Catégorie : Brepohl, Marion

  • Faire disparaître en tant que dispositif de pouvoir

    Marion Brepohl, Université Fédérale du Paraná

    De l’extermination d’espèces animales ou végétales, des massacres administratifs des groupes sociaux désignés comme des minorités ethniques qui résistent à des groupes plus forts du point de vue militaire, du génocide. De la dévastation de l’environnement, de l’atteinte à la biodiversité, des déplacements forcés, des persécutions et de la torture de personnes identifiées comme des ennemis politiques, des exils, des camps de concentration, des armes chimiques, du génocide.

    Ces événements couvrent les XIXe et XXe siècles et ont des dénominateurs communs. Il s’agit manifestement d’actes violents, acceptés ou du moins socialement tolérés au nom d’un système de valeurs qui désigne d’une certaine manière l’autre comme inférieur ou hostile et entraîne la disparition de populations, d’écosystèmes et de cultures.

    Quant aux auteurs, ils sont choisis dans les encadrements des pouvoirs officiels, mais pas parmi leur élite, étant facilement remplaçables ; un pouvoir institutionnel, mais, même d’un point de vue stratégique, pas totalement reconnaissable en tant que tel.

    Dans cet essai, j’ai l’intention de retracer quelques moments de l’histoire contemporaine pour réfléchir à la disparition — qui s’accompagne, à mon avis, de l’invisibilité — pour ensuite proposer un champ de réflexion qui demandera nécessairement une étude plus longue, de nature interdisciplinaire et concernant de nouveaux thèmes, catégories et concepts.

    La disparition à l’ère des Empires
    Celui qui s’approprie, cultive, divise et nomme. Mais le premier acte est de s’en approprier.

    Carl Schmitt, 1958

    Depuis la fin du XVIIIe siècle, le gouvernement s’exerce sur la population et non plus sur le territoire. C’est la biopolitique par laquelle, selon Michel Foucault, la pratique de gouvernement tente de rationaliser ces phénomènes qui impliquent un ensemble d’êtres vivants, constitués en population ; des problèmes liés à la santé, à l’hygiène, à la natalité, aux races, à la longévité (FOUCAULT, 1990). Mais la personne qui soigne ceux qui doivent vivre et qui décide comment ils doivent vivre est également celle qui soigne ceux qui doivent mourir et qui décide comment ils doivent mourir. Ainsi, à partir de l’Europe, du début du XIXe siècle jusqu’à nos jours, ce critère a été plus ou moins conçu en tenant compte du rôle de la race ; la vie qui doit s’améliorer parce qu’elle est supérieure ou susceptible de s’améliorer, ou celle qu’il faut éliminer parce qu’elle est inférieure ou dégénérée (FOUCAULT, 2012).

    Dans ses caractérisations les plus diverses (ethnie, phénotype, biotype, tempérament, culture, degré de métissage, etc., autant de savoirs pour différencier les blancs des non-blancs), la race a défini, en parallèle ou intégrée au Libéralisme, l’État racial et ses mécanismes d’appropriation de l’autre, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Europe (WALDENFELLS, 2009).

    À partir de ces demandes, des agents du gouvernement ont entrepris plusieurs initiatives visant le dépeuplement du pays afin d’y installer une population blanche destinée à l’exploitation économique associée au système capitaliste européen. Il s’agissait d’un mouvement migratoire qui intégrait le processus d’expansion de l’économie mondiale unique, incorporant des territoires par une domination directe ou indirecte (HOBSBAWM, 1988). Les régions de destination, en règle générale, étaient situées dans la zone méridionale de l’Amérique, de l’Afrique et de l’Océanie, dont l’occupation était jusqu’alors entravée par la difficulté d’accès. Après le développement d’un bon réseau de transport, une opportunité s’est ouverte pour la colonisation des terres compte tenu d’une certaine similitude avec le climat européen.

    Quoique brièvement, je voudrais citer quelques exemples où les indigènes ont été éliminés ou assujettis en raison de la politique de colonisation, en essayant de démontrer le caractère transnational de telles initiatives.

    Guerre noire était une expression utilisée dans l’historiographie pour souligner l’extermination de la population indigène de Tasmanie par les Anglais, entre 1828 et 1832. Cependant, depuis 1803, les troupes britanniques occupaient déjà l’île et l’utilisaient comme colonie pénitentiaire. Les Britanniques exploitaient comme main-d’œuvre les condamnés qui s’y rendaient pour purger leur peine, et y développaient l’élevage de bétail. Vu le succès de l’entreprise, d’autres vagues migratoires se sont déplacées vers l’île, et y ont pratiqué, en plus de l’agriculture et de l’élevage, la chasse aux baleines et aux phoques. (CHALK & JONASSOHN, 2010, p. 224 et suiv.). Avec l’expansion démographique et la résistance conséquente de la population locale, les pratiques d’extermination ont commencé.

    Autre exemple de l’Empire britannique concernant l’extinction des peuples autochtones : en 1879, ses troupes ont décimé le peuple zoulou, dans une guerre connue sous le nom d’Anglo-Zouloue. C’étaient des indigènes qui avaient résisté à l’offensive des Boers et des Britanniques ayant pourtant succombé en raison de la haute technologie de guerre employée. Cette région est devenue le théâtre d’une dispute entre les Boers et les Britanniques, les premiers intéressés à la création de fermes utilisant la main-d’œuvre indigène, les autres, intéressés au renforcement de l’exploitation des mines d’or et de diamants.

    Ce cas mérite une attention particulière, car c’est là qu’une théologie néocalviniste s’est consolidée, en fait, une théologie devenue idéologie, ce qui justifierait, depuis le milieu du XIXe siècle, la séparation des peuples par ethnies, les blancs ayant pour mission de gouverner les autres, l’inspiration pour l’apartheid.

    Considérons deux régions dont l’occupation est célébrée comme un chapitre important de la colonisation pacifique de l’Amérique, l’établissement des immigrés européens dans des « vides démographiques ». Dans nos recherches, nous avons observé des sociétés colonisatrices qui entreprenaient l’occupation de territoires guidées par la Ligue pangermaniste autant en Amérique que dans plusieurs territoires en Afrique ; comme l’Allemagne n’avait pas autant de territoires d’outre-mer que la France et l’Angleterre, la Ligue soutenait des initiatives définies comme l’élection de zones d’influence économique, et comptait sur le consortium entre hommes d’affaires allemands et colons d’origine germanique installés dans d’autres pays (BREPOHL, 2014). Ce fut le cas de la ville appelée aujourd’hui Blumenau, en Santa Catarina, Brésil, occupée par des immigrés d’origine germanique, dont le voyage et l’installation initiale ont été promus par ces entreprises-là.

    Entre 1850 et 1914, des Indiens ont été expulsés de leurs terres ou tout simplement assassinés par les « bugreiros », nom attribué aux gens qui pratiquaient le massacre des indigènes en vue de dépeupler le territoire. Ils étaient payés par le gouvernement et par les sociétés de colonisation pour capturer et, dans de nombreux cas, tuer ceux qui étaient considérés comme une « menace pour la civilisation ». Ils tiraient des coups de feu pour semer la panique, puis ils attaquaient à la machette ; ils déchiraient la chair des hommes et des femmes avec des couteaux aiguisés, en frappant au ventre, aux dos et à la gorge ; les enfants étaient jetés en l’air pour tomber sur la pointe de la machette. Ensuite, des colons européens pour la plupart d’origine germanique ont été installés comme résultat d’un processus de négociation avec le gouvernement impérial brésilien, qui a assuré que ces terres étaient exemptées de « bugres ».[1] (MACARIO, s / d)

    Pacification de l’Araucanía c’est le nom que les Espagnols ont donné aux conflits qui ont conduit à l’extermination d’une bonne partie de la population mapuche, dans la région sud du Chili (1862-1883), ce qui a été fait pour favoriser l’installation des migrants germaniques. Toujours en Argentine, dans les régions de Patagonie, El Chaco et Missiones, la majorité de ce contingent a subi plusieurs attaques, dont la plus importante est celle connue sous le nom de La bataille du désert, qui a eu lieu en 1870, où des immigrants d’origine germanique se sont déplacés dans le but de développer l’agriculture (RAMBO, 2003).[2]

    Enfin, prenons l’exemple de la Namibie, que nous examinerons plus en profondeur, compte tenu de son caractère relativement unique. Autrefois connu sous le nom de Südwestafrika (Afrique du Sud-ouest allemand), ce protectorat a également été occupé par une population blanche d’origine germanique, non sans conflits et résistances.

    À tel point qu’entre 1904 et 1906 une guerre éclate qui aboutit au premier génocide du XXe siècle. Il convient de noter que la méthode utilisée a été particulièrement cruelle. Les populations Nama et Héréro ont été emmenées par les troupes allemandes dans le désert d’Omaheke, où tous les puits avaient été empoisonnés. Les soldats avaient reçu l’ordre de tuer tous — hommes, femmes et enfants — qui tentait de s’échapper. Les rares qui sont restés en vie — environ 20 % de la population — ont été internés dans des camps de concentration, où les femmes ont été traitées comme des esclaves sexuelles et les hommes utilisés comme des cobayes pour des expériences scientifiques et aussi comme main-d’œuvre pour la construction du chemin de fer « Swapokmond-Windoeck » (BREPOHL, 2010).

    Dans cette région, des camps de concentration ont été créés (c’est la première fois que le gouvernement allemand utilise ce terme, précisément, Konzentrationslager), où la maladie, la famine, les abus et le travail acharné ont entraîné la mort de prisonniers et prisonnières.

    La propagande positive qui a été faite de cette guerre n’a pas été moins importante ; le pouvoir impérial les avait vaincus, les ennemis, qui voulaient usurper « leur » droit au territoire.[3]

    Cet événement est resté pratiquement ignoré pendant un siècle. Après tout, comme l’Allemagne a perdu ses colonies et comme la Namibie est devenue d’abord un protectorat anglais et après, même si de manière illégitime, une province d’Afrique du Sud où l’on pratiquait l’apartheid, il n’y avait donc aucune raison de reconnaître ou de s’étonner des violences perpétrées auparavant. En outre, la population blanche qui y est restée a entrepris une politique de mémoire qui louait le colonisateur, à travers l’image héroïque d’un entrepreneur, semblable à celle de Blumenau, au Brésil.

    Ainsi, l’histoire du génocide est devenue invisible pendant longtemps et ne réapparaîtrait qu’avec la proclamation de l’indépendance de la Namibie en 1990 et la commémoration ultérieure du centenaire de la guerre en 2004, lorsque les familles des victimes ont commencé à demander au gouvernement allemand la reconnaissance du génocide.

    Traduction de la légende :    
    Carte postale, dont la légende, en traduction libre, est la suivante : Un cercueil contenant des crânes de Héréros a été récemment scellé et envoyé à l’Institut de Pathologie de Berlin, où ils doivent être utilisés pour des mesures scientifiques. Les femmes Héréro ont enlevé la chair, la peau et les cheveux de ces crânes à l’aide de verres brisés. Les crânes sont ceux de Héréros tués au combat ou emprisonnés.

    Il convient de rappeler que le racisme, la police secrète, la torture et le génocide étaient des pratiques entamées en Afrique et qui, selon Hannah Arendt (1978), ont servi comme laboratoire de ce qui se passerait en Europe au XXe siècle.

    Et pas seulement pour les prisonniers des camps de concentration, ce qui est bien connu. Je veux souligner ici le cas de la Tchécoslovaquie, qui n’est pas toujours associé à l’expérience impérialiste. Cependant, il s’agit de la première conquête territoriale des nazis et Heydrich Muller, une fois nommé gouverneur, a déclaré : « Toute cette région sera un jour définitivement allemande et les Tchécoslovaques n’auront rien à faire ici » (NEBE, 2019). Selon lui, environ les deux tiers de la population finiraient par être déplacés vers les régions de la Russie ou exterminés après la victoire de l’Allemagne nazie dans la guerre. La Bohême et la Moravie seraient annexées par le Reich allemand.

    Ils ont imposé le travail forcé aux Tchécoslovaques. Plus de cent mille travailleurs ont été retirés de leurs emplois « inadéquats » et recrutés par le ministère du Travail. Et les heures de travail sont passées de huit à douze heures à partir de février 1942.

    Le massacre le plus connu, précisément à cause de la propagande faite par le gouvernement nazi lui-même, a été celui qui a pratiquement fait disparaître la petite ville de Lidice, qui a été entourée par les troupes nazies, empêchant ses habitants de partir. Tous les hommes de plus de dix-huit ans ont été séparés des femmes et des enfants, confinés dans un grenier et fusillés en petits groupes le lendemain. Les femmes et les enfants de la ville ont été tous envoyés au camp de concentration réservé aux femmes de Ravensbrück, où la grande majorité mourrait plus tard à cause du typhus et de l’épuisement dû au travail forcé. Le modèle était donc une colonie de travail forcé et l’extermination d’une partie des prisonniers était prévue. Ce n’est pas très différent de ce qui a été fait en Namibie à l’époque des conflits avec les peuples Héréro et Nama.

    Ces exemples illustrent ce que le juriste Carl Schmitt conclurait comme une ligne directrice expansionniste à suivre. Selon lui, l’espace non européen était un espace vide de droits et la domination — dans ce cas, la domination d’États forts sur des territoires inoccupés — garantirait l’équilibre des forces, c’est-à-dire la paix dans l’espace intraeuropéen. Après tout, depuis les premières conquêtes outre-mer, tout territoire non européen avait été considéré comme un espace à s’approprier, puisqu’il s’agissait d’un territoire non gouverné. Pour cette raison, l’autre ne pouvait pas être considéré comme un adversaire ou un voisin, mais comme un sujet hostile à déposséder, un ennemi, non pas parce qu’il était méchant en soi, mais parce qu’il résistait à l’élargissement de la frontière voulu par le plus fort (2005).

    Dans ce contexte, la guerre était la seule stratégie dans les relations internationales. La guerre, pour l’auteur, c’est une possibilité réelle d’existence politique et il ne serait possible de penser les relations internationales en termes de catégories universelles que dans un monde entièrement dépolitisé, dans lequel la notion même de relations internationales pourrait peut-être ne plus avoir de sens. (FERREIRA, 2018)

    Mais pas seulement les relations internationales ; le politique lui-même est pensé à partir de l’idée d’inimitié dans son livre O conceito de político [La notion de politique] (1992) dans lequel on ne peut pas être surpris de sa réflexion sur la dictature, qui consiste dans le moment où l’État réprime un soulèvement par une force immédiate (SCHMITT, 1968, p. 25). L’auteur semble suspendre le politique, ou plutôt soustraire au politique toute prétention de civilité, en justifiant la violence de l’État non pas pour arrêter la violence sociale, mais pour s’approprier l’ennemi. Ce n’est pas par hasard si Schmitt allait guider de nombreux militaires latino-américains dans leur lutte contre l’opposition et la résistance sur le continent, comme nous le verrons par la suite.

    Disparition et Dictature ; la fin du peuple guarani et la disparition des subversifs

    Je me permets maintenant un déplacement en Amérique latine, où j’ai sélectionné deux expériences de disparition, l’une au Brésil, l’autre en Argentine. 

    Dans le cas brésilien, la construction d’une centrale hydroélectrique, la migration forcée et la disparition du peuple guarani.

    Comme on le sait, l’invasion des terres autochtones des Amériques remonte à leur occupation par les Européens. C’est une histoire, à elle seule, de disparition et d’extermination, mais aussi de l’intériorisation de ces peuples et de la manière dont ils ont stratégiquement développé des méthodes de gestion des ressources naturelles qui se sont avérées fondamentales pour la préservation du couvert forestier au Brésil.

    Cet écosystème est de plus en plus menacé au XXe siècle, alors que le développement agricole commence à atteindre les régions frontalières occidentales. Afin d’apaiser ou du moins d’atténuer la violence contre les peuples d’origine, qui se sont toujours opposés aux attaques, plusieurs lois de protection ont été élaborées dans une perspective colonialiste, dont le décret 8072 de juin 1910 se distingue ; il a créé le Service de la protection des Indiens pour assurer de petites réserves territoriales aux peuples indigènes. Ce qui était prévu, de la part des soi-disant nationaux, c’est que ces populations s’assimileraient à la culture dominante et s’intégreraient progressivement, c’est-à-dire qu’elles deviendraient des travailleurs ruraux, voire urbains, en condition de subalternité.

    Ces tensions ne font qu’empirer avec l’avènement de la Dictature militaire et son orientation développementiste. Même avec la création du Statut de l’Indien, en 1973, qui devrait théoriquement veiller à la préservation de ses us et coutumes, et d’une dotation budgétaire importante pour la délimitation de leurs terres sous la responsabilité de la FUNAI — Fundação Nacional do Índio [Fondation nationale de l’Indien][4], avec l’ouverture de routes et la construction de grands ouvrages tels que, par exemple, la centrale hydroélectrique d’Itaipu et la route Transamazonienne, plusieurs communautés indigènes ont été touchées, soit par contamination par des maladies pour lesquelles elles n’avaient pas d’immunité, soit par des expropriations. En outre, en raison de la résistance, il y a eu des actions de violence explicite et de la violation des droits.

    C’est dans ce processus d’extermination continue des personnes et de la biodiversité entretenue par sa culture matérielle que s’inscrit l’histoire de la construction d’Itaipu Binational, célébrée comme la plus grande entreprise au monde à fournir une énergie propre et renouvelable, étant responsable de la consommation de 11,3 % de l’énergie au Brésil et de 88,1 % au Paraguay. Elle dispose d’un important parc technologique et subventionne une université qui accueille des étudiants d’Argentine, du Paraguay et du Brésil.

    Le projet, mené par les gouvernements paraguayen et brésilien, a débuté en 1973 et comprenait, entre autres mesures, l’incorporation de 12 000 hectares, qui étaient désormais considérés par l’INCRA — Institut national de la réforme agraire, comme terrain vacant.[5]

    La population guarani qui y vivait depuis 500 ans a été expulsée de ses terres par une manœuvre juridique qui entraînerait la disparition de sa culture et même d’une bonne partie de ce groupe social. Les paysans ont également été expropriés et déplacés vers d’autres régions, qui avaient des terres moins productives, ou sont devenus des travailleurs salariés. Et cela a été assuré par deux organismes créés pour garantir la sécurité des habitants, après tout, l’INCRA avait la tâche de distribuer les terres (en réalisant la réforme agraire) et la FUNAI — Fundação Nacional do Índio [Fondation nationale de l’Indien], celle de veiller aux droits des populations indigènes.

    L’une des tactiques était d’agresser au moyen de coups violents, incendier leurs maisons et proférer des menaces, afin qu’ils fuient leur habitat d’origine.

    Lourenço Figueiredo, un indigène qui fait référence à Itaipu comme s’il s’agissait d’une personne et non d’une entreprise, rend le témoignage suivant :

    Qu’allons-nous faire ? Itaipu a dit : « dégage tout le monde ». Je m’en suis allé, j’ai quatre enfants… alors je suis allé à Santa Helena. J’ai trouvé Prates, tant mieux, le maire qui m’a décroché un boulot. Puis il a renvoyé tout le monde, il n’a rien payé notre terre […] On a tous pleuré, allez au Paraguay, allez au je ne sais pas où […]  On vivait sur la terre. Quoi faire, ça servait à rien de se plaindre, n’est-ce pas ? J’ai pris mon sac à dos, j’ai demandé au conducteur de m’emmener en ville et je m’en suis allé […] il a dit qu’on n’avait pas le droit. Mais quoi faire ? À cette époque-là, l’armée donne les ordres, n’est-ce pas ? […] À cette époque-là, il n’y avait pas de loi, rien. C’est maintenant qu’il y a beaucoup de lois […]. On va rester comme ça, n’est-ce pas ? On devait avoir demandé à Itaipu de nous acheter cette terre, n’est-ce pas ? Quand Itaipu est venue en portant un casque, « dégage tout le monde ». À cette époque-là, il n’y avait pas de loi, rien […]. Je suis resté tout seul. Mes camarades du village sont allés au Paraguay. Je suis resté pour travailler[6]. (dans Rapport de la Comissão Estadual da Verdade, [2012] [Commission d’État de la Vérité], 2017, p. 237).

                Le voyage au Paraguay semble se dérouler comme prévu, car les indigènes ont été pratiquement poussés de l’autre côté du fleuve. Pourtant cet « autre côté » n’était plus le Brésil, mais le Paraguay, et là ils n’étaient plus sous la juridiction du gouvernement. S’ils revenaient, ils auraient manqué la date limite de négociation sur les droits aux indemnisations.

    De la part de la FUNAI, le département chargé de la protection et de la délimitation des terres autochtones, une seule étude a été réalisée, l’Étude du sous-groupe de travail XV, arrêté de la FUNAI du 23/03/77, sans compter sur la participation d’anthropologues, qui a servi de justification à la définition de la non-reconnaissance de ce peuple comme indigène : selon le diagnostic, il ne s’agissait plus véritablement des indigènes, mais des « métis », identification vague et douteuse par des caractères phénotypiques qui ne prenait pas en compte d’autres facteurs identitaires, tels que la langue, les habitudes et les coutumes, le mode d’organisation de la vie matérielle, l’autodéclaration (CONRADI, 2007). D’après ce document, rédigé en 20 jours seulement, et même sous les protestations des indigènes, anthropologues et journalistes, des quelque 260 familles indigènes qui y résident ils n’ont reconnu que 10 familles éligibles à une indemnisation.

    La forme de compensation ne respectait pas non plus le « Statut de l’Indien » : ces quelques personnes — et en fait il n’y en avait pas beaucoup, puisqu’une bonne partie avait déjà fui ou avait été tuée — étaient traitées comme des « squatters », puisqu’elles n’avaient aucun titre foncier. En plus du document de propriété, cette catégorie désigne les personnes qui labourent la terre selon le système individuel, en petits lots, avec des outils européens et non des outils issus de la culture guarani.

    Le résultat est que chaque famille a reçu environ 30 hectares chacune, sur un territoire où il n’y avait pas de matière première pour fabriquer leur artisanat, sans compter le risque de glissements du terrain dus à l’inondation du lac d’Itaipu. Et, en raison d’autres expropriations, d’autres personnes intéressées aux établissements s’y précipitaient, provoquant une croissance démographique (CONRADI, 2007, p. 65).

    Ainsi, nous avons plusieurs actions qui ont provoqué la désintégration du groupe : des actes violents qui ont conduit à la fuite ou même à la mort ; l’acceptation de petits lots dans des régions éloignées ; les indigènes traités comme des squatters en les obligeant à accepter un système dont la technique de production leur était inconnue ; la migration forcée vers le Paraguay. Dans tous les cas, la perte de leurs traditions et lieux sacrés.

    Malgré les dénonciations de la presse nationale et internationale et de l Église, l’ajournement et le renvoi par étapes étaient des pratiques courantes. En outre, les informations sur l’ensemble du processus ont été souillées par des préjugés et des controverses, comme l’attestent les déclarations suivantes :

    Ce n’était pas comme prendre des gars riches, bien sûr, hein ? Les Indiens, on doit les traiter aux coups de bâtons, parce qu’ils n’aiment pas les délicatesses […] Mais, tiens, ils voulaient recevoir, je ne sais pas, moi, combien Itaipu a payé, je ne sais même pas, mais toutes leurs cabanes-là ont été payées, leurs huttes-là, tout a été payé, parce que ce n’était pas de bonnes maisons comme celles-là qu’on était en train de brûler, il n’y avait que quelques murs comme ça, compris ? […] Alors, une chose qui a été faite avec les Indiens, ils ne voulaient pas partir de là, n’est-ce pas ? Ils ne voulaient pas partir de là, donc les cadres d’Itaipu, le conseil d’expropriation, personne n’a besoin d’en être d’accord, ici est comme la loi du coronélisme[7]. Il n’y a pas besoin d’en être d’accord, sinon on va mourir noyé, on va devoir partir quand même […] Mais c’est comme ça qu’on faisait avant, n’est-ce pas ?  Témoignage d’un travailleur d’Itaipu. (Relatório da Comissão Estadual da Verdade [2012], 2017, p. 252)

    Des photos des travailleurs d’Itaipu dans un village indigène en feu.
    Source : Intercept Brasil.

    Les affrontements ont duré presque dix ans ; ce n’est qu’en 1982 que la portion de terre destinée à des établissements est passée de 171 à 274 hectares, contre les 1 560 hectares demandés par les indigènes, une extension qui en dit très peu, autant que le nombre de familles, car cette région n’avait pas été recensée. De plus, le mode d’exploitation est collectif et la mesure des terres n’a jamais été faite par les peuples d’origine. Ce qu’on sait est que de 1940 à 1980, 32 villages guarani ont disparu dans cette région.

    Ainsi, la construction de l’usine a détruit non seulement les maisons, mais aussi les réseaux de parenté, les modes de production et la base même des modes de vie et de signification des Avá-Guarani lorsqu’ils ont avancé sur leurs lieux sacrés et historiques.

    L’Argentine et les technologies de disparition

    Pilar Calveiro utilise le terme camp de concentration/d’extermination pour montrer un changement fondamental des appareils répressifs argentins à partir du coup d’État de 1976, qui a consisté à remplacer l’incarcération et la punition par la disparition de personnes.

    Il ne s’agissait pas d’un excès de brutalité commis par des délinquants hors la loi ; au contraire, entre 1976 et 1983, 340 camps de concentration ont été créés, sous la coordination des forces armées, avec une organisation bureaucratique dont la fragmentation peut être comparée à ce que Hannah Arendt (1978) a observé dans les camps de concentration nazis ; elle obéissait à une logique sectorisée et divisée par tâches, non seulement pour augmenter la productivité des personnes qui y travaillaient, mais surtout pour exempter les individus de toute responsabilité.

    L’objectif était clair pour le gouvernement : Jorge Rafael Videla lui-même, qui a gouverné de 1976 à 1981, a déclaré que les forces armées devraient construire un projet de salut pour le pays (CALVEIRO, 2013, p. 26) et que ses hommes agiraient conformément aux ordres de l’Institution, et donc qu’aucune responsabilité individuelle ne pouvait être attribuée (p.127).

    Une autre logique était la dynamique ami-ennemi, qui réduisait le politique, comme dans la théorie de Carl Schmitt (1992), à une dynamique militaire, plus que cela, à une dynamique paranoïaque.

    Selon Calveiro, dans la conception militaire, l’Argentine était en guerre, et ce qui est curieux, c’est que les militants de l’opposition ont accepté ce langage ; ils se représentaient eux-mêmes ainsi que la guérilla comme une armée populaire combattant une armée impérialiste, et non comme une petite force insurrectionnelle. À son tour, le gouvernement considérait toute sorte d’opposition ou même d’objection comme un acte subversif ; chaque acte de désobéissance était considéré comme une collaboration directe ou indirecte avec la guérilla. Ce faisant, le binôme ami/ennemi a été radicalisé et cette représentation a été en plus stigmatisée d’une manière similaire au racisme (CALVEIRO, p. 90-92), autrement dit, une fois considérés comme subversifs, les gens ont été traités comme « moins qu’humains ». Par conséquent, lorsqu’ils étaient enlevés par le pouvoir et emmenés dans des camps de concentration — le terme utilisé par les gardes était « aspirés », — ils disparaissaient du et pour le monde extérieur. Et le monde extérieur disparaissait pour eux. Le degré d’engagement dans la résistance importait peu ; dans les champs, ils étaient tous égaux, également diminués.

    Centre Clandestin de prisionnniers, Buenos Aires, ESMA 4. Photographe : Enrique Shore

    Comme nous le savons, dans le cas des prisonniers politiques, la torture était utilisée pour extorquer des informations aux prisonniers ou pour les punir, ou pour les faire taire sous le harcèlement de la peur. Dans le cas de l’Argentine, cependant, d’autres formes de violence se sont ajoutées : on a enlevé leurs noms aux détenus en les identifiant par un numéro, comme dans les camps de concentration nazis. De plus, beaucoup d’eux restaient tout le temps encapuchonnés, obligés de s’accroupir et de se coucher, sans pouvoir ne parler ni bouger, dans des pièces qui étaient des compartiments en bois sans toit de 80 cm de large sur 200 cm de long.

    Il y avait également des cellules de 2,5 m sur 1,5 m, avec seulement un matelas par terre. Dans les deux cas, cachots ou cellules, on pouvait les voir, mais ils ne voyaient rien, même pas le geôlier. Même pour aller aux toilettes, ils dépendaient du pouvoir qui les avait fait disparaître, qui les prenait à un moment précis ou leur apportait des seaux pour leurs besoins (p. 56).

    Le pouvoir total sur leurs corps était achevé au moment de l’exécution. C’était le moment le plus redouté et subtilement suggéré à tous. L’exécution était appelée « transfert » et consistait à diriger, par étapes, de petits groupes sélectionnés selon des critères inconnus pour être exécutés, jetés en pleine mer encore vivants, où ils disparaissaient définitivement. À propos, d’autres types de meurtres et de disparitions, qui se sont produits également au Brésil, ont été mis en pratique, comme jeter le cadavre dans les rues en simulant des coups de feu ; détruire ou brûler le corps pour empêcher son identification ; et, enfin, enterrer le cadavre dans des territoires inconnus, dans des régions reculées et clandestines. Mais lancer des gens depuis la haute mer était le plus emblématique, car cela faisait disparaître le corps, voir l’identité et le crime.

    Pozo de Banfield, qui a fonctionné comme une prison clandestine en Argentine en 1976. (Source)

    La perte du nom, la capuche qui cachait le visage, l’emprisonnement sans aucun contact externe ou même interne, puisque toute conversation était interdite et, enfin, la mort et la disparition du corps étaient des événements clandestins, mais pas totalement inconnus. Au contraire, dans le monde extérieur, le pouvoir insinuait des rumeurs sur ce qui se passait précisément pour semer la terreur dans toute la société.

    Selon Calveiro

    Les camps de concentration étaient secrets, tout comme l’inhumation des corps NN[8] dans les cimetières. Cependant, pour que le dispositif de disparition fonctionne, il fallait que ce soient des secrets retentissants ; pour semer la terreur, il fallait le savoir. Le nuage de silence cachait les noms, les raisons spécifiques, mais tous savaient qu’on prenait ceux qui « étaient impliqués dans quelque chose », que des gens « disparaissaient », que les voitures qui transportaient des gens armés appartenaient aux forces de sécurité, que ceux qui étaient emmenés ne seraient jamais revenus, que des camps de concentration existaient. (p.81)

    Il s’agissait donc d’une mesure institutionnelle, mais méconnaissable dans ses détails et dans ses mécanismes de mise en œuvre, autant que les noms des responsables des actions.

    Cependant, contrairement à la prédiction des bourreaux, des traces, des indices et des signes de ce qui n’était pas destiné à devenir visible sont apparus.

    Par exemple, déjà en 1977, plusieurs corps sont apparus sur les rives des stations balnéaires atlantiques de Santa Teresita et de Mar del Tuyú, à environ 200 km au sud de la ville de Buenos Aires. Les cadavres ont été enterrés comme « NN » dans le cimetière Général Lavalle, mais d’abord les médecins qui les ont examinés ont rapporté que la cause du décès était le « choc contre des objets durs depuis une grande hauteur ».(VERBITSKY, 1995)

    Une autre apparition inattendue a été celle des Mères de la Place de Mai, le premier grand groupe à s’organiser contre les violations des droits de l’homme. Portant des foulards blancs sur la tête pour symboliser les couches de leurs enfants perdus, les mères marchaient quotidiennement pour protester contre les atrocités commises. Et dès qu’elles ont appris la disparition des bébés, elles ont également créé, déjà en 1977, l’Association des Grands-mères de la Place de Mai, pour réclamer l’identification des lieux où se trouvaient leurs petits-enfants.

    On sait aujourd’hui que des nouveau-nés étaient enlevés à leurs mères qui les accouchaient en prison, généralement des militantes de gauche, et donnés en adoption à des « appropriateurs », civils ou militaires.

    Des faits comme ceux-ci montrent comment le pouvoir qui voulait contrôler ce qui pouvait être insinué pour terroriser l’opinion publique, clé indispensable du système, et ce qu’il fallait cacher, a été contrecarré. Les rumeurs lui échappaient. La peur n’a pas fait taire les femmes et leur mobilisation a été d’une importance décisive pour la chute du gouvernement, ainsi que pour la justice transitionnelle.

    Les opérations répressives sont devenues connues. Mais les disparus, ainsi que ceux qui ont été tués dans les camps de concentration nazis, comme nous le rappelle Primo Levin (2016), les vrais témoignages, les vraies victimes, n’ont pas évidemment pu en témoigner. Ceux qui ont survécu parlent pour eux et nous comptons sur eux pour connaître une mémoire qui n’est pas la leur, mais une mémoire qui s’intègre à la mémoire sociale même de l’Argentine.

    Considérations finales

    Dans ce bref essai, nous avons fait quelques réflexions sur les expériences traumatisantes qui ont conduit à la disparition, précédées par l’humiliation et la torture, les déplacements forcés, l’élimination de la biodiversité et les dommages à l’écosystème de la planète, dans un processus continu et croissant.

    Notre intention était d’ouvrir un champ de possibilités de réflexion sur les éléments qui traversent ces processus apparemment distincts. Nous avons abordé différentes formes de disparition : les habitants de la Namibie ont été la cible d’un massacre au milieu d’une guerre génocide, les Guaranis ont perdu non seulement leurs territoires, mais aussi leurs relations de parenté et leur culture, ce qui peut être compris comme un ethnocide ; les résistants argentins, comme entraves amovibles, ont été incarcérés et un grand nombre a été exécuté sur un total d’environ 15 000 personnes. Et dans tous les cas, la torture a été pratiquée.

    Et la torture est, selon Marie Claire Caloz-Tschopp (2020), transindividuelle et transpolitique. Lorsqu’elle s’installe, pour quelque raison que ce soit, elle force les gens au silence, à la colère, à d’autres morts. Par sa propre logique, elle installe la terreur, qui se trouve entre les mains de ceux qui, au moins au moment de l’exécution, ont ou imaginent avoir un pouvoir illimité sur le corps de l’autre, non seulement pour maintenir ou infliger la douleur, mais pour faire disparaître, partiellement ou totalement, la preuve de son existence. À ce moment-là, le tortionnaire est tout pour la personne torturée, et peut même être capable d’éviter sa douleur.

    La disparition va donc de pair avec la torture. Les droits, le nom, le visage, la résidence, le regard et le souvenir du monde extérieur disparaissent, en plus de la destruction des valeurs et des convictions et la organisation du sujet avec le monde (VIÑAR, 1992) ; la vie et, ce qui n’est pas rare, la tradition des funérailles disparaissent.

    C’est pourquoi, même si certaines des personnes touchées sont maintenues en vie, le discours à leur sujet est, dans l’ensemble, indicible.

    Il reste la mémoire. La mémoire fragmentée, qui dans les trois cas que nous avons soulignés, le génocide des peuples Héréro et Nama, l’ethnocide des Guaranis et la disparition des résistants, devient l’héritage des héritiers. Ceux-ci revendiquent le droit de parler au nom de la « proie » de cette histoire et deviennent captifs de cette histoire.

    Selon Gatti (2011), pour les héritiers, c’est comme si leur histoire de vie ne pouvait pas se passer de ce (mauvais) début, un morceau de vie qui, d’ailleurs, devient le plus significatif, un héritage.

    Ce sont des visages privés lancés au public par la délibération d’une trajectoire qui n’était pas la leur, mais ils n’ont d’autre choix que d’en parler comme d’une dette. Une dette qui ne fait qu’augmenter quand on ne dit rien, ou pire, quand ces faits risquent d’être niés, oubliés ou faussés. Comme dans le cas du premier gouvernement élu en Namibie après l’indépendance, qui a cherché à relativiser le génocide au nom des bonnes relations commerciales avec l’Allemagne ; ou le cas du Brésil, après l’arrivée au gouvernement de Jair Bolsonaro (à partir de 2018), qui a nié à la fois la dictature et les crimes d’État ; ou le gouvernement de Mauricio Macri (2015-2019), en Argentine, qui, dès son entrée en fonction, a tenté d’amnistier 600 prisonniers condamnés pour des crimes d’État.

    La recherche d’une réparation, pour dénoncer le mensonge, dans ces cas, est angoissante. C’est pourquoi on observe une inflation des mémoires et des procédures judiciaires dans ces trois régions ; parents, amis, historiens, journalistes ; monuments, musées, archives ; recherche, événements scientifiques, mémoriaux, reportages. Et pour chacun de ces moments, de nouveaux témoignages, de nouveaux faits, de nouvelles dénégations. Une tentative de récupérer une histoire. Surtout, la dignité de ceux qui l’ont subie, à ses différents niveaux générationnels. Il reste à savoir pour qui.


    Références bibliographiques

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    VINÃR, Maren e Marcelo. Exílio e tortura. São Paulo : Escuta, 1992.

    WALDENFELS, B. Topographie de l ´étranger. Paris : Van Dieren, 2009.


    [1] Le mot « bugre » vient de la langue française qui, dans son ancienne version, désignait hérétique ou non civilisé. Au Brésil, il a une signification similaire, plus une forte connotation péjorative.

    [2]La violence contre les indigènes se poursuit encore aujourd’hui. Bien que ce ne soit pas le sujet de cet article, on observe la continuation dans ce processus : sous la dictature de Pinochet, ce même peuple a subi des expropriations, ordonnées par le gouvernement pour favoriser les entreprises forestières. Quant aux Mapuches d’Argentine, ils continuent à ce jour de réclamer des compensations ou la restitution de leurs terres et sont, dans certains cas récents, accusés de terroristes. À cet égard, voir : http://www.cartamaior.com.br/?/Editoria/Internacional/A-dura-realidade-do-povo-Mapuche/6/24876.

    [3] Sur la corrélation entre le droit colonial et le droit international, voir : NUZZO, 2011.

    [4] Les attributions de la FUNAI, créée en 1967 par le décret 5371/67 — Fundação Nacional do Índio [Fondation nationale de l’Indien], sont pratiquement les mêmes que celles du Service de protection de l’Indien, qui a été désactivé sous des allégations de corruption.

    [5] Terrain à restituer à l’État, déclaré terrain public, même s’il est occupé par des particuliers.

    [6] Dans l’original de cette transcription en portugais, le lecteur peut repérer la variante linguistique socialement marquée de l’indigène. Cela n’a pas été possible d’en reconstituer et cette caractéristique a été malheureusement perdue dans la traduction en français. [N. de la T.]    

    [7] Régime des seigneurs de terre au Brésil. (VILAÇA et ALBUQUERQUE, 2002. [N. da T.]

    [8] Du latin Nomen nescio, nom inconnu.

  • Fazer desaparecer como dispositivo de poder

    Marion Brepohl, Universidade Federal do Paraná

    Extermínio de espécies animais ou vegetais, massacres administrativos contra grupos sociais designados como minorias étnicas que resistem a grupos belicamente mais fortes, genocídio. Devastação do meio ambiente, prejuízo à biodiversidade, deslocamentos forçados, perseguição e tortura contra pessoas identificadas como inimigas políticas, exílios, campos de concentração, armas químicas, genocídio.

    Estes acontecimentos recobrem os séculos XIX e XX e possuem denominadores comuns. São atos evidentemente violentos, aceitos ou pelo menos tolerados socialmente em nome de um sistema de valores que designa o outro de alguma forma como inferior ou hostil e levam ao desaparecimento de populações, ecossistemas e culturas.

    Sobre os perpetradores, estes são selecionados entre os quadros dos poderes oficiais, mas não de sua elite, sendo facilmente descartáveis; poder institucional mas, até do ponto de vista estratégico, não plenamente reconhecível enquanto tal.

    Neste ensaio, pretendo traçar alguns momentos da história contemporânea para pensarmos o desparecimento – que é, a meu ver, acompanhado da invisibilidade, para então sugerir um campo de reflexão que necessariamente exigirá um estudo de maior fôlego, de caráter interdisciplinar e envolvendo novos temas, categorias e conceitos.

    O desaparecimento na era dos Impérios
    Quem se apropria, cultiva, divide e nomeia. Mas o primeiro ato é o apropriar.

    Carl Schmitt, 1958

    Desde o final do século XVIII, o governo passa a ser exercido sobre a população e não mais sobre o território. Trata-se da biopolítica, modo pelo qual, conforme Michel Foucault, a prática de governo tenta racionalizar aqueles fenômenos que envolvem um conjunto de seres vivos, constituídos em população; problemas relativos à saúde, higiene, natalidade, raças, longevidade (FOUCAULT, 1990). Mas quem trata daqueles que devem viver e como devem viver, trata também daqueles que devem morrer e como devem morrer. Assim, a partir da Europa, desde o início do século XIX até a atualidade, este critério tem sido mais ou menos desenhado levando-se em conta o papel da raça; a vida que deve melhorar, porque superior ou passível de aprimorar-se, ou a que deve ser eliminada, porque inferior ou degenerável (FOUCAULT, 2012).

    Em suas mais diversas caracterizações (etnia, fenotipo, biotipo, índole, cultura, grau de miscigenação, etc, tantos saberes para diferenciar o branco dos não brancos), a raça definiu, em paralelo ou integrada ao Liberalismo, o Estado racial e seus mecanismos de apropriação do outro, tanto dentro como fora da Europa (WALDENFELLS, 2009).

    A partir de tais exigências, agentes do governo empreenderam diversas iniciativas que visaram o despovoamento com a finalidade de se assentar uma população branca destinada à exploração econômica associada ao sistema capitalista europeu. Tratou-se de um movimento migratório que integrava o processo de expansão da economia global única, incorporando territórios por meio do domínio direto ou indireto (HOBSBAWM, 1988). As regiões de destino, via de regra, situavam-se na zona meridional da América, África e Oceania, cuja ocupação era até então dificultada pela difícil acessibilidade. Com o desenvolvimento de uma malha fina de transportes, abriu-se a oportunidade para o povoamento de terras, tendo em vista determinada semelhança com o clima europeu.

    Ainda que sucintamente, gostaria de citar alguns exemplos em que os nativos foram eliminados ou assujeitados devido à política de colonização, procurando  demonstrar o caráter transnacional de tais iniciativas.

    Guerra Negra foi uma expressão utilizada na historiografia para ressaltar o extermínio da população nativa da Tasmânia pelos ingleses, entre 1828 a 1832. Porém, desde 1803, as tropas britânicas já ocupavam a ilha, utilizando-a como colônia penal. Os pragmáticos britânicos exploravam os condenados que para lá iam a cumprir sua pena como mão de obra, desenvolvendo ali a criação de gado. Dado o sucesso do empreendimento, outras levas migratórias se deslocaram para a ilha, praticando, além da agricultura e da pecuária, a caça às baleias e às focas. (CHALK & JONASSOHN, 2010, p. 224 e ss). Com a expansão demográfica e a consequente resistência do povo local, iniciaram-se as práticas de extermínio

    Outro exemplo do império britânico concernente à extinção do povo nativo: em 1879, suas tropas dizimaram o povo zulu, em uma guerra que ficou conhecida como anglo-zulu. Eram nativos que haviam resistido à ofensiva dos boeres e dos britânicos, tendo entretanto sucumbido dada a alta tecnologia bélica ali empregada. Aquela região tornou-se palco de disputa entre os boeres e os britânicos, os primeiros, interessados em instalar fazendas com o uso de mão de obra nativa, os segundos, em fortalecer a exploração nas minas de ouro e diamantes.

    Este caso merece especial atenção, porquanto foi ali que sedimentou-se uma teologia neocalvinista, na verdade, uma teologia tornada ideologia, o que justificaria, desde meados do século XIX, a separação dos povos por etnias, tendo os brancos a missão de governar os demais, inspiração para o apartheid.

    Consideremos duas regiões cuja ocupação é celebrada como um capítulo importante da colonização pacífica da América, o assentamento de imigrantes europeus em “vazios demográficos”. Em nossas pesquisas, observamos que tanto as sociedades colonizadoras que empreendiam a ocupação de territórios na América Latina como em diversos territórios da África, eram orientadas pela Liga Pangermância; como a Alemanha não possuía tantos territórios em ultramar, se comparados aos da França e da Inglaterra, a Liga apoiava iniciativas definidas como eleição de zonas de influência econômica, contando com o consórcio entre empresários alemães e colonos de origem germânica instalados em outros países (BREPOHL, 2014). Foi o caso da hoje denominada Blumenau, Santa Catarina, ocupada por imigrantes de origem germânica, cuja viagem e instalação inicial eram promovidas por aquelas empresas.

    Entre 1850 e 1914, indígenas foram expulsos de suas terras ou simplesmente assassinados pelos bugreiros”, nome que se atribuía às pessoas que praticavam a chacina dos nativos com vistas ao despovoamento do território. Estes eram pagos pelo governo e por empresas de colonização para capturar e, em muitos casos, matar aqueles que eram considerados uma “ameaça à civilização”. Disparavam tiros de escopeta para causar pânico, e depois, atacavam com o fio do facão; rasgavam a carne de homens e mulheres com navalhas afiadas, na barriga, nas costas, na garganta e crianças eram jogadas para o alto para que caíssem na ponta do facão. Em seguida, assentaram-se colonos europeus, em sua maioria, de origem germânica, resultante de um processo de negociação com o governo imperial brasileiro, que garantiu serem tais terras desimpedidas de bugres. (MACARIO, s/d).

    Pacificação da Araucanía é o nome que deram os espanhóis aos conflitos que ensejaram o extermínio de boa parte da população mapuche, na Região Sul do Chile (1862-1883), o que foi feito para favorecer o assentamento de migrantes germânicos. Também na Argentina, nas regiões da Patagônia, El Chaco e Missiones, a maioria deste contingente sofreu vários ataques, sendo o mais destacado aquele que ficou conhecido como A Batalha do Deserto, ocorrida em 1870, para onde se deslocaram imigrantes de origem germânica, com o fito de desenvolver a agricultura. (RAMBO, 2003).[1]

    Finalmente, tomemos o exemplo da Namíbia, que examinaremos com mais vagar, dada sua relativa singularidade. Outrora conhecida como Südwestafrika (África do Sudoeste alemão),  este protetorado também foi  ocupado por uma população branca de origem germânica, não sem conflitos e resistências.

    Tanto assim que entre 1904 e 1906, deflagra-se uma guerra que resulta no primeiro genocídio do século XX. Destaque-se que o método empregado foi particularmente cruel. As populações nama e herero foram levadas pelas tropas alemãs ao deserto Omaheke, onde todos os poços haviam sido envenenados. Os soldados tinham ordens de matar todos – homens, mulheres e crianças que tentassem fugir. Os poucos que restaram vivos – cerca de 20% da população, foram internados em campos de concentração, onde as mulheres foram tratadas como escravas sexuais e os homens utilizados como cobaias para experiências científicas e também como mão de obra para a construção da ferrovia “Swapokmond-Windoeck” (BREPOHL, 2010).

    Nesta região, foram criados campos de concentração (é a primeira vez que o governo alemão emprega este termo, precisamente, Konzentrationslager), onde doenças, fome, maus tratos e trabalho extenuante levaram à morte dos prisioneiros e prisioneiras.

    Não menos importante foi a propaganda positiva que se fez desta guerra; o poder imperial havia se sobrepujado a eles, os inimigos, que pretendiam usurpar “seu” direito ao território.[2]

    Este acontecimento restou praticamente ignorado ao  longo de um século. Afinal, como a Alemanha perdeu suas colônias e a Namíbia se tornou um protetorado inglês e depois, ainda que ilegitimamente, uma província da África do Sul, onde se praticava o apartheid, logo, não havia porque reconhecer ou estranhar a violência anteriormente exercida. Ademais, a população branca que lá permaneceu, empreendeu uma política de memória que enaltecia o colonizador, com a imagem heroica de empreendedor, semelhante a de Blumenau, no Brasil.

    Assim, a história do genocídio tornou-se invisibilizada por muito tempo e só revolveria com a proclamação da independência da Namíbia, em 1990, e posterior comemoração do centenário da guerra, em 2004, quando se inicia, por parte das famílias, o pedido de reconhecimento do genocídio ao governo alemão.

    Tradução da legenda:            
    Cartão postal, cuja legenda, em tradução livre, é a seguinte: Um caixão com crânios de hereros foi recentemente lacrado e enviado ao Instituto Patológico de Berlim, onde devem ser utilizados para mensurações científicas. As mulheres hereros removeram a carne, a pele e o cabelo destes crânios utilizando cacos de vidros. Os crânios são de hereros mortos em ação ou presos.

    Cabe lembrar que o racismo, a polícia secreta, a tortura e o genocídio foram práticas encetadas na África, que serviram, segundo a constatação de Hannah Arendt, (1978), como laboratório para o que viria a ocorrer na Europa no século XX.

    E não somente para com os prisioneiros dos campos de concentração, o que é bastante conhecido. Quero destacar aqui o caso da Tchecoslováquia, nem sempre associado com a experiência imperialista. No entanto, ela foi a primeira conquista territorial dos nazistas, e Heydrich Muller, quando nomeado governador declarou: “Toda esta região será, um dia, definitivamente alemã, e os checos não terão nada para fazer aqui. » (NEBE, 2019). Segundo ele, cerca de dois terços da população seria, eventualmente, movida para as regiões da Rússia ou exterminada após a vitória da Alemanha nazi na guerra. A Boêmia e a Morávia seriam anexadas pelo Reich Alemão.

    Impuseram aos tchecos o trabalho forçado. Mais de cem mil trabalhadores foram retirados de empregos « inadequados » e recrutados pelo Ministério do Trabalho. E o horário de trabalho passou de oito para as doze horas a partir de Fevereiro de 1942.

    O massacre mais conhecido, até pela propaganda feita pelo próprio governo nazi, foi aquele que praticamente fez desaparecer a  pequena cidade de Lídice, que foi  cercada por tropas nazistas, impedindo a saída de seus moradores. Todos os habitantes homens com mais de dezoito anos foram separados das mulheres e crianças, confinados em um celeiro e fuzilados em pequenos grupos no dia seguinte. As mulheres e crianças da cidade foram todas enviadas para o campo de concentração feminino de Ravensbruck, onde a grande maioria viria a morrer de tifo e exaustão pelos trabalhos forçados. O modelo era portanto de uma colônia com trabalho forçado, estando previsto o extermínio de parcela dos prisioneiros. Algo não muito diferente do que se fez na Namíbia  à época dos conflitos com o povo herero e o povo nama.

    Estes exemplos ilustram o que o jurista Carl Schmitt concluiria como uma diretriz expansionista a ser seguida. Segundo ele, o espaço não europeu era um espaço vazio de direito e o domínio – no caso, o domínio dos estados fortes sobre territórios não ocupados, garantiriam o equilíbrio de forças, vale dizer, a paz no espaço intra-europeu. Afinal, desde as primeiras conquistas ultramarinas, qualquer território não europeu fora considerado um espaço a ser apropriado, uma vez que se tratava de um território não governado. Por essa razão, o outro não podia ser considerado adversário ou vizinho, mas um sujeito hostil a ser desapossado, um inimigo, não porque mau em si, mas porque resistente ao alargamento da fronteira pretendido pelo mais forte (2005).

    Neste contexto, a guerra era a única estratégia das relações internacionais.  A guerra, para o autor, é uma possibilidade real da existência política e só seria viável pensar as relações internacionais em termos de categorias universais num mundo inteiramente despolitizado, no qual a própria noção de relações internacionais talvez já não fizesse mais qualquer sentido. (FERREIRA, 2018).

    Mas não apenas as relações internacionais;  o próprio político é pensado a partir da ideia de inimizade em seu livro O conceito de político (1992), a partir do que não se estranha o seu pensamento sobre a ditadura, que consiste no momento em que o estado reprime uma subvelação com uma força imediata (SCHMITT, 1968, p. 25). O autor parece suspender o político, ou melhor, subtrair do político qualquer pretensão de civilidade, justificando a violência de estado não para deter a violência social, mas para apropriar-se do inimigo. Não por acaso, Schmitt orientaria muitos militares latino-americanos em seu combate às oposições e resistências no continente, como veremos a seguir.

    Desaparecimento e Ditadura; o fim do povo Guarani e o desaparecimento dos subversivos

    Permito-me agora um deslocamento para a América Latina, em que selecionei duas experiências de desaparecimento, uma no Brasil, outra na Argentina. 

    No caso brasileiro, a edificação de uma hidrelétrica, a migração forçada e o desaparecimento do povo Guarani.

    Como é sabido, a invasão de terras indígenas nas Américas recua à sua ocupação pelos europeus. Esta é uma história, por si só, de desparecimento e extermínio, mas também da interiorização destes povos e da maneira como ele desenvolveu estrategicamente formas de manejo dos recursos naturais que têm se mostrado fundamentais para a preservação da cobertura florestal no Brasil.

    Este ecossistema é cada vez mais ameaçado no século XX, quando o desenvolvimento agrícola começa a atingir as regiões das fronteiras ocidentais. Para aplacar ou pelo menos atenuar a violência contra os povos originais, que sempre opuseram resistência aos ataques, foram elaboradas diversas leis de proteção a partir de  uma perspectiva colonialista, das quais se destaca o Decreto 8072 de junho de 1910; ele criou o Serviço de Proteção ao Índio para garantir pequenas reservas territoriais aos indígenas. O que se previa, da parte dos assim autodenominados nacionais, é que tais populações se assimilassem à cultura dominante e se tornassem gradativamente integrados, vale dizer, trabalhadores rurais ou mesmo urbanos, numa condição de subalternidade.

    Estas tensões só fazem se agravar com o advento da Ditadura Militar e sua ênfase desenvolvimentista. Mesmo com a criação do Estatuto do Índio, em 1973, que teoricamente deveria zelar pela preservação de seus usos e costumes, e de uma dotação orçamentária significativa para a demarcação de suas terras ao encargo da FUNAI – Fundação Nacional do Índio[3], com a abertura de estradas e a construção de grandes obras como, por exemplo, a hidrelétrica Itaipu e a estrada Transamazônica, diversas comunidades indígenas foram atingidas, ou por contaminação com doenças para as quais não tinham imunidade ou por desapropriações. Além disto, devido às resistências, ações de violência explícita e violação de direitos.

    É neste processo de contínuo extermínio de pessoas e da biodiversidade mantida por sua cultura material que se insere a história da construção da Itaipu Binacional, celebrada como a maior empresa do mundo a fornecer energia limpa e renovável do planeta, responsabilizando-se por propiciar o consumo de 11,3% da energia no Brasil e 88,1% do Paraguai. Possui um parque tecnológico de expressiva monta e subsidia uma Universidade que atende alunos da Argentina, Paraguai e Brasil.

    O empreendimento, realizado pelos governos paraguaio e brasileiro iniciou-se em 1973 e contava, dentre outras medidas, com a incorporação de 12.000 hectares, que passaram a ser considerados pelo INCRA – Instituto Nacional de Reforma Agrária, como terras devolutas.[4]

    A população guarani que ali habitava há 500 anos, foi expulsa de suas terras, a partir de uma manobra jurídica que levaria ao desaparecimento de sua cultura e mesmo de boa parcela de tal grupo social. Camponeses também foram expropriados e levados para outras regiões  que tinham terras menos produtivas ou se tornaram trabalhadores assalariados. E isto foi garantido por dois órgãos criados para garantir a segurança dos moradores, afinal, o INCRA tinha como atribuição distribuir terras (realizar a reforma agrária) e a FUNAI – Fundação Nacional do Índio, a de zelar pelo direito dos indígenas.

    Uma das táticas foi a agressão com espancamentos, incêndio de suas casas e ameaças, para que eles fugissem de seu habitat original.

    Lourenço Figueiredo, indígena que se refere a Itaipu como se esta fosse uma pessoa e não uma empresa dá o seguinte testemunho,

    O que nóis vai fazer? Itaipu disse “pode sair tudo”. Eu fui, tenho quatro filhos… aí eu fui em santa Helena. Sorte que encontrei o Prates, prefeito que me arrumou serviço. Depois mandou tudo embora, não pagou nada nossa terra […] Choremo tudo, vai pra Paraguai, vai pra não sei onde […]  nóis morava na terra. Fazer o que, não adiantava reclamar, né? Eu peguei minha mochila, pedi pro motorista me levar pra cidade e fui embora […] falou que não tem direito. Mas fazer o que? Naquele tempo manda o Exército, né? […] Naquele tempo não existia lei, nada. Agora que tem muita lei […]. Fiquemos assim, né? Nós devia ter pedido pra Itaipu comprar pra nós essa terra, né? Quando veio Itaipu de capacete, “pode ir embora tudo”. Naquele tempo não existia lei, nada […]. Eu fiquei sozinho. Minha companheirada da aldeia foi pro Paraguai. Eu fiquei trabalhando. (apud Relatório da CEV, 2017, p. 237).

    A ida para o Paraguai soa como planejada, pois os indígenas foram praticamente empurrados para o outro lado do rio. Só que este “outro lado” já não era mais o Brasil, e sim o Paraguai, e ali, eles não estavam mais sob a jurisdição do governo. Caso retornassem, teriam perdido o prazo de negociação sobre os direitos  a  indenizações.

    Da parte da FUNAI, departamento encarregado de proteção e demarcação das terras indígenas, foi feito um único estudo, o Estudo do Subgrupo de Trabalho XV, Portaria da FUNAI de 23/03/77, sem contar com a participação de antropólogos, que serviu de justificativa para definir o não reconhecimento daquele povo como indígena: segundo o diagnóstico, eles já não eram genuinamente indígenas, mas “mestiços”, vaga e duvidosa identificação por caracteres fenotípicos que não levava em conta outros fatores identitários, como o idioma, os hábitos e costumes, a forma de ordenação de vida material, a auto-declaração (CONRADI, 2007). Com base neste documento, redigido em apenas 20 dias, e mesmo sob os protestos dos indígenas, antropólogos e jornalistas, das aproximadamente  260 famílias indígenas ali residentes, reconheceram apenas 10 famílias como passíveis de serem indenizadas.

    A forma de indenização tampouco respeitou o “Estatuto do Índio”: aquelas poucas pessoas – e de fato já não eram muitas, de vez que uma parcela razoável já havia fugido ou sido morta, – foram tratadas como “posseiros”, uma vez que não tinham título de propriedade da terra. Além do documento de propriedade, tal categoria designa pessoas que lavram a terra com base no sistema individual, em pequenos lotes, com ferramentas europeias e não ferramentas da cultura Guarani.

    Resulta que cada família recebeu por volta de 30 hectares cada uma, num território onde não havia matéria prima para fabricar seu artesanato, além do que sob o risco de desmoronamento de terras devido à inundação do lago de Itaipu. E, devido a outras expropriações, acorriam para lá, outros interessados em assentamentos, provocando o crescimento demográfico (CONRADI, 2007, p. 65).

    Assim, temos diversas ações que provocaram a desintegração do grupo: atos violentos que levaram à fuga ou mesmo à morte; a aceitação de pequenos lotes em regiões distantes; dispensar ao indígena o tratamento de posseiros, fazendo-os aceitar um sistema cuja técnica de produção era por eles desconhecida; migração forçada para o Paraguai.  Em todos os casos, a perda de suas tradições e lugares sagrados.

    Apesar das denúncias da imprensa nacional e internacional, a protelação e a remoção por etapas eram práticas comuns. Além disto, as notícias sobre todo o processo foram eivadas de preconceito e controvérsias, como atesta as seguintes declarações:

    Não foi assim levar uns caras ricos, lógico, né? Índio tem que tratar no cacete, porque eles não gostam de coisa delicada […] Agora é o seguinte, eles queriam receber sei lá, quanto é que a Itaipu pagou, nem sei, mas foi pago tudo aqueles barracos deles lá, aquelas ocas deles lá, foi pago tudo, porque não era casas boas que nem aquelas que nós tava queimando não, só tinha umas paredes assim, entendeu? […] Então, uma coisa que foi feita com os índios, eles não queriam sair de lá, né? Eles não queriam sair de lá, então, a diretoria da Itaipu, de desapropriação, ninguém tem que querer as coisas, aqui é igual a lei do coronelismo. Não tem que querer, se não vai morrer afogado, vai ter que sair de igual […] Só que foi feito assim igual antigamente, né? [5]

    Fotos de funcionários da Itaipu em aldeia  indígena sendo incendiada
    Fonte: Intercept Brasil

    Os embates duraram praticamente 10 anos; somente no ano de 1982 é que a parcela de terras para assentamento foi acrescida de 171 para 274 hectares, contra os 1.560 hectares demandados pelos indígenas, extensão que dize muito pouco, tanto quanto o número de famílias, pois aquela região não havia sido recenseada. Além disto, o modo de exploração é coletivo e a mensuração das terras jamais foram feitas pelos povos originais. O que se sabe é que de 1940 a 1980 desapareceram 32 aldeias guarani naquela região.

    Desta feita, a construção da usina destruiu não apenas moradias, mas também redes de parentesco, modos de produção e a própria base dos modos de vida e de significação dos Avá-Guarani ao avançar sobre seus lugares históricos e sagrados.

    A Argentina e as tecnologias de desaparecimento

    Pilar Calveiro emprega o termo campo de concentração/ extermínio para evidenciar uma mudança fundamental nos aparelhos repressivos argentinos a partir do golpe de Estado de 1976, que consistiu na substituição do encarceramento e castigo pelo  desaparecimento de pessoas.

    Não se tratou de um excesso de brutalidade cometido por delinquentes à margem da lei; ao contrário, entre 1976 e 1983, foram criados 340 campos de concentração, sob a coordenação das Forças Armadas, com uma organização burocrática cuja fragmentação pode ser equiparada ao que Hannah Arendt (1978) observou nos campos de concentração  nazistas; ela obedecia uma lógica setorizada e dividida por tarefas, não apenas para aumentar a produtividade das pessoas que ali atuavam, mas sobretudo para eximir os indivíduos de qualquer responsabilidade.

    O objetivo estava claro para o governo: o próprio Jorge Rafael Videla, que governou de 1976 a 1981, afirmou que as Forças Armadas deveriam construir um projeto de salvação para o país, (CALVEIRO, 2013, p. 26) e que seus homens agiriam em obediência às ordens da Instituição, não cabendo, portanto,  qualquer atribuição de responsabilidade individual (p.127).

    Outra lógica foi a dinâmica amigo-inimigo, que reduzia o político, como na teoria de Carl Schmitt (1992), a uma dinâmica militar, mais do que isto, a uma dinâmica paranoica.

    Segundo Calveiro, na concepção militar, a Argentina estava em guerra, e o curioso é que os militantes de oposição aceitaram esta linguagem; representavam-se, a si e a guerrilha, como um exército popular a combater um exército imperialista, e não como uma pequena força insurrecional. Por sua vez, o governo enxergava qualquer sorte de oposição ou mesmo objeção como um ato subversivo; cada ato de desobediência era considerado uma colaboração direta ou indireta com a guerrilha. Assim procedendo, radicalizou-se o binarismo amigo/inimigo, e ainda por cima estigmatizou-se tal figuração de uma maneira semelhante ao racismo (p. 90-92), ou seja, uma vez consideradas subversivas, as pessoas eram tratadas como “menos que humanas”. Portanto, quando sequestradas pelo poder e levados para dentro dos campos de concentração – o termo utilizado pelos guardas era “sugados”, desapareciam do e para o mundo exterior. E o mundo exterior desaparecia para eles. Pouco importava o grau de comprometimento com a resistência; dentro dos campos, eram todos iguais, igualmente inferiorizados.

    Como se sabe, no caso de presos políticos, empregava-se a tortura para extorquir informações dos prisioneiros ou para castigá-los, ou para silenciá-los sob a fustigação do medo. No caso argentino, porém, acresciam-se outras modalidades de violência: aos detidos eram suprimidos seus nomes, passando a ser identificados por um número, à semelhança dos campos de concentração nazistas. Muitos deles permaneciam o tempo todo encapuzados, sendo obrigados a ficar agachados e deitados, sem poder falar ou se mexer, em alojamentos que eram de compartimentos de madeira sem teto de 80 cm de largura por 200 cm de comprimento.

    Havia também celas de 2,5 metros por 1,5 metro, apenas com um colchonete no chão. Em ambos os casos, cubículos ou celas, eles podiam ser vistos, mas não viam nada, sequer o carcereiro. Até para ir ao banheiro, dependiam do poder desaparecedor, que os levava em um horário determinado ou então lhes trazia baldes para as suas necessidades (p. 56).

    O poder total sobre seus corpos se completava no momento da execução. Este era o momento mais temido e sutilmente sugerido a todos. A execução era chamada de “transferência”,  que consistia em conduzir, por etapas, pequenos grupos selecionados por critérios desconhecidos para serem executados, jogados em alto mar ainda vivos, onde desapareciam em definitivo.[6]

    Pozo de Banfield, que funcionou como prisão clandestina na Argentina em 1976. (Fonte)

    A  perda do nome, o capuz que escondia o rosto, o encarceramento sem qualquer contato externo e mesmo interno, de vez que qualquer fala era proibida e, finalmente, a morte e o desaparecimento do corpo eram acontecimentos clandestinos, mas não de todo desconhecidos. Ao contrário, no mundo exterior, o poder insinuava rumores do acontecido exatamente para causar terror em toda a sociedade.

    Segundo Calveiro

    Os campos de concentração eram secretos, assim como o enterro de cadáveres NN[7] nos cemitérios. No entanto, para que o dispositivo desaparecedor funcionasse, deviam ser segredos altissonantes; para disseminar o terror, era preciso que se soubesse. A nuvem de silêncio ocultava os nomes, as razões específicas, mas todos sabiam que levavam aqueles que “estavam metidos em alguma coisa”, que as pessoas “desapareciam”, que os carros que transportavam pessoas armadas pertenciam às forças de segurança, que aqueles que eram levados não voltavam mais, que existiam os campos de concentração. (p.81)

    Era, pois, uma medida institucional, mas irreconhecível em seus detalhes e em seus mecanismos de execução, tanto quanto o nome dos responsáveis pelas ações.

    Porém, ao contrário da previsão dos algozes, apareceram vestígios, pistas e sinais daquilo que não se pretendia tornar-se visível.

    Por exemplo, já em 1977, apareceram vários corpos nas costas dos balneários atlânticos de Santa Teresita e Mar del Tuyú, a cerca de 200 km ao sul da cidade de Buenos Aires. Os cadáveres foram enterrados como “NN” no cemitério de General Lavalle, mas antes, os médicos que os examinaram, informaram que a causa de morte fora o “choque contra objetos duros desde grande altura”.(VERBITSKY, 1995).

    Outra aparição inesperada foi a das Mães da Praça de Maio, primeiro grande grupo a se organizar contra as violações de direitos humanos. Colocando  lenços de brancos na cabeça para simbolizar as fraldas de seus filhos perdidos, as mães marchavam diariamente para protestar contra as atrocidades cometidas.  E logo que tiveram notícias sobre o desaparecimento dos bebês, criaram, também, já em 1977,  a Associação das Avós da Praça de Maio, para reivindicar a identificação do paradeiro de seus netos.

    Hoje se sabe que os recém-nascidos eram retirados de suas mães pariam na prisão, geralmente militantes de esquerda, e entregues à adoção por “apropriadores”, civis ou militares.

    Fatos como estes evidenciam como o poder que pretendia controlar o que podia ser insinuado para aterrorizar a opinião pública, chave indispensável ao sistema, e o que devia ser ocultado, foi contrariado. Os rumores escapavam-lhe.  O medo não silenciou as mulheres, e sua mobilização foi de decisiva importância para a queda do governo, bem como para a justiça de transição.

    As operações repressivas passaram a ser conhecidas. Mas os desaparecidos, semelhantemente aos mortos nos campos de concentração nazistas, como nos lembra Primo Levi, os verdadeiros testemunhos, as verdadeiras vítimas, não puderam obviamente testemunhar. Falam por eles quem sobreviveu, e deles dependemos para conhecer uma memória que não é a sua, porém, uma memória que se integra à própria memória social da Argentina.

    Considerações finais

    Realizamos, neste breve ensaio, algumas considerações sobre experiências traumáticas que levaram ao desaparecimento, precedidas por humilhações e torturas, deslocamentos forçados, eliminação da biodiversidade e prejuízo ao ecossistema do planeta, num processo contínuo e crescente.

    Nossa intenção foi a de abrir um campo de possibilidades para a reflexão sobre os elementos que se entrecruzam nestes processos aparentemente distintos. Tratamos de diferentes formas de desparecimento: os habitantes da Namíbia foram alvo de um massacre em meio a uma guerra genocida, os guarani perderam não apenas seus territórios, mas também suas relações de parentesco e sua cultura, o que pode ser compreendido como etnocídio; os resistentes argentinos, como empecilhos removíveis, foram encarcerados e muitos deles executados num total de aproximadamente 15 mil pessoas. E, em todos os casos, a tortura foi praticada.

    E a tortura é, segundo Marie Claire Caloz-Tschopp (2020), transindividual e transpolítica. Quando se instala, seja porque motivo for, força as pessoas ao silêncio, à ira, a outras mortes. Por sua própria lógica, instala o terror, que fica nas mãos de quem, pelo menos no momento da execução, tem ou imagina ter um poder ilimitado sobre o corpo do outro, não apenas para manter ou infligir dor, mas para fazer desaparecer a prova de sua existência, parcial ou integralmente. Naquele instante, o torturador é tudo para o torturado, podendo, inclusive, ser capaz de evitar sua dor.

    O desaparecimento, portanto, vai de par com a tortura. Desaparecem os direitos, o nome, o rosto, a residência, o olhar e a lembrança do mundo exterior, além da destruição dos valores e convicções e a desorganização do sujeito com o mundo (VIÑAR, 1992); desaparece a vida e, não raro, a tradição do funeral.

    Por isto, mesmo que se mantenha viva uma parte destes atingidos, a fala sobre eles é, no conjunto, inenarrável.

    Resta a memória. Memória fragmentada, que nos três casos que colocamos em evidência, o genocídio dos povos herero e nama, o etnocídio dos guarani e o desaparecimento dos resistentes, tornam-se o legado dos herdeiros. Estes reclamam o direito de falar pelas “presas” desta história e tornam-se presos a esta história.

    Conforme Gatti (2011), para os herdeiros, é como se sua história de vida não pudesse prescindir deste (mal) começo, trecho de vida que aliás, torna-se o mais significativo, uma herança.

    São rostos privados lançados a público pela deliberação de uma trajetória que não foi a sua, mas não lhes resta outra opção senão falar disto como uma dívida. Dívida que só aumenta quando disto não se fala ou pior, quando tais fatos incorrem o risco de serem negados, esquecidos ou falseados. Como no caso do primeiro governo eleito na Namíbia após a independência, que procurou relativizar o genocídio em nome das boas relações comerciais com a Alemanha; ou o caso, no Brasil, que com a ascensão do governo de Jair Bolsonaro (a partir de 2018), que negou tanto a ditadura como os crimes de estado; ou com o governo Mauricio Macri (2015-2019), na Argentina que, logo que assumiu o carfgo, pretendeu anistiar 600 presos  condenados por crimes de estado.

    A busca de reparação, de denunciar a mentira, nestes casos, é angustiante. Por isto, observa-se uma inflação de memórias e processos juerídicos nestas três regiões; parentes, amigos, historiadores, jornalistas; monumentos, museus, arquivos; pesquisas, eventos científicos, memoriais, reportagens. E para cada um destes momentos, novos testemunhos, novos fatos, novas denegações. Uma tentativa de recuperar uma história. Sobretudo, a dignidade de quem a sofreu, em seus diversos níveis geracionais. Resta saber para quem.


    Referências bibliográficas

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    BREPOHL, M. Pangermanismo e nazismo; a trajetória alemã rumo ao Brasil. Curitiba: SAMP, 2014.

    CALOZ-TSCHOPP, M.C. « Tortura e migrazioni – Torture and migration » Sapere l’Europa, sapere d’Europa. Venise: Editions Ca’ Foscari, 2020.

    CALVEIRO, Pilar. Poder e desaparecimento; os campos de concentração na Argentina. São Paulo: Boitempo, 2013.

    CHALK, Frank & JONASSOHN, Kurt. Historia y sociologia del genocídio.  Buenos Aires: Prometeo Libros, 2010.

    CONRADI, Carla. As ações do Estado Nacional e a trajetória dos Guarani ñandeva no Oeste do Paraná; 1977-1997. Mestrado. Universidade Grandes Dourados. Grande Dourados, 2007.

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    FOUCAULT, M. Tecnologías del yo. Barcelona: Paidòs, 1990.
    FOUCAULT, Michel. Em defesa da sociedade. São Paulo: Martins Fontes, 2012.

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    LEVI, Primo. Os afogados e os sobreviventes. Rio de Janeiro: Paz e Terra , 2016.

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    RAMBO, Arthur. Imigração alemã na América Latina nos séculos 19 e 20: Argentina, Brasil e Chile. Estudos Ibero-americanos, PUCRS, vol. XXIX, n. 1, p. 107-135, 2003.

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    VINÃR, Maren e Marcelo. Exílio e tortura. São Paulo: Escuta, 1992.

    WALDENFELS, B. Topographie de l ´étranger. Paris: Van Dieren, 2009.


    [1]A violência contra os nativos prossegue até os dias de hoje. Embora não seja objeto deste artigo, observam-se continuidades neste processo: na ditadura Pinochet, este mesmo povo sofreu desapropriações, ordenadas pelo governo para favorecer as empresas florestais. Quanto aos mapuches na Argentina, até hoje prosseguem reivindicando indenizações ou devolução de suas terras, sendo, em alguns casos recentes, acusados de terroristas. A este respeito, ver: http://www.cartamaior.com.br/?/Editoria/Internacional/A-dura-realidade-do-povo-Mapuche/6/24876

    [2] Sobre a correlação entre direito colonial e direito internacional, ver: NUZZO, 2011.

    [3] As atribuições da FUNAI, criada em 1967 pelo Decreto 5371/67) – Fundação Nacional do Índio, são praticamente as mesmas do Serviço de Proteção ao Índio, que foi desativado sob alegação de corrupção.

    [4] Terras a serem devolvidas ao Estado, declaradas como terras públicas, ainda que ocupadas por particulares.

    [5] Depoimento de um funcionário da Itaipu. Relatório da Comissão Estadual da Verdade Teresa Urban. TIki Books, 2017. P. 252

    [6] Outras modalidades de assassinato e desaparecimento, também ocorridas no Brasil, eram postas em prática como jogar o  cadaver nas ruas, simulando tiroteio; destroçar ou queimar o corpo para que ele não fosse identificado; e, finalmente, enterrar o cadaver em territories desconhecidos enquanto tais, em regiões longónquase clandestinas.

    [7] Do latim Nomen nescio, nome desconhecido

  • La designación en termino de “minoría étnica” en casos de genocidio

    Marion Brepohl, Universidad Federal del Paraná, Investigadora del CNPq

    Mi campo de investigación es la influencia ejercida por la Liga Pangermana en el movimiento Nacional Socialista. Para este propósito, realizo un retorno, de al menos 40 años, desde la llegada del nazismo en Alemania. Buscando identificar las experiencias y sensibilidades que dieron forma a prácticas como el racismo, el internamiento en campos de concentración, el genocidio.

    Entre estas, se encuentra un hecho que es objeto de mi estudio actual: el genocidio del pueblo herero (1904-1906). Genocidio consumado por las tropas alemanas del II Reich en la actual región de Namibia, lo cual fue precedido por el internamiento de los nativos en territorios de reservas y luego, en campos de concentración (primera vez que alemanes utilizan el término Konzentrationslager en este sentido).[1] Tal hecho, de parte del gobierno colonial, llevo al exterminio del 80% de aquella población y es conocido por los historiadores como el primer genocidio del siglo XX (BREPOHL, 2010). Siendo también el primer experimento para lo que se realizará, más tarde, en los campos de concentración nazis.

    A pesar de reconocer la singularidad de este genocidio (como el de todos y cada uno de ellos), destaco especialmente el hecho de que podemos encontrar, en la historia de la violencia colonial, procesos semejantes a éstos. Me refiero aquí al menos a otras dos regiones que están vinculadas con acciones y discursos de la Liga Pangermana: la región en entorno de la ciudad de Blumenau, en Brasil y en Argentina las regiones de Patagonia, El Chaco y Misiones; donde fueron aniquilados, respectivamente, el pueblo Laklanõ-Xokleng y el pueblo Mapuche.

    Estas tres regiones fueron ocupadas por inmigrantes de origen germánico después de la retirada de sus nativos (Rambo, 2003). Se trataba de una población blanca que aceptaba trasladarse para América o para África con el objetivo de inaugurar una utopía diferente de la que hasta el momento proyectaba. No venían en busca de metales preciosos, de enriquecimiento rápido y un posterior regreso a Europa; venían para instalar emprendimientos agrícolas y establecerse de manera definitiva. Tal población era compuesta, en su mayoría, por campesinos pobres, atraídos por la propaganda a favor de habitar efectivamente el territorio, con el apoyo del gobierno al que pertenecían y del gobierno de la región de destino.

    Esta fue una de las tantas prácticas de la Liga Pangermana. De las regiones de África que se tornaron colonias alemanas, Namibia fue la que recibió más inmigrantes germánicos. En este período, se defendía la ideología del Lebensraum (espacio vital). Lejos de ser una doctrina circunscripta a Austria e a Alemania, Lebensraum significaba expansión territorial por medio de apropiación de otras regiones del planeta (imperialismo directo) y estabelecimiento de zonas de influencia económica (imperialismo indirecto, como fue el caso de algunas regiones de América Latina). Así, con una u otra estrategia, se preveía el establecimiento de colonos que deberían mantenerse fieles a los intereses económicos y políticos de la patria de origen (Mutterland). Colonos que, procedentes del medio rural y expulsados de sus territorios por la concentración de tierras, traían consigo la ambición de tornarse Señores de la tierra (Herrenvolk); conforme la imagen que tenían de sus opresores (los Junkers). En América Latina, Oceanía y África, Lebensraum casi siempre fue traducido por Todesraum (espacio de muerte) (Brepohl, 2015). Poblar, en este caso, implicaba despoblar, recurso que será reeditado por los nazis en relación al Este europeo.[2]

    Existe otro denominador común relativo a tales regiones: las masacres, cuando mencionadas, son designadas como una violencia contra determinada « minoría étnica »; expresión ésta que sugiere al menos tres desdoblamientos. El primero es el hecho de que esta población, desde sus orígenes, es una minoría; el segundo, que los miembros de tales grupos se autocomprendían a partir del criterio eurocéntrico « etnia »; y el tercero, con repercusiones inclusive en la actualidad, de que tales grupos no pertenecen a la Historia Nacional. Entonces, no pocas veces, son objeto de estigmatizaciones que oscilan entre la criminalización y la victimización, incluyendo allí el Derecho Humanitario. Incorporando raramente en esta serie el derecho a la reparación.

    Esta es la discusión que pretendo realizar. Dado que en muchos casos, la designación minoría étnica oculta o atenúa el crimen de genocidio y sus implicaciones para la población que fue víctima de éste; en esta comunicación, intentaré centralizarme en el caso de Namibia. Por ser éste, un país que narra una experiencia bastante singular para los estudios relativos a la memoria del genocidio: el silencio, el rechazo, el activismo y la búsqueda por reparación.

    De la etnia a la nación

    El imperialismo alemán en África es poco conocido, debido a su breve período de existencia (1884-1917) y a su irrelevancia para el desarrollo de la economía alemana. Sin embargo, fue allí que se realizaron experiencias científicas orientadas por la eugenesia; que se elaboró una doctrina para la formación de un Estado racial; y que se construyeron campos de concentración de trabajo esclavo y de exterminio, experiencias que serán reeditadas, en parte, por la Alemania nacionalsocialista.

    En Namibia, estos colonos blancos, aunque pocos (representando hoy el 5% de la población), constituyen la elite social y económica. La independencia del país y la composición de un gobierno que incluía personas de color, en 1990, no produjeron la superación de la desigualdad. Según datos del 2005, el segmento blanco, aunque minoritario, poseía más del 50% de las tierras cultivables.[3]

    Compite con tal desigualdad el hecho de que Namibia, a partir de 1920, quedó bajo el mandato de África del Sur, imponiendo sus leyes e inclusive, a partir de 1948, el apartheid. Y a pesar del apartheid haber concluido, la desigualdad social todavía divide al país entre personas de color (las más pobres) y blancos.[4]

    Las luchas por la independencia fueron emprendidas por la SWAPO (South Africa People’s Organization), cuyos líderes, de tendencia panafricanista, asumieron el gobierno después de la emancipación. Debido a esta coyuntura, es comprensible que la superación del pasado reciente – del fin del apartheid – fuese el acontecimiento más celebrado. Además, el presidente Sam Nujoma (con mandato de 1990 a 2005) pertenecía a la etnia mayoritaria, la Ovambo, que representa al 50% de la población original y fue entre ellos que Nujoma inició su militancia de tendencia marxista. Por este y otros motivos, rechazó la política de identidad pautada en diferencias “étnicas”, según su propio discurso. La religión mayoritaria es la cristiana (casi el 90% de la población), aunque existen divisiones internas directamente asociadas a filiaciones políticas y concepciones teológicas de tendencia quietista o inconformista.

    A pesar de la memoria de las luchas por la independencia de África del Sur alcanzar la hegemonía, fue a partir del año 2000 que una serie de acontecimientos se tornaron responsables por el rescate del período colonial, entre ellos y más importante, la memoria del genocidio del pueblo herero (1904-1906). Los protagonistas de esta iniciativa fueron los descendientes del pueblo herero, que representan el 7% de la población, sin siquiera contar con un apoyo oficial significativo. Las alegaciones realizadas se vinculaban a la política de aproximación con Alemania, con implicaciones muy pragmáticas. Desde su independencia, el gobierno namibiano paso a recibir un significativo apoyo financiero de Alemania, así como de ONGs y del poder público. Resaltando que Namibia es un centro turístico para los alemanes, que cuenta con hoteles y demás servicios en idioma alemán, incrementando de esta manera las ganancias del país.

    Quisiera citar otros factores como, por ejemplo, uno de los lugares de memoria del genocidio que se sitúa en Okahandjia, celebrado como el habitat de los ancestrales, por lo tanto, considerado un territorio sagrado. No obstante, allí también se localiza una zona turística que, por razones económicas, no respeta los rituales en favor del comercio de artesanías.

    La reivindicación por reconocimiento y reparación se centra en el acontecimiento del genocidio como un hecho político imperialista, por lo tanto, transnacional. Si bien, la identidad cultural herera es indisociable de tal acontecimiento, pues recuerda la condición de pueblo libre, cuando éste se concebía como una nación con identidad lingüística, religiosa y cultural propia. Dicho modo de festejo es mucho más visto como representativo de la historia de una etnia, que como trauma nacional.

    Se suma a esto el significado de tal acontecimiento para Alemania: serían dos genocidios prácticamente consecutivos, lo cual afectaría fuertemente la autoimagen del país, en especial, en lo que se refiere a las narrativas sobre la República de Weimar, evaluada como un período democrático y de avances de políticas progresistas y democráticas. Implicaría también en indemnizaciones y determinación de responsabilidad. [5]

    Además de estos conflictos de intereses, existe el hecho de Namíbia estar compuesta por diversos grupos sociales que se conciben, desde del colonialismo, como etnias. Por un lado, los de origen nativo, entre ellos, los namas, ovambo, herero, sam y tswana, y por el otro, los de origen europeo, descendientes de ingleses, alemanes y sudafricanos. Existe, según Silvio Correa, más allá de la memoria oficial, con orientación panafricanista, al menos otras tres memorias que entran en disputa: la de los descendientes de europeos que, generalmente, niegan el genocidio y tratan la cuestión como una guerra de la cual ellos saldrían victoriosos y cuya celebración es a la memoria de los soldados; la memoria de los namas, que lucharon en la misma batalla y también fueron masacrados, pero que no se organizaron, hasta hoy, como objeto de crimen de genocidio; y, finalmente, la memoria de los hereros, como ya fue comentado. Tales memorias no pueden ser sumadas, puesto que atribuyen significados diferentes al pasado y en ocasiones muy conflictivos.

    De acuerdo con Silvio Correa:

    En algunos momentos o en algunos lugares, las minorías étnicas enfrentan ciertas dificultades para realizar sus conmemoraciones u otras formas de culto a la memoria colectiva. El culto a la memoria de una minoría étnica puede provocar sanciones de los demás grupos minoritarios o del /de los grupo/s mayoritario/s, principalmente cuando esos grupos también compartieron la misma experiencia, u otra, similar. (2013, p. 92). ]

    Estos hechos ilustran las dificultades en el tratamiento político y académico de las memorias subterráneas; apuntan inclusive para la ambivalencia del concepto de etnia. Para los hereros, tal identidad no existía, el término herero significaba tan solo “antiguos”, sin juicio de valor y mucho menos designando un hábitat establecido. Curiosamente, la segunda y tercera generación asocia el nombre herero a “guerrero”, pero no a etnia. Mientras que de acuerdo a la proyección europea, son una etnia definida como un grupo con territorio, rasgos fenotípicos e idioma bien delimitados.

    Según la mayoría de los germano-namibianos, se trató de una guerra en la cual los nativos fueron vencidos, por lo tanto, no cabría la conclusión de tratarse de un crimen de genocidio. Sin embargo, la declaración del comandante de la tropa, en aquel entonces, fue explícitamente dirigida en el sentido de exterminio.

    Estas fueron las palabras del General Lothar von Trotha

    Yo, el gran general de los soldados alemanes, envío esta carta al pueblo herero; ustedes no son más súbditos de Alemania; mataron y robaron, mutilaron orejas y narices de soldados y cortaron otras partes del cuerpo, y quieren ahora por cobardía desistir de luchar. Yo les digo: aquel que entregue en mi puesto a uno de sus capitanes como prisionero, recibirá mil marcos, y aquel que traiga a Samuel Maharero, recibirá 5 mil marcos. El pueblo herero debe ahora abandonar esta tierra. A los que no lo hagan, los obligaré por la fuerza. Todo herero que se encuentre dentro del territorio alemán, armado o desarmado, con o sin ganado será fusilado. No se permitirá que permanezcan en el territorio mujeres o niños, y se les expulsará para que se unan a su pueblo o serán pasado por las armas. (…)[6].

    Además de esta orden, mencionemos una vez más, los campos de concentración y el trabajo esclavo. No obstante, lo que prevaleció hasta hace poco tiempo fue la memoria del colonizador. Ponderándose la capacidad de conquista y de emprendimiento del europeo, encubriendo cualquier hecho y cultura del nativo. Los pocos lugares de memoria, existentes hasta el siglo XXI, eran denominados etnográficos, tendenciosamente; especialmente cuando alusivos a la población blanca, como eventos formadores de la nación.

    En el año 2004, a partir de la conmemoración del centenario del genocidio, 5 años después de la independencia, este cuadro empezó a alterarse, recayendo exactamente sobre las políticas de memoria. Ilustro tales cambios con hechos recientes relativos al patrimonio histórico de la ciudad de Windoeck, capital de Namibia. Hasta el año 2013, en el centro de la ciudad, casi en frente al templo de la Catedral Luterana, se erigió el monumento al “colono alemán” (Reiterdenkmal), construido en 1912. Figura que, montada sobre un caballo, llevaba vestuarios de soldado; indumentaria que no representaba la realidad de los campesinos que allí se instalaron. Para la conmemoración del centenario, este monumento fue retirado y transferido para el Museo Alte Feste (Museo Nacional de Namibia), cuya edificación fuera una fortaleza de tropas coloniales alemanas. En su lugar, fue construido el Memorial de la Independencia, tornándose éste el principal atractivo turístico de la ciudad. Compuesto por el Museo de la Independencia (un edificio portentoso y moderno de tres pisos que narra la historia reciente del joven país, dando énfasis a la emancipación). Junto a tal edificación encontramos la estatua de Sam Nujoma, primer presidente de Namibia (ocupando exactamente el lugar del antiguo monumento al colono); y el monumento al genocidio. Esta estatua no hace mención apenas a un pueblo, sino que sugiere todas las luchas de resistencia: en ella se encuentran representados un hombre y una mujer de brazos enlazados con cadenas rotas en sus manos y, en su frente, un panel ilustrando los pueblos nativos ahorcados por soldados alemanes durante el genocidio. La frase « Their Blood waters our Freedom » (Su Sangre riega nuestra Libertad) se encuentra escrita en el monumento, recordándonos el sacrificio de todas las víctimas del genocidio y de todos las naciones que lucharon por la independencia de Namibia.

    A su vez, en la litoránea y turística ciudad de Swakopmund, a inícios del 2017, activistas mancharon con tinta roja el monumento a la marina; que recuerda un enfrentamiento entre los nativos y las tropas alemanas de 1907; en éste, se puede ver la representación de un soldado con un rifle en la mano y otro, caído a su lado.

    Para el concejal y anciano de Swakopmund Uahimisa Kaapehi, la búsqueda por reparación debe continuar, pues éste reconocimiento no servirá apenas como un poderoso precedente para otros países africanos que sufrieron bajo el dominio colonial, sino también significará que “a pesar de que estos países superpoderosos se encuentren atacando Libia, Irak, Afganistán. . . . . [they will know that] these people, even after one hundred years, will also stand up [and demonstrate] that what you did, was not according to the law.” This presumably is just the kind of precedent that Germany and other major powers including the United States seek to avoid. [ellos sabrán] que esas personas, aún después de cien años, también se levantarán [y demostrarán] que lo que hicieron, no estaba dentro de la ley. ”[7]

    Sin duda, estos son ejemplos de cambios significativos de una política de memoria que se pretende cosmopolita, una meta-memoria. De este modo, aunque el genocidio no haya sido reconocido por el gobierno alemán, se pone en evidencia la fuerza y la fragilidad de las memorias subterráneas y rebeldes.

    A propósito de esta fragilidad, remarcamos las consideraciones de la estudiosa Gayatri Spivak (2010), sobre la condición pos-colonial. Al intitular uno de sus textos ¿Puede el subalterno hablar? empleando el verbo modal inglés “can”, la autora sugiere al lector algunas indagaciones: ¿El subalterno sabe hablar? ¿Es permitido que hable? E inclusive, ¿existe la posibilidad de ser oído? ¿Tiene él ese interés? ¿Consigue comunicarse? ¿En cuál idioma debe hablar? Son éstas, evocaciones que nos colocan el desafío de pensar que la resistencia a la subalternidad implica que no se hable por él, en representación del subalterno, sino que se críen situaciones para que él pueda ser oído a partir de su propio lenguaje. No obstante, como evalúa Judith Butler (2010), los subalternos se insieren en el contexto en que las vidas son señaladas como precarias, no de todo valiosas, pues son oriundas del “afuera” del mundo consagrado como Occidental.

    Las vidas se dividen en las que representan a ciertos tipos de Estados y las que representan una amenaza a la democracia liberal centrada en el Estado, de manera que la guerra puede hacerse entonces con total tranquilidad moral en nombre de algunas vidas, al tiempo que se puede defender también con total tranquilidad moral la destrucción de otras vidas (p. 84).

    Aquellos que están fuera, por lo tanto, estigmatizados como pre-modernos, incivilizados, fanáticos religiosos o simplemente inferiores, no son dignos de ser llorados, al menos no como los que están “dentro”.

    Vidas que no necesitan ser lloradas, que no tienen voz, que no necesitan ser oídas, pero también vidas que no dejan de ser recordadas. Su recuerdo no alcanza el estatuto de memoria social y aparecen como accidentes de una historia más amplia, la “Historia Mundial”, de la cual hacen parte apenas como minoría u excepción.

    Namibia es un caso que merece ser destacado, si bien, no como un capítulo de la historia regional, sino como un campo de disputa entre memorias oficiales y memorias subalternas. Como nos recuerda Pollak, paso a paso, los activistas reivindican su pasado, a medida que

    (…) prosiguen su trabajo de subversión en el silencio, de manera casi imperceptible, y afloran en momentos de crisis con sobresaltos bruscos y exacerbados. La memoria entra en disputa. (…) Los objetos de investigación son elegidos de preferencia donde existe conflicto y competición entre memorias rivales (Pollak, 1989, p. 3).

    La subversión de las memorias provoca, por lo tanto, un movimiento intelectual, cultural y político. En muchos casos, coopera contra la invisibilidad de grupos subalternos, revelando su derecho a la memoria; y a veces, los transforma en memoria de una minoría étnica, contribuyendo para tornarla minoría. Y esto porque, conforme Mamdani (1998), la raza define al blanco, en un sistema binario, siempre diferente y superior al no blanco; en cambio la etnia define a los demás, separándolos en diversos grupos. Conforme este autor, el dualismo racial se hace acompañar por el pluralismo étnico, de donde son seleccionados los que son considerados potencialmente más colonizables en su subjetividad, los más próximos al sistema de dominación. Y, cuando tal pluralismo es adoptado por los colonizados, la máxima “divide et impera” pasa a valer también entre los nativos, como ocurrió en Ruanda (MAMDANI, 1995). No obstante, las memorias pueden superar al universo local y a la mentalidad colonialista, como parece estar ocurriendo en Namibia, y tal vez desencadenar otras reivindicaciones en países y regiones con un pasado colonial semejante al de éste país. En este caso, la política de memoria sugeriría un nuevo comienzo.

    Referencias Bibliográficas

    BREPOHL DE MAGALHÃES, M. Homens e mulheres falando em genocídio; a experiência imperialista alemã. História: questões e debates. Curitiba, n. 52, p. 149-175. Jan/jun 2010. Editora da UFPR.

    BREPOHL, M. Sur l ´emprise du Droit colonial. In: ENRIQUEZ, Eugène. L ´arrogance; un mode de domination néo-libéral. Paris: Editions In Press, 2015.

    BUTLER, Judith. Marcos de Guerra; las vidas lloradas. Buenos Aires, Paidós, 2010.

    CHALK, Frank & JONASSOHN, Kurt. Historia y sociología del genocidio.  Buenos Aires: Prometeo Libros, 2010.

    CORREA, Silvio. História, memória e comemorações. Revista Brasileira de História. Vol. 1. N. 61. Associação Nacional de História, 2013. P. 92

    MAMDANI, M. When victms become killers; colonialismo, nativs and the genocide in Rwanda. Princeton, New Jersey: Princeton University Press, 1995.

    MAMDANI, M. Ciudadano  y súbdito y el legado del colonialismo tardio. Madri: Siglo Veinteuno, 1998.

    OLUSOGA & ERICHSEN, The Kaiser´s hoplocaust; Germany´s forgotten genocide and the colonial roots of nazism. London: Faber and Faber, 1988

    POLLAK, M. Memória, esquecimento, silêncio. Estudos históricos. Rio de Janeiro, vol. 2. n. l, 1989, p. 3.

    SMITH, Woodruff. The ideological origins of nazi imperialism.  New York/Oxford: Oxford University Press, 1986.


    [1] Los objetivos de este artículo no nos permiten describir, en detalle, semejanzas y diferencias entre los campos de concentración de Namibia y los de Europa. Es importante destacar, no obstante, que los hereros libraron una guerra contra las tropas alemanas, lo cual no fue uno de los principales objetivos de la persecución nazi, a pesar de que muchos de ellos eran, inclusive, ciudadanos alemanes. Sin embargo, el uso del cuerpo de los prisioneros para experiencias científicas así como su utilización como mano de obra esclava, además del exterminio, nos da muestras de que, en ambos casos, la variable ‘raza’ fue decisiva para la deshumanización de aquellos individuos. A respecto de esto, consultar en: OLUSOGA & ERICHSEN, 1988.

    [2] Hitler planeaba convertir al Este europeo, según él, ocupado por la “raza eslava”, en una colonia alemana, con moldes semejantes a las colonias inglesas de África y de Asia. (SMITH, 1986).

    [3] En 2006, el presidente Hifkepunye Pohomba inició una tímida reforma agraria, realizando una redistribución de tierras destinada a 250 mil labradores negros (para una población de 2.459 millones de habitantes, siendo 61% del área rural) lo cual mantuvo la grave situación de concentración de la riqueza, debido al desempleo y a la concentración de desempleados en zonas urbanas.

    [4] Aunque el PIB de Namibia sea 5 veces mayor al de otros países pobres de África, el índice de Gini indica una de las mayores concentraciones de renda del mundo (0,70 en 2013).

    [5] El proceso de reconocimiento aún se encuentra en tramitación judicial, puesto que los descendientes de las víctimas exigen recuperación formal del gobierno alemán. A respecto de esto, consultar en: Alemanha enfrenta batalha legal por crimes coloniais. In: https://www.dw.com/pt-br/alemanha-enfrenta-batalha-legal-por-crimes-coloniais/a-42292850

    [6] General Lothar von Trotha. Al comando de las tropas de ocupación, 2/10/1904.  WWW.deutsche-schutzgebiete.de/von_trotha.html

    [7] Namibia’s Monuments to Genocide https://www.dissentmagazine.org/blog/namibia-genocide-monuments-reparations-germany