Marion Brepohl, Université Fédérale du Paraná
De l’extermination d’espèces animales ou végétales, des massacres administratifs des groupes sociaux désignés comme des minorités ethniques qui résistent à des groupes plus forts du point de vue militaire, du génocide. De la dévastation de l’environnement, de l’atteinte à la biodiversité, des déplacements forcés, des persécutions et de la torture de personnes identifiées comme des ennemis politiques, des exils, des camps de concentration, des armes chimiques, du génocide.
Ces événements couvrent les XIXe et XXe siècles et ont des dénominateurs communs. Il s’agit manifestement d’actes violents, acceptés ou du moins socialement tolérés au nom d’un système de valeurs qui désigne d’une certaine manière l’autre comme inférieur ou hostile et entraîne la disparition de populations, d’écosystèmes et de cultures.
Quant aux auteurs, ils sont choisis dans les encadrements des pouvoirs officiels, mais pas parmi leur élite, étant facilement remplaçables ; un pouvoir institutionnel, mais, même d’un point de vue stratégique, pas totalement reconnaissable en tant que tel.
Dans cet essai, j’ai l’intention de retracer quelques moments de l’histoire contemporaine pour réfléchir à la disparition — qui s’accompagne, à mon avis, de l’invisibilité — pour ensuite proposer un champ de réflexion qui demandera nécessairement une étude plus longue, de nature interdisciplinaire et concernant de nouveaux thèmes, catégories et concepts.
La disparition à l’ère des Empires
Carl Schmitt, 1958
Celui qui s’approprie, cultive, divise et nomme. Mais le premier acte est de s’en approprier.
Depuis la fin du XVIIIe siècle, le gouvernement s’exerce sur la population et non plus sur le territoire. C’est la biopolitique par laquelle, selon Michel Foucault, la pratique de gouvernement tente de rationaliser ces phénomènes qui impliquent un ensemble d’êtres vivants, constitués en population ; des problèmes liés à la santé, à l’hygiène, à la natalité, aux races, à la longévité (FOUCAULT, 1990). Mais la personne qui soigne ceux qui doivent vivre et qui décide comment ils doivent vivre est également celle qui soigne ceux qui doivent mourir et qui décide comment ils doivent mourir. Ainsi, à partir de l’Europe, du début du XIXe siècle jusqu’à nos jours, ce critère a été plus ou moins conçu en tenant compte du rôle de la race ; la vie qui doit s’améliorer parce qu’elle est supérieure ou susceptible de s’améliorer, ou celle qu’il faut éliminer parce qu’elle est inférieure ou dégénérée (FOUCAULT, 2012).
Dans ses caractérisations les plus diverses (ethnie, phénotype, biotype, tempérament, culture, degré de métissage, etc., autant de savoirs pour différencier les blancs des non-blancs), la race a défini, en parallèle ou intégrée au Libéralisme, l’État racial et ses mécanismes d’appropriation de l’autre, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Europe (WALDENFELLS, 2009).
À partir de ces demandes, des agents du gouvernement ont entrepris plusieurs initiatives visant le dépeuplement du pays afin d’y installer une population blanche destinée à l’exploitation économique associée au système capitaliste européen. Il s’agissait d’un mouvement migratoire qui intégrait le processus d’expansion de l’économie mondiale unique, incorporant des territoires par une domination directe ou indirecte (HOBSBAWM, 1988). Les régions de destination, en règle générale, étaient situées dans la zone méridionale de l’Amérique, de l’Afrique et de l’Océanie, dont l’occupation était jusqu’alors entravée par la difficulté d’accès. Après le développement d’un bon réseau de transport, une opportunité s’est ouverte pour la colonisation des terres compte tenu d’une certaine similitude avec le climat européen.
Quoique brièvement, je voudrais citer quelques exemples où les indigènes ont été éliminés ou assujettis en raison de la politique de colonisation, en essayant de démontrer le caractère transnational de telles initiatives.
Guerre noire était une expression utilisée dans l’historiographie pour souligner l’extermination de la population indigène de Tasmanie par les Anglais, entre 1828 et 1832. Cependant, depuis 1803, les troupes britanniques occupaient déjà l’île et l’utilisaient comme colonie pénitentiaire. Les Britanniques exploitaient comme main-d’œuvre les condamnés qui s’y rendaient pour purger leur peine, et y développaient l’élevage de bétail. Vu le succès de l’entreprise, d’autres vagues migratoires se sont déplacées vers l’île, et y ont pratiqué, en plus de l’agriculture et de l’élevage, la chasse aux baleines et aux phoques. (CHALK & JONASSOHN, 2010, p. 224 et suiv.). Avec l’expansion démographique et la résistance conséquente de la population locale, les pratiques d’extermination ont commencé.
Autre exemple de l’Empire britannique concernant l’extinction des peuples autochtones : en 1879, ses troupes ont décimé le peuple zoulou, dans une guerre connue sous le nom d’Anglo-Zouloue. C’étaient des indigènes qui avaient résisté à l’offensive des Boers et des Britanniques ayant pourtant succombé en raison de la haute technologie de guerre employée. Cette région est devenue le théâtre d’une dispute entre les Boers et les Britanniques, les premiers intéressés à la création de fermes utilisant la main-d’œuvre indigène, les autres, intéressés au renforcement de l’exploitation des mines d’or et de diamants.
Ce cas mérite une attention particulière, car c’est là qu’une théologie néocalviniste s’est consolidée, en fait, une théologie devenue idéologie, ce qui justifierait, depuis le milieu du XIXe siècle, la séparation des peuples par ethnies, les blancs ayant pour mission de gouverner les autres, l’inspiration pour l’apartheid.
Considérons deux régions dont l’occupation est célébrée comme un chapitre important de la colonisation pacifique de l’Amérique, l’établissement des immigrés européens dans des « vides démographiques ». Dans nos recherches, nous avons observé des sociétés colonisatrices qui entreprenaient l’occupation de territoires guidées par la Ligue pangermaniste autant en Amérique que dans plusieurs territoires en Afrique ; comme l’Allemagne n’avait pas autant de territoires d’outre-mer que la France et l’Angleterre, la Ligue soutenait des initiatives définies comme l’élection de zones d’influence économique, et comptait sur le consortium entre hommes d’affaires allemands et colons d’origine germanique installés dans d’autres pays (BREPOHL, 2014). Ce fut le cas de la ville appelée aujourd’hui Blumenau, en Santa Catarina, Brésil, occupée par des immigrés d’origine germanique, dont le voyage et l’installation initiale ont été promus par ces entreprises-là.
Entre 1850 et 1914, des Indiens ont été expulsés de leurs terres ou tout simplement assassinés par les « bugreiros », nom attribué aux gens qui pratiquaient le massacre des indigènes en vue de dépeupler le territoire. Ils étaient payés par le gouvernement et par les sociétés de colonisation pour capturer et, dans de nombreux cas, tuer ceux qui étaient considérés comme une « menace pour la civilisation ». Ils tiraient des coups de feu pour semer la panique, puis ils attaquaient à la machette ; ils déchiraient la chair des hommes et des femmes avec des couteaux aiguisés, en frappant au ventre, aux dos et à la gorge ; les enfants étaient jetés en l’air pour tomber sur la pointe de la machette. Ensuite, des colons européens pour la plupart d’origine germanique ont été installés comme résultat d’un processus de négociation avec le gouvernement impérial brésilien, qui a assuré que ces terres étaient exemptées de « bugres ».[1] (MACARIO, s / d)
Pacification de l’Araucanía c’est le nom que les Espagnols ont donné aux conflits qui ont conduit à l’extermination d’une bonne partie de la population mapuche, dans la région sud du Chili (1862-1883), ce qui a été fait pour favoriser l’installation des migrants germaniques. Toujours en Argentine, dans les régions de Patagonie, El Chaco et Missiones, la majorité de ce contingent a subi plusieurs attaques, dont la plus importante est celle connue sous le nom de La bataille du désert, qui a eu lieu en 1870, où des immigrants d’origine germanique se sont déplacés dans le but de développer l’agriculture (RAMBO, 2003).[2]
Enfin, prenons l’exemple de la Namibie, que nous examinerons plus en profondeur, compte tenu de son caractère relativement unique. Autrefois connu sous le nom de Südwestafrika (Afrique du Sud-ouest allemand), ce protectorat a également été occupé par une population blanche d’origine germanique, non sans conflits et résistances.
À tel point qu’entre 1904 et 1906 une guerre éclate qui aboutit au premier génocide du XXe siècle. Il convient de noter que la méthode utilisée a été particulièrement cruelle. Les populations Nama et Héréro ont été emmenées par les troupes allemandes dans le désert d’Omaheke, où tous les puits avaient été empoisonnés. Les soldats avaient reçu l’ordre de tuer tous — hommes, femmes et enfants — qui tentait de s’échapper. Les rares qui sont restés en vie — environ 20 % de la population — ont été internés dans des camps de concentration, où les femmes ont été traitées comme des esclaves sexuelles et les hommes utilisés comme des cobayes pour des expériences scientifiques et aussi comme main-d’œuvre pour la construction du chemin de fer « Swapokmond-Windoeck » (BREPOHL, 2010).
Dans cette région, des camps de concentration ont été créés (c’est la première fois que le gouvernement allemand utilise ce terme, précisément, Konzentrationslager), où la maladie, la famine, les abus et le travail acharné ont entraîné la mort de prisonniers et prisonnières.
La propagande positive qui a été faite de cette guerre n’a pas été moins importante ; le pouvoir impérial les avait vaincus, les ennemis, qui voulaient usurper « leur » droit au territoire.[3]
Cet événement est resté pratiquement ignoré pendant un siècle. Après tout, comme l’Allemagne a perdu ses colonies et comme la Namibie est devenue d’abord un protectorat anglais et après, même si de manière illégitime, une province d’Afrique du Sud où l’on pratiquait l’apartheid, il n’y avait donc aucune raison de reconnaître ou de s’étonner des violences perpétrées auparavant. En outre, la population blanche qui y est restée a entrepris une politique de mémoire qui louait le colonisateur, à travers l’image héroïque d’un entrepreneur, semblable à celle de Blumenau, au Brésil.
Ainsi, l’histoire du génocide est devenue invisible pendant longtemps et ne réapparaîtrait qu’avec la proclamation de l’indépendance de la Namibie en 1990 et la commémoration ultérieure du centenaire de la guerre en 2004, lorsque les familles des victimes ont commencé à demander au gouvernement allemand la reconnaissance du génocide.

Traduction de la légende :
Carte postale, dont la légende, en traduction libre, est la suivante : Un cercueil contenant des crânes de Héréros a été récemment scellé et envoyé à l’Institut de Pathologie de Berlin, où ils doivent être utilisés pour des mesures scientifiques. Les femmes Héréro ont enlevé la chair, la peau et les cheveux de ces crânes à l’aide de verres brisés. Les crânes sont ceux de Héréros tués au combat ou emprisonnés.
Il convient de rappeler que le racisme, la police secrète, la torture et le génocide étaient des pratiques entamées en Afrique et qui, selon Hannah Arendt (1978), ont servi comme laboratoire de ce qui se passerait en Europe au XXe siècle.
Et pas seulement pour les prisonniers des camps de concentration, ce qui est bien connu. Je veux souligner ici le cas de la Tchécoslovaquie, qui n’est pas toujours associé à l’expérience impérialiste. Cependant, il s’agit de la première conquête territoriale des nazis et Heydrich Muller, une fois nommé gouverneur, a déclaré : « Toute cette région sera un jour définitivement allemande et les Tchécoslovaques n’auront rien à faire ici » (NEBE, 2019). Selon lui, environ les deux tiers de la population finiraient par être déplacés vers les régions de la Russie ou exterminés après la victoire de l’Allemagne nazie dans la guerre. La Bohême et la Moravie seraient annexées par le Reich allemand.
Ils ont imposé le travail forcé aux Tchécoslovaques. Plus de cent mille travailleurs ont été retirés de leurs emplois « inadéquats » et recrutés par le ministère du Travail. Et les heures de travail sont passées de huit à douze heures à partir de février 1942.
Le massacre le plus connu, précisément à cause de la propagande faite par le gouvernement nazi lui-même, a été celui qui a pratiquement fait disparaître la petite ville de Lidice, qui a été entourée par les troupes nazies, empêchant ses habitants de partir. Tous les hommes de plus de dix-huit ans ont été séparés des femmes et des enfants, confinés dans un grenier et fusillés en petits groupes le lendemain. Les femmes et les enfants de la ville ont été tous envoyés au camp de concentration réservé aux femmes de Ravensbrück, où la grande majorité mourrait plus tard à cause du typhus et de l’épuisement dû au travail forcé. Le modèle était donc une colonie de travail forcé et l’extermination d’une partie des prisonniers était prévue. Ce n’est pas très différent de ce qui a été fait en Namibie à l’époque des conflits avec les peuples Héréro et Nama.
Ces exemples illustrent ce que le juriste Carl Schmitt conclurait comme une ligne directrice expansionniste à suivre. Selon lui, l’espace non européen était un espace vide de droits et la domination — dans ce cas, la domination d’États forts sur des territoires inoccupés — garantirait l’équilibre des forces, c’est-à-dire la paix dans l’espace intraeuropéen. Après tout, depuis les premières conquêtes outre-mer, tout territoire non européen avait été considéré comme un espace à s’approprier, puisqu’il s’agissait d’un territoire non gouverné. Pour cette raison, l’autre ne pouvait pas être considéré comme un adversaire ou un voisin, mais comme un sujet hostile à déposséder, un ennemi, non pas parce qu’il était méchant en soi, mais parce qu’il résistait à l’élargissement de la frontière voulu par le plus fort (2005).
Dans ce contexte, la guerre était la seule stratégie dans les relations internationales. La guerre, pour l’auteur, c’est une possibilité réelle d’existence politique et il ne serait possible de penser les relations internationales en termes de catégories universelles que dans un monde entièrement dépolitisé, dans lequel la notion même de relations internationales pourrait peut-être ne plus avoir de sens. (FERREIRA, 2018)
Mais pas seulement les relations internationales ; le politique lui-même est pensé à partir de l’idée d’inimitié dans son livre O conceito de político [La notion de politique] (1992) dans lequel on ne peut pas être surpris de sa réflexion sur la dictature, qui consiste dans le moment où l’État réprime un soulèvement par une force immédiate (SCHMITT, 1968, p. 25). L’auteur semble suspendre le politique, ou plutôt soustraire au politique toute prétention de civilité, en justifiant la violence de l’État non pas pour arrêter la violence sociale, mais pour s’approprier l’ennemi. Ce n’est pas par hasard si Schmitt allait guider de nombreux militaires latino-américains dans leur lutte contre l’opposition et la résistance sur le continent, comme nous le verrons par la suite.
Disparition et Dictature ; la fin du peuple guarani et la disparition des subversifs
Je me permets maintenant un déplacement en Amérique latine, où j’ai sélectionné deux expériences de disparition, l’une au Brésil, l’autre en Argentine.
Dans le cas brésilien, la construction d’une centrale hydroélectrique, la migration forcée et la disparition du peuple guarani.
Comme on le sait, l’invasion des terres autochtones des Amériques remonte à leur occupation par les Européens. C’est une histoire, à elle seule, de disparition et d’extermination, mais aussi de l’intériorisation de ces peuples et de la manière dont ils ont stratégiquement développé des méthodes de gestion des ressources naturelles qui se sont avérées fondamentales pour la préservation du couvert forestier au Brésil.
Cet écosystème est de plus en plus menacé au XXe siècle, alors que le développement agricole commence à atteindre les régions frontalières occidentales. Afin d’apaiser ou du moins d’atténuer la violence contre les peuples d’origine, qui se sont toujours opposés aux attaques, plusieurs lois de protection ont été élaborées dans une perspective colonialiste, dont le décret 8072 de juin 1910 se distingue ; il a créé le Service de la protection des Indiens pour assurer de petites réserves territoriales aux peuples indigènes. Ce qui était prévu, de la part des soi-disant nationaux, c’est que ces populations s’assimileraient à la culture dominante et s’intégreraient progressivement, c’est-à-dire qu’elles deviendraient des travailleurs ruraux, voire urbains, en condition de subalternité.
Ces tensions ne font qu’empirer avec l’avènement de la Dictature militaire et son orientation développementiste. Même avec la création du Statut de l’Indien, en 1973, qui devrait théoriquement veiller à la préservation de ses us et coutumes, et d’une dotation budgétaire importante pour la délimitation de leurs terres sous la responsabilité de la FUNAI — Fundação Nacional do Índio [Fondation nationale de l’Indien][4], avec l’ouverture de routes et la construction de grands ouvrages tels que, par exemple, la centrale hydroélectrique d’Itaipu et la route Transamazonienne, plusieurs communautés indigènes ont été touchées, soit par contamination par des maladies pour lesquelles elles n’avaient pas d’immunité, soit par des expropriations. En outre, en raison de la résistance, il y a eu des actions de violence explicite et de la violation des droits.
C’est dans ce processus d’extermination continue des personnes et de la biodiversité entretenue par sa culture matérielle que s’inscrit l’histoire de la construction d’Itaipu Binational, célébrée comme la plus grande entreprise au monde à fournir une énergie propre et renouvelable, étant responsable de la consommation de 11,3 % de l’énergie au Brésil et de 88,1 % au Paraguay. Elle dispose d’un important parc technologique et subventionne une université qui accueille des étudiants d’Argentine, du Paraguay et du Brésil.
Le projet, mené par les gouvernements paraguayen et brésilien, a débuté en 1973 et comprenait, entre autres mesures, l’incorporation de 12 000 hectares, qui étaient désormais considérés par l’INCRA — Institut national de la réforme agraire, comme terrain vacant.[5]
La population guarani qui y vivait depuis 500 ans a été expulsée de ses terres par une manœuvre juridique qui entraînerait la disparition de sa culture et même d’une bonne partie de ce groupe social. Les paysans ont également été expropriés et déplacés vers d’autres régions, qui avaient des terres moins productives, ou sont devenus des travailleurs salariés. Et cela a été assuré par deux organismes créés pour garantir la sécurité des habitants, après tout, l’INCRA avait la tâche de distribuer les terres (en réalisant la réforme agraire) et la FUNAI — Fundação Nacional do Índio [Fondation nationale de l’Indien], celle de veiller aux droits des populations indigènes.
L’une des tactiques était d’agresser au moyen de coups violents, incendier leurs maisons et proférer des menaces, afin qu’ils fuient leur habitat d’origine.
Lourenço Figueiredo, un indigène qui fait référence à Itaipu comme s’il s’agissait d’une personne et non d’une entreprise, rend le témoignage suivant :
Qu’allons-nous faire ? Itaipu a dit : « dégage tout le monde ». Je m’en suis allé, j’ai quatre enfants… alors je suis allé à Santa Helena. J’ai trouvé Prates, tant mieux, le maire qui m’a décroché un boulot. Puis il a renvoyé tout le monde, il n’a rien payé notre terre […] On a tous pleuré, allez au Paraguay, allez au je ne sais pas où […] On vivait sur la terre. Quoi faire, ça servait à rien de se plaindre, n’est-ce pas ? J’ai pris mon sac à dos, j’ai demandé au conducteur de m’emmener en ville et je m’en suis allé […] il a dit qu’on n’avait pas le droit. Mais quoi faire ? À cette époque-là, l’armée donne les ordres, n’est-ce pas ? […] À cette époque-là, il n’y avait pas de loi, rien. C’est maintenant qu’il y a beaucoup de lois […]. On va rester comme ça, n’est-ce pas ? On devait avoir demandé à Itaipu de nous acheter cette terre, n’est-ce pas ? Quand Itaipu est venue en portant un casque, « dégage tout le monde ». À cette époque-là, il n’y avait pas de loi, rien […]. Je suis resté tout seul. Mes camarades du village sont allés au Paraguay. Je suis resté pour travailler[6]. (dans Rapport de la Comissão Estadual da Verdade, [2012] [Commission d’État de la Vérité], 2017, p. 237).
Le voyage au Paraguay semble se dérouler comme prévu, car les indigènes ont été pratiquement poussés de l’autre côté du fleuve. Pourtant cet « autre côté » n’était plus le Brésil, mais le Paraguay, et là ils n’étaient plus sous la juridiction du gouvernement. S’ils revenaient, ils auraient manqué la date limite de négociation sur les droits aux indemnisations.
De la part de la FUNAI, le département chargé de la protection et de la délimitation des terres autochtones, une seule étude a été réalisée, l’Étude du sous-groupe de travail XV, arrêté de la FUNAI du 23/03/77, sans compter sur la participation d’anthropologues, qui a servi de justification à la définition de la non-reconnaissance de ce peuple comme indigène : selon le diagnostic, il ne s’agissait plus véritablement des indigènes, mais des « métis », identification vague et douteuse par des caractères phénotypiques qui ne prenait pas en compte d’autres facteurs identitaires, tels que la langue, les habitudes et les coutumes, le mode d’organisation de la vie matérielle, l’autodéclaration (CONRADI, 2007). D’après ce document, rédigé en 20 jours seulement, et même sous les protestations des indigènes, anthropologues et journalistes, des quelque 260 familles indigènes qui y résident ils n’ont reconnu que 10 familles éligibles à une indemnisation.
La forme de compensation ne respectait pas non plus le « Statut de l’Indien » : ces quelques personnes — et en fait il n’y en avait pas beaucoup, puisqu’une bonne partie avait déjà fui ou avait été tuée — étaient traitées comme des « squatters », puisqu’elles n’avaient aucun titre foncier. En plus du document de propriété, cette catégorie désigne les personnes qui labourent la terre selon le système individuel, en petits lots, avec des outils européens et non des outils issus de la culture guarani.
Le résultat est que chaque famille a reçu environ 30 hectares chacune, sur un territoire où il n’y avait pas de matière première pour fabriquer leur artisanat, sans compter le risque de glissements du terrain dus à l’inondation du lac d’Itaipu. Et, en raison d’autres expropriations, d’autres personnes intéressées aux établissements s’y précipitaient, provoquant une croissance démographique (CONRADI, 2007, p. 65).
Ainsi, nous avons plusieurs actions qui ont provoqué la désintégration du groupe : des actes violents qui ont conduit à la fuite ou même à la mort ; l’acceptation de petits lots dans des régions éloignées ; les indigènes traités comme des squatters en les obligeant à accepter un système dont la technique de production leur était inconnue ; la migration forcée vers le Paraguay. Dans tous les cas, la perte de leurs traditions et lieux sacrés.
Malgré les dénonciations de la presse nationale et internationale et de l Église, l’ajournement et le renvoi par étapes étaient des pratiques courantes. En outre, les informations sur l’ensemble du processus ont été souillées par des préjugés et des controverses, comme l’attestent les déclarations suivantes :
Ce n’était pas comme prendre des gars riches, bien sûr, hein ? Les Indiens, on doit les traiter aux coups de bâtons, parce qu’ils n’aiment pas les délicatesses […] Mais, tiens, ils voulaient recevoir, je ne sais pas, moi, combien Itaipu a payé, je ne sais même pas, mais toutes leurs cabanes-là ont été payées, leurs huttes-là, tout a été payé, parce que ce n’était pas de bonnes maisons comme celles-là qu’on était en train de brûler, il n’y avait que quelques murs comme ça, compris ? […] Alors, une chose qui a été faite avec les Indiens, ils ne voulaient pas partir de là, n’est-ce pas ? Ils ne voulaient pas partir de là, donc les cadres d’Itaipu, le conseil d’expropriation, personne n’a besoin d’en être d’accord, ici est comme la loi du coronélisme[7]. Il n’y a pas besoin d’en être d’accord, sinon on va mourir noyé, on va devoir partir quand même […] Mais c’est comme ça qu’on faisait avant, n’est-ce pas ? Témoignage d’un travailleur d’Itaipu. (Relatório da Comissão Estadual da Verdade [2012], 2017, p. 252)


Les affrontements ont duré presque dix ans ; ce n’est qu’en 1982 que la portion de terre destinée à des établissements est passée de 171 à 274 hectares, contre les 1 560 hectares demandés par les indigènes, une extension qui en dit très peu, autant que le nombre de familles, car cette région n’avait pas été recensée. De plus, le mode d’exploitation est collectif et la mesure des terres n’a jamais été faite par les peuples d’origine. Ce qu’on sait est que de 1940 à 1980, 32 villages guarani ont disparu dans cette région.
Ainsi, la construction de l’usine a détruit non seulement les maisons, mais aussi les réseaux de parenté, les modes de production et la base même des modes de vie et de signification des Avá-Guarani lorsqu’ils ont avancé sur leurs lieux sacrés et historiques.
L’Argentine et les technologies de disparition
Pilar Calveiro utilise le terme camp de concentration/d’extermination pour montrer un changement fondamental des appareils répressifs argentins à partir du coup d’État de 1976, qui a consisté à remplacer l’incarcération et la punition par la disparition de personnes.
Il ne s’agissait pas d’un excès de brutalité commis par des délinquants hors la loi ; au contraire, entre 1976 et 1983, 340 camps de concentration ont été créés, sous la coordination des forces armées, avec une organisation bureaucratique dont la fragmentation peut être comparée à ce que Hannah Arendt (1978) a observé dans les camps de concentration nazis ; elle obéissait à une logique sectorisée et divisée par tâches, non seulement pour augmenter la productivité des personnes qui y travaillaient, mais surtout pour exempter les individus de toute responsabilité.
L’objectif était clair pour le gouvernement : Jorge Rafael Videla lui-même, qui a gouverné de 1976 à 1981, a déclaré que les forces armées devraient construire un projet de salut pour le pays (CALVEIRO, 2013, p. 26) et que ses hommes agiraient conformément aux ordres de l’Institution, et donc qu’aucune responsabilité individuelle ne pouvait être attribuée (p.127).
Une autre logique était la dynamique ami-ennemi, qui réduisait le politique, comme dans la théorie de Carl Schmitt (1992), à une dynamique militaire, plus que cela, à une dynamique paranoïaque.
Selon Calveiro, dans la conception militaire, l’Argentine était en guerre, et ce qui est curieux, c’est que les militants de l’opposition ont accepté ce langage ; ils se représentaient eux-mêmes ainsi que la guérilla comme une armée populaire combattant une armée impérialiste, et non comme une petite force insurrectionnelle. À son tour, le gouvernement considérait toute sorte d’opposition ou même d’objection comme un acte subversif ; chaque acte de désobéissance était considéré comme une collaboration directe ou indirecte avec la guérilla. Ce faisant, le binôme ami/ennemi a été radicalisé et cette représentation a été en plus stigmatisée d’une manière similaire au racisme (CALVEIRO, p. 90-92), autrement dit, une fois considérés comme subversifs, les gens ont été traités comme « moins qu’humains ». Par conséquent, lorsqu’ils étaient enlevés par le pouvoir et emmenés dans des camps de concentration — le terme utilisé par les gardes était « aspirés », — ils disparaissaient du et pour le monde extérieur. Et le monde extérieur disparaissait pour eux. Le degré d’engagement dans la résistance importait peu ; dans les champs, ils étaient tous égaux, également diminués.

Comme nous le savons, dans le cas des prisonniers politiques, la torture était utilisée pour extorquer des informations aux prisonniers ou pour les punir, ou pour les faire taire sous le harcèlement de la peur. Dans le cas de l’Argentine, cependant, d’autres formes de violence se sont ajoutées : on a enlevé leurs noms aux détenus en les identifiant par un numéro, comme dans les camps de concentration nazis. De plus, beaucoup d’eux restaient tout le temps encapuchonnés, obligés de s’accroupir et de se coucher, sans pouvoir ne parler ni bouger, dans des pièces qui étaient des compartiments en bois sans toit de 80 cm de large sur 200 cm de long.
Il y avait également des cellules de 2,5 m sur 1,5 m, avec seulement un matelas par terre. Dans les deux cas, cachots ou cellules, on pouvait les voir, mais ils ne voyaient rien, même pas le geôlier. Même pour aller aux toilettes, ils dépendaient du pouvoir qui les avait fait disparaître, qui les prenait à un moment précis ou leur apportait des seaux pour leurs besoins (p. 56).
Le pouvoir total sur leurs corps était achevé au moment de l’exécution. C’était le moment le plus redouté et subtilement suggéré à tous. L’exécution était appelée « transfert » et consistait à diriger, par étapes, de petits groupes sélectionnés selon des critères inconnus pour être exécutés, jetés en pleine mer encore vivants, où ils disparaissaient définitivement. À propos, d’autres types de meurtres et de disparitions, qui se sont produits également au Brésil, ont été mis en pratique, comme jeter le cadavre dans les rues en simulant des coups de feu ; détruire ou brûler le corps pour empêcher son identification ; et, enfin, enterrer le cadavre dans des territoires inconnus, dans des régions reculées et clandestines. Mais lancer des gens depuis la haute mer était le plus emblématique, car cela faisait disparaître le corps, voir l’identité et le crime.

La perte du nom, la capuche qui cachait le visage, l’emprisonnement sans aucun contact externe ou même interne, puisque toute conversation était interdite et, enfin, la mort et la disparition du corps étaient des événements clandestins, mais pas totalement inconnus. Au contraire, dans le monde extérieur, le pouvoir insinuait des rumeurs sur ce qui se passait précisément pour semer la terreur dans toute la société.
Selon Calveiro
Les camps de concentration étaient secrets, tout comme l’inhumation des corps NN[8] dans les cimetières. Cependant, pour que le dispositif de disparition fonctionne, il fallait que ce soient des secrets retentissants ; pour semer la terreur, il fallait le savoir. Le nuage de silence cachait les noms, les raisons spécifiques, mais tous savaient qu’on prenait ceux qui « étaient impliqués dans quelque chose », que des gens « disparaissaient », que les voitures qui transportaient des gens armés appartenaient aux forces de sécurité, que ceux qui étaient emmenés ne seraient jamais revenus, que des camps de concentration existaient. (p.81)
Il s’agissait donc d’une mesure institutionnelle, mais méconnaissable dans ses détails et dans ses mécanismes de mise en œuvre, autant que les noms des responsables des actions.
Cependant, contrairement à la prédiction des bourreaux, des traces, des indices et des signes de ce qui n’était pas destiné à devenir visible sont apparus.
Par exemple, déjà en 1977, plusieurs corps sont apparus sur les rives des stations balnéaires atlantiques de Santa Teresita et de Mar del Tuyú, à environ 200 km au sud de la ville de Buenos Aires. Les cadavres ont été enterrés comme « NN » dans le cimetière Général Lavalle, mais d’abord les médecins qui les ont examinés ont rapporté que la cause du décès était le « choc contre des objets durs depuis une grande hauteur ».(VERBITSKY, 1995)
Une autre apparition inattendue a été celle des Mères de la Place de Mai, le premier grand groupe à s’organiser contre les violations des droits de l’homme. Portant des foulards blancs sur la tête pour symboliser les couches de leurs enfants perdus, les mères marchaient quotidiennement pour protester contre les atrocités commises. Et dès qu’elles ont appris la disparition des bébés, elles ont également créé, déjà en 1977, l’Association des Grands-mères de la Place de Mai, pour réclamer l’identification des lieux où se trouvaient leurs petits-enfants.
On sait aujourd’hui que des nouveau-nés étaient enlevés à leurs mères qui les accouchaient en prison, généralement des militantes de gauche, et donnés en adoption à des « appropriateurs », civils ou militaires.
Des faits comme ceux-ci montrent comment le pouvoir qui voulait contrôler ce qui pouvait être insinué pour terroriser l’opinion publique, clé indispensable du système, et ce qu’il fallait cacher, a été contrecarré. Les rumeurs lui échappaient. La peur n’a pas fait taire les femmes et leur mobilisation a été d’une importance décisive pour la chute du gouvernement, ainsi que pour la justice transitionnelle.
Les opérations répressives sont devenues connues. Mais les disparus, ainsi que ceux qui ont été tués dans les camps de concentration nazis, comme nous le rappelle Primo Levin (2016), les vrais témoignages, les vraies victimes, n’ont pas évidemment pu en témoigner. Ceux qui ont survécu parlent pour eux et nous comptons sur eux pour connaître une mémoire qui n’est pas la leur, mais une mémoire qui s’intègre à la mémoire sociale même de l’Argentine.
Considérations finales
Dans ce bref essai, nous avons fait quelques réflexions sur les expériences traumatisantes qui ont conduit à la disparition, précédées par l’humiliation et la torture, les déplacements forcés, l’élimination de la biodiversité et les dommages à l’écosystème de la planète, dans un processus continu et croissant.
Notre intention était d’ouvrir un champ de possibilités de réflexion sur les éléments qui traversent ces processus apparemment distincts. Nous avons abordé différentes formes de disparition : les habitants de la Namibie ont été la cible d’un massacre au milieu d’une guerre génocide, les Guaranis ont perdu non seulement leurs territoires, mais aussi leurs relations de parenté et leur culture, ce qui peut être compris comme un ethnocide ; les résistants argentins, comme entraves amovibles, ont été incarcérés et un grand nombre a été exécuté sur un total d’environ 15 000 personnes. Et dans tous les cas, la torture a été pratiquée.
Et la torture est, selon Marie Claire Caloz-Tschopp (2020), transindividuelle et transpolitique. Lorsqu’elle s’installe, pour quelque raison que ce soit, elle force les gens au silence, à la colère, à d’autres morts. Par sa propre logique, elle installe la terreur, qui se trouve entre les mains de ceux qui, au moins au moment de l’exécution, ont ou imaginent avoir un pouvoir illimité sur le corps de l’autre, non seulement pour maintenir ou infliger la douleur, mais pour faire disparaître, partiellement ou totalement, la preuve de son existence. À ce moment-là, le tortionnaire est tout pour la personne torturée, et peut même être capable d’éviter sa douleur.
La disparition va donc de pair avec la torture. Les droits, le nom, le visage, la résidence, le regard et le souvenir du monde extérieur disparaissent, en plus de la destruction des valeurs et des convictions et la organisation du sujet avec le monde (VIÑAR, 1992) ; la vie et, ce qui n’est pas rare, la tradition des funérailles disparaissent.
C’est pourquoi, même si certaines des personnes touchées sont maintenues en vie, le discours à leur sujet est, dans l’ensemble, indicible.
Il reste la mémoire. La mémoire fragmentée, qui dans les trois cas que nous avons soulignés, le génocide des peuples Héréro et Nama, l’ethnocide des Guaranis et la disparition des résistants, devient l’héritage des héritiers. Ceux-ci revendiquent le droit de parler au nom de la « proie » de cette histoire et deviennent captifs de cette histoire.
Selon Gatti (2011), pour les héritiers, c’est comme si leur histoire de vie ne pouvait pas se passer de ce (mauvais) début, un morceau de vie qui, d’ailleurs, devient le plus significatif, un héritage.
Ce sont des visages privés lancés au public par la délibération d’une trajectoire qui n’était pas la leur, mais ils n’ont d’autre choix que d’en parler comme d’une dette. Une dette qui ne fait qu’augmenter quand on ne dit rien, ou pire, quand ces faits risquent d’être niés, oubliés ou faussés. Comme dans le cas du premier gouvernement élu en Namibie après l’indépendance, qui a cherché à relativiser le génocide au nom des bonnes relations commerciales avec l’Allemagne ; ou le cas du Brésil, après l’arrivée au gouvernement de Jair Bolsonaro (à partir de 2018), qui a nié à la fois la dictature et les crimes d’État ; ou le gouvernement de Mauricio Macri (2015-2019), en Argentine, qui, dès son entrée en fonction, a tenté d’amnistier 600 prisonniers condamnés pour des crimes d’État.
La recherche d’une réparation, pour dénoncer le mensonge, dans ces cas, est angoissante. C’est pourquoi on observe une inflation des mémoires et des procédures judiciaires dans ces trois régions ; parents, amis, historiens, journalistes ; monuments, musées, archives ; recherche, événements scientifiques, mémoriaux, reportages. Et pour chacun de ces moments, de nouveaux témoignages, de nouveaux faits, de nouvelles dénégations. Une tentative de récupérer une histoire. Surtout, la dignité de ceux qui l’ont subie, à ses différents niveaux générationnels. Il reste à savoir pour qui.
Références bibliographiques
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[1] Le mot « bugre » vient de la langue française qui, dans son ancienne version, désignait hérétique ou non civilisé. Au Brésil, il a une signification similaire, plus une forte connotation péjorative.
[2]La violence contre les indigènes se poursuit encore aujourd’hui. Bien que ce ne soit pas le sujet de cet article, on observe la continuation dans ce processus : sous la dictature de Pinochet, ce même peuple a subi des expropriations, ordonnées par le gouvernement pour favoriser les entreprises forestières. Quant aux Mapuches d’Argentine, ils continuent à ce jour de réclamer des compensations ou la restitution de leurs terres et sont, dans certains cas récents, accusés de terroristes. À cet égard, voir : http://www.cartamaior.com.br/?/Editoria/Internacional/A-dura-realidade-do-povo-Mapuche/6/24876.
[3] Sur la corrélation entre le droit colonial et le droit international, voir : NUZZO, 2011.
[4] Les attributions de la FUNAI, créée en 1967 par le décret 5371/67 — Fundação Nacional do Índio [Fondation nationale de l’Indien], sont pratiquement les mêmes que celles du Service de protection de l’Indien, qui a été désactivé sous des allégations de corruption.
[5] Terrain à restituer à l’État, déclaré terrain public, même s’il est occupé par des particuliers.
[6] Dans l’original de cette transcription en portugais, le lecteur peut repérer la variante linguistique socialement marquée de l’indigène. Cela n’a pas été possible d’en reconstituer et cette caractéristique a été malheureusement perdue dans la traduction en français. [N. de la T.]
[7] Régime des seigneurs de terre au Brésil. (VILAÇA et ALBUQUERQUE, 2002. [N. da T.]
[8] Du latin Nomen nescio, nom inconnu.