race comme le montre C. Guillaumin quand elle analyse L’idéologie raciste, ce qui permet d’intégrer plus largement la complexité de l’évolution historique et les niveaux des rapports de pouvoir en tenant compte d’une périodisation importante de l’histoire occidentale.
[10] Rancière J. (1995) : La Mésentente, Paris, Galilée.