Symbiose, ambiguïté et cadre psychanalytique dans la théorie de José Bleger: explications et réflexions [1]

John Churcher, Société britannique de psychanalyse

Résumé

La conception de José Bleger sur le cadre psychanalytique. Le cadre à la fois comme institution, comme partie de la personnalité individuelle, et comme schéma corporel. Symbiose, indifférenciation, dépositaire, position glischro-caryque. L’ambiguïté, le syncrétisme et la facticité. Un problème de traduction. Le corps physique et le corps politique: translation de J.  Bleger au-delà de la psychanalyse.

Introduction

Madame la présidente, Mesdames et Messieurs, ma première rencontre avec l’œuvre de José Bleger a eu lieu il y a 25 ans, pendant ma formation psychanalytique, et depuis ce temps, ses idées sont restées au centre de ma pensée clinique. Dans cette présentation, j’essaierai d’expliquer certains des concepts de Bleger, et pour ça, je dois commencer avec la psychanalyse. Mais, comme cet auditoire est plus divers, je vais essayer de garder une perspective ouverte vers d’autres disciplines et communautés épistémiques. Et, je vous prie de m’excuser pour les fautes de français.

Il y a des différences entre les voies d’accès à l’œuvre de J. Bleger parmi les psychanalystes de cultures différentes. Les analystes anglophones ont en pris connaissance à travers un seul article publié dans le International Journal of Psychoanalysis en 1967[2]. Cet article traite du cadre psychanalytique. Il a été publié à peu près en même temps que le livre en espagnol dont il est le dernier chapitre substantiel[3]. Ce n’est qu’en 1979 qu’une traduction française de l’article a été publié[4], ce n’est qu’en 1981 que le livre a été publié en français sous le titre Symbiose et ambiguïté, et ce n’est que 32 ans plus tard, en 2013, que le livre a été publié en anglais[5]. Je vous ai donné cette chronologie pour soulever la question du comment ces décalages pourraient avoir affecté l’accès à la compréhension et l’application des idées de Bleger. En tout cas, il faut dire que le chapitre sur le cadre est toute une culmination et synthèse des élaborations théoriques et cliniques des premiers cinq chapitres du livre.

La conception de Bleger sur le cadre psychanalytique

Pour José Bleger, la situation psychanalytique est comprise comme un processus d’analyse et ce qu’il appelle un «non-processus». Ce «non-processus» est représenté par le cadre, que chaque analyste est mené à garder aussi constant que possible. C’est dedans ce cadre, ce non-processus (formé du bureau, du divan, des heures des séances, des règles de l’association libre et de l’abstinence, etc.), que le processus analytique se déroule en fonction des contraintes, ou disons des libertés, offertes par ce non-processus-même.

Pour représenter sa pensée sur la relation entre le processus et le cadre, J. Bleger utilise dans un premier instant l’analogie figure-fond, bien connue dans la psychologie gestaltiste de la perception. Comme dans l’exemple bien connu, où le fond entre les deux profils se transforme tout d’un coup dans la silhouette d’un vase, ou vice versa, le cadre psychanalytique peut parfois devenir la figure. Il peut passer de l’état d’être un non-processus à l’état d’être un processus. Ce phénomène se produit quand quelque chose d’inattendu survient qui nous fait prendre conscience du phénomène.

José Bleger s’est mis à explorer la fonction du cadre quand il garde son caractère de fond, c’est-à-dire quand il n’est pas remarqué. Aussi longtemps que le cadre garde cette fonction de fond, on ne peut pas se rendre compte du fait qu’il y a quelque chose qui a été déposé dedans et qui reste caché. Pour répondre à la question « qu’est-ce que c’est que cette chose déposée », nous devons considérer un groupe d’idées interdépendantes dans son exposition qui dérivent de ses études sur la psychologie des institutions sociales.

Le cadre à la fois comme institution, comme partie de la personnalité individuelle, et comme schéma corporel

Premièrement, le cadre psychanalytique, dans lequel une relation dure de longues années avec le maintien des normes et des attitudes, est une sorte d’institution.

Deuxièmement, les institutions, auxquelles on participe, font partie de la personnalité, en tant que l’identité personnelle d’un individu. Elle a toujours un aspect groupal ou institutionnel.

Troisièmement, les institutions, dont on est membre, contribuent elles-mêmes à la détermination de son propre schéma corporel, la représentation interne que chacun de nous a de son propre corps.

Cette dernière idée, peut-être la plus obscure, est introduite d’abord par une analogie à un phénomène neurologique. Comme dans la neurologie, où le schéma corporel se révèle après une amputation sous la forme du « membre fantôme », dans une psychanalyse le cadre psychanalytique ne rend sa présence visible que quand il est brisé ou perturbé. Pour José Bleger il s’agit quand même de plus que d’une analogie. Il écrit:

Le cadre psychanalytique fait partie du schéma corporel du patient; il est le schéma corporel dans sa partie qu’il n’a pas encore structurée ni discriminée; cela veut dire qu’il y a une différence par rapport au schéma corporel proprement-dit: [il est] l’indifférenciation corps-espace et corps-environnement. (Bleger 1981 [1967], 296)[6].

Symbiose, indifférenciation, dépositaire, position glischro-caryque

Obscur comme est le schéma dont parle la citation, le sens de cette dernière devient plus clair si on le lit dans le contexte du livre entier. La présence normale, silencieuse et continue du cadre offre au patient la possibilité d’une relation au niveau physique qui reproduit une symbiose précoce de l’enfant avec la mère, où aucune différenciation – entre le bien et le mal, l’interne et l’externe, le moi et le non-moi – ne se sont pas encore opérées. Au lieu d’une vraie relation d’objet, il n’y a que divers « noyaux du moi », ainsi que les objets auxquels ils correspondent. Ces noyaux et leurs objets ont une existence au niveau psychologique, mais ils ne sont pas encore différenciés les uns des autres.

Dans les premiers chapitres de Symbiose et Ambiguïté, l’accent est mis sur la symbiose, phénomène à travers lequel une partie de l’esprit est projetée dans un « dépositaire » dans le monde extérieur, qui a son tour se trouve sous la pression de jouer un rôle; dans la terminologie psychanalytique de Mélanie Klein et de ses disciples, il s’agit d’un fonctionnement basé sur l’identification projective. Pour l’enfant, le dépositaire primaire est la mère.

Je dois souligner que pour J. Bleger, l’état « d’indifférenciation » ne se réduit pas par l’absence de différenciation; cet état implique une certaine structure et organisation, même si elle est rudimentaire. En fait, ce que J.  Bleger postule, c’est l’existence d’une position plus primitive, qui précède la position schizo-paranoïde décrite par Mélanie Klein; une position dont les défenses caractéristiques sont l’immobilisation et la fragmentation[7], et dont les symptômes typiques sont de l’ordre de l’angoisse confusionnelle, plutôt que de l’angoisse de persécution. Il l’a nommée « position glischro-caryque », d’après les mots grecs pour « viscosité » ou « adhérence », et pour « noyau ».

La structure relationnelle de la position glischro-caryque persiste chez l’adulte, sous la forme d’un « noyau agglutiné », que J. Bleger considère comme l’équivalent de ce que Wilfred Bion avait déjà appelé « la partie psychotique de la personnalité ». Ce noyau agglutiné reste présent dans chacun de nous, en gardant pendant toute la vie son potentiel d’établir de nouvelles relations symbiotiques. C’est ce noyau qui est déposé en silence dans le cadre psychanalytique, où il reste caché et non analysé, sauf qu’une interruption, en quelque sorte, le rend manifeste [8].

Aussi longtemps que le cadre n’est pas perturbé, il reste inaperçu. Comme un membre fantôme qui n’a pas encore été vécu parce que le corps est encore intact, le noyau agglutiné persiste en silence dans le cadre comme un « monde fantôme », inaperçu mais néanmoins psychiquement réel. Le cadre forme, donc, un refuge ou une retraite pour cette partie psychotique de la personnalité, dont la demande principale est que rien ne change. Ceci a des implications importantes pour la technique psychanalytique, qu’il vaut la peine d’explorer, mais pas ici.

L’ambiguïté, le syncrétisme et la facticité

Jusqu’à ce point, nous avons considéré la conception de José Bleger sur le cadre, sous l’angle  de la symbiose précoce qu’il reproduit. Mais quoi dire de l’ambiguïté, cet autre mot-clé dans le titre du livre, et qui se trouve au centre de ce Colloque? Pendant le développement de son argument, J. Bleger fait un changement d’accent, de l’étude du noyau agglutiné comme structure qui persiste à côté, et en même temps clivé d’un moi plus intégré, vers l’étude des manifestations, à travers le moi, de la nature intrinsèquement ambiguë de ce noyau. Tandis que normalement le noyau agglutiné est maintenu dans un état de clivage par rapport au moi plus intégré, dans des situations où ce clivage est absent ou réduit, ce que nous rencontrons, est une expression caractérologique du noyau, sous la forme d’une « personnalité ambiguë ».

José Bleger décrit et distingue un certain nombre de voies que le destin du noyau peuvent suivre, mais je vais me pencher ici seulement sur deux d’entre elles. La personnalité ambiguë peut persister jusqu’à l’âge adulte tout simplement comme un « moi syncrétique », avec carence de liens fermes et douée d’une identité en évolution constante, avec superficialité et incohérence, ce qui peut donner lieu à une impression de « ficticité » ou de fausseté. Il y a tout un ensemble de relations personnelles dans lesquelles l’individu ne se connaît qu’en vertu de ses diverses relations avec des autres, par exemple, les membres de sa famille, et pas comme une personne avec une identité distincte et constante. Ce n’est que par la participation simple dans l’interaction indifférenciée que le moi syncrétique fonctionne, sans utiliser les défenses caractéristiques de la position schizo-paranoïde.

Une autre possibilité est pour la personnalité de s’organiser en partie comme un « moi factique »: attaché à une institution, un groupe ou une personne dont il ne s’est pas encore distingué, le moi factique n’existe que dans l’action, la tâche, etc.; il manque donc une vie autonome intérieure, et le moi factique est particulièrement susceptible à un « modelage » par les institutions. Bleger écrit:

Ce « moi factique » est un « moi d’appartenance »: il est constitué et maintenu par l’inclusion du sujet dans une institution (qui peut être la relation thérapeutique, une association de psychanalyse, un groupe d’études ou autres …). Il n’y a pas de « moi intériorisé » donnant au sujet une stabilité interne. Disons que toute la personnalité est faite de « personnages », de rôles et qu’elle est une façade. (Bleger 1981 [1967], 294)[9].

En distinguant les formes que la personnalité ambiguë peuvent prendre, Bleger amène la clarification suivante: « c’est une typologie et non nécessairement une pathologie » (Bleger 1981 [1967], 222). Il fait remarquer que, même si l’ambiguïté peut impliquer une contradiction pour l’observateur, « pour le sujet, la contradiction n’existe pas puisqu’elle n’est pas entrée en jeu » (Bleger 1981 [1967], 221). Au lieu de penser uniquement en termes pathologiques, avec une notion normative de « déficit », Bleger ouvre la compréhension vers une conception sur l’existence d’autres types d’identité et d’autres sens de la réalité.

Bien que Bleger décrive une typologie fondée sur des observations cliniques, les formes de « personnalité ambiguë » qu’il identifie peuvent être considérées comme une potentialité qui existe dans chacun des individus, dont la forme d’expression va dépendre des circonstances. Dans les circonstances particulières de la cure psychanalytique, il y a un risque inhérent de l’addiction au cadre, qui deviendrait alors la base de l’organisation de la personnalité. Ainsi, le cadre, comme retraite ou enclave institutionnelle, habitée par la partie psychotique de la personnalité qui existe chez chaque patient, est à la fois ce qui rend possible la cure et ce qui menace constamment de la compromettre ou de la détruire. Il y a pourtant d’autres situations ou contextes institutionnels qui sont aussi capables de servir en tant que dépositaires de la partie psychotique de l’esprit, et dans lesquelles le syncrétisme ou la facticité de la personnalité potentiellement ambiguë se trouve susceptible d’être facilitée.

Un problème de traduction

Il sera utile à ce point d’examiner un problème de la traduction. Le mot espagnol que José Bleger utilise pour désigner le non-processus dans la situation psychanalytique est « encuadre », qu’on a généralement traduit en français par « cadre ». Dans la version anglaise de 1967, cela a été traduit comme « frame », mais dans l’édition anglaise de Symbiose et ambiguïté nous l’avons retraduit comme « setting »[10].

On sait bien que ce qui apparaît comme une simple question de traduction peut cacher de profonds problèmes conceptuels. René Kaës fait une distinction entre « setting » (dispositif) d’un côté et « frame » (cadre), de l’autre.[11]. Le premier consiste dans certains arrangements physiques et pratiques dont l’analyste fait l’usage. « Le dispositif », dit-il, « est ce dont dispose et ce que dispose le psychanalyste pour pratiquer la psychanalyse »[12]. Sur cette base, une situation se développe, dans laquelle « le cadre » peut exister comme un lieu où les éléments archaïques (cela veut dire, le noyau agglutiné de Bleger) sont déposés. Kaës considère « le dispositif » et « le cadre » comme deux concepts qu’il ne faut pas confondre, tout en ajoutant quand même, dans la traduction anglaise de son livre, que le concept de Bleger de « encuadre » comprend les deux[13].

Il y a sans doute une différence entre, d’une part, un cadre physique, un ensemble d’arrangements pratiques, un accord de suivre la règle fondamentale, etc. ; et d’autre part, ce que ces arrangements peuvent permettre pour se développer: la situation psychanalytique, consistant en un processus et un non-processus. Néanmoins, le concept de « encuadre » me semble être destiné à la compréhension de ces deux ordres de réalité, les relations entre elles et au sein de chacune, comme des relations de figure et fond. L’essence de cette idée se trouve déjà dans l’analogie originale de Marion Milner entre le cadre psychanalytique et le cadre autour d’une peinture, quand elle écrit:

Le cadre détache ce genre différent de réalité qui est contenue à l’intérieur, de la réalité qui se trouve à l’extérieur de lui; mais, le cadre spatio-temporel de la séance psychanalytique détache aussi une réalité de nature spéciale. Et, dans la psychanalyse, c’est l’existence même de ce cadre qui rend possible le développement de l’illusion créatrice, que les analystes appellent le transfert. (Milner 1952, 183) [14].

Le corps physique et le corps politique: translation de Bleger au-delà de la psychanalyse

Ces questions ne se posent pas seulement au niveau des langues, mais aussi au niveau de la circulation des idées entre des disciplines et communautés épistémiques différentes. Par exemple, ses idées sur le corps se prêtent à la transposition dans d’autres domaines de la psychologie, même si elles ne s’inquiètent pas de l’inconscient. Un point de vue que je trouve très valable est celui d’André Bullinger[15], un vieux collègue, collaborateur de Jean Piaget et professeur ici à Genève jusqu’à son décès récent et prématuré. Pour Bullinger, le corps, comme organisme, est un objet dont les interactions avec le milieu sont génératrices des régularités, qui permettent l’extraction et l’intériorisation des invariants, qui à leur tour peuvent être utilisés pour guider d’autres interactions.

La vue générale de la perception comme la détection des invariants générés à travers l’action physique a été élaboré par James Gibson, et les relations entre les concepts de Gibson et ceux de Piaget ont donné lieu à des débats. Ce qui distingue l’œuvre de Bullinger est l’exploration profonde de la façon dont le nourrisson humain se met à découvrir et « instrumenter » son propre corps. Bien que le nouveau-né est pré-adapté à fonctionner de différentes façons (y compris les coordinations « intermodales » observées par Meltzoff et d’autres auteurs) [16], les invariants de ce fonctionnement inné doivent être réélaborés à travers les mêmes interactions que les propriétés invariantes des choses sont réélaborées dans le monde. Par exemple, les relations spatiales invariantes entre la fovéa et la rétine périphérique, même si elles sont déterminées de façon innée comme des aspects de la morphologie de l’œil, elles doivent être intériorisées par des interactions avant que ceux-ci puissent être vraiment utilisées pour la perception visuelle.

Je crois qu’une implication du point de vue de J. Bleger est que, on tend à établir une relation symbiotique avec tous les invariants qu’on découvre et auxquels on s’adapte, soit dans son propre corps, soit dans le reste du monde physique et social  et que cette tendance se manifeste non seulement dans le cadre psychanalytique, mais qu’elle forme aussi un étayage dans la vie de chaque jour. Dans ce sens, une partie de la partie psychotique de ma personnalité est déposée de façon permanente dans mes yeux et dans tous mes organes corporels, aussi longtemps que je vivrai et qu’ils restent intacts[17].

Si dans cette perspective nous considérons alors la dimension institutionnelle de la conception de J. Bleger, nous pouvons commencer à discerner le contour d’une explication générale de la manière dont les individus participent au milieu social, dans lequel ils se trouvent, ce qui peut représenter un intérêt pour la sociologie et la théorie politique.

Conclusion

Donc, je vais conclure avec une brève référence à une question qui a hanté ma pensée pendant plus de 40 ans.

Pendant que José Bleger écrivait sur le cadre, de l’autre côté de l’océan, un très jeune Etienne Balibar articulait sa critique de la conception humaniste des « individus ». Discutant le statut des individus décrits dans Le Capital de Marx, il écrit:

Les hommes [sic!] n’apparaissent dans la théorie que sous la forme de supports des relations impliquées dans la structure, et les formes de leur individualité comme des effets déterminés de la structure. On pourrait peut-être importer, pour désigner ce caractère de la théorie marxiste, le terme de pertinence, et dire que chaque pratique relativement autonome de la structure sociale doit s’analyser selon une pertinence propre, dont dépend l’identification des éléments qu’elle combine. (Althusser et Balibar 1969, 150).

Il continue:

Or, il n’y a aucune raison pour que les éléments, déterminée ainsi de façon différente, coïncident dans l’unité d’individus concrets, qui apparaîtraient alors comme la reproduction locale, en petit, de toute l’articulation sociale. (Althusser et Balibar 1969, 150).

Et au lieu de cette supposition, Balibar affirme que l’analyse de Marx nous oblige à penser,

non la multiplicité des centres, mais l’absence radicale de centre. (Althusser et Balibar 1969, 151).

Je me souviens encore le choc que j’ai eu en lisant ce passage pour la première fois, au début des années 1970. Je ne suis pas très au courant des travaux ultérieurs de Balibar, dont je comprends qu’il y en a beaucoup, mais il me semble que la conception de J. Bleger sur la symbiose, l’ambiguïté et le cadre, ouvre une voie d’approche pour comprendre cette « absence radicale ». Le concept d’un tel « centre » est, en quelque sort, déplacé par celui de « encuadre », de ce qui est toujours concret, incarné, inconscient, praxique et structuré par une multiplicité d’institutions sociales, qui sont elles-mêmes historiquement contingentes.


Bibliographie

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[1] Article lu devant le Colloque international « Bleger à Genève », Université de Genève, 20 mars 2015. Je voudrais remercier Karen Clarke, Aurelia Ionescu, et Marie-Claire Caloz-Tschopp  pour leurs aides précieuses dans la traduction de cet article en français.

[2] Bleger 1967b

[3] Bleger 1967a

[4] Bleger 1979 [1967]

[5] Bleger 2013 [1967]

[6] NB: J’ai déjà ajouté à la traduction de Morvan les mots en parenthèses que je pense sont nécessaires pour transmettre  correctement le sens donné par Bleger. Cf. la traduction de  Hutchinson, Kaës  et Anzieu, dont la compréhension du même paragraphe est assez différente: « Le cadre fait partie de l’image du corps du patient : c’est l’image du corps dans son aspect non encore structuré et différencié. C’est aussi quelque chose de différent de l’image du corps proprement dite; c’est la non-différenciation de l’espace corporel (body-space) et de la situation du corps (body setting) ». Dans notre traduction en anglais: “The setting forms part of the patient’s body schema. It is the body schema in the part where this has not yet been structured and discriminated. This means that it is something different from the body schema in the narrow sense of the term: it is the undifferentiation of body and space, and of body and environment.” (Bleger 2013 [1967], 238-239)

[7] ‘Fragmentation’ au sens de  Zerspaltung (Bleuler), ou abnormal splitting (Rosenfeld).

[8] Récemment Leopoldo Bleger l’a décrit dans la façon suivante: “The idea is that all of what Bion calls ‘the psychotic part of the personality’ is going on all the time; it’s always present, we could say, as madness. I mean madness in the best and the worst sense of the word: everything that’s really mad inside each of us, not only the patient. This aspect of madness exists all through life and we gain access to some parts of it through another part of the personality, which functions more ‘normally’… But it only functions in this way because there is the other part, which is in a certain sense immobilised; and it is because it is immobilised that we can function in the way we function.” (Bleger 2014).

[9] Cf. la traduction de 1979 par Hutchinson et al. « Ce « Moi factice » est un « Moi d’appartenance » ; il est constitué et soutenu par l’admission du sujet dans une institution (laquelle peut aussi bien être la relation thérapeutique, la société psychanalytique, un groupe d’étude ou n’importe quelle autre institution); il n’y a pas là de « Moi intériorisé » qui donnerait au sujet sa stabilité interne. Disons en d’autres termes, que sa personnalité toute entière est un composé de « personnages », c’est-à-dire de rôles ou, pour s’exprimer autrement, que sa personnalité toute entière est une façade. »  Dans notre version en anglais: “[It] is an ‘ego of belonging’: it is constituted and maintained by the subject’s inclusion in an institution (which may be the therapeutic relationship, the Psychoanalytical Society, a study group or any other institution): there is no ‘interiorised ego’ to provide the subject with internal stability. We could say, in other words, that the entire personality is made up of ‘characters’, that is, of roles, or else that the whole personality is a façade.” (Bleger 2013 [1967], 237).

[10]Frame’ de même que  ‘setting’ sont en Anglais des mots ayant connotations variées, et comme des termes psychanalytiques ils sont souvent utilisé d’une manière plus ou moins interchangeable en fonction du contexte. Même parmi des auteurs qui s’appuient explicitement sur le concept de Bleger, ou qui le débâtent d’une manière extensive, il n’y a que peu de consistance dans la traduction de encuadre. Dans la traduction en Anglais du livre  The Fundamentals of Psychoanalytic Technique par Etchegoyen (Etchegoyen 1991), il est  traduit comme ‘setting’. Le même mot en Anglais (setting)est utilisé parCivitarese, dans le texte en Italien de son livre l’Intima Stanza, aussi que dans la traduction Anglaise (The Intimate Room) (Civitarese 2008, 2010). La traduction en Allemand de 1993 est Rahmen. (Bleger 1993 [1967]).

[11] Kaës 2007b

[12] Kaës 2007a, 54

[13]  Kaës 2007b, 67 n1. Un argument similaire a été avancé par Kamran Alipanahi, qui suggère que le concept de encuadre provident de la cinématographie du montage, comme il a été développé par Eisenstein. Il montre le contraste entre ‘setting’ comme espace physique et temps chronologique dans lequel les évènements ce passent, et ‘encuadre’ comme l’espace qui est capté dedans le cadre de la camera. Dans son argument, il ajoute que l’encadrement en tant qu’il implique un choix subjectif est toujours un acte politique, tandis que ‘setting’ ne possède pas cette dimension subjective (ici son point de vue est divergent de celui de Kaës.). (Jarast, ed. 2013, 159). 

[14] Civitarese a met un argument similaire, dans lequel il parle de ‘la cornice del setting’ (Civitarese 2011, 159), ce qui est traduit dans la version Anglaise comme ‘the frame of the setting’ (Civitarese 2013, 166).

[15] Bullinger, 2012

[16] Voir par exemple Gallagher et Meltzoff 1996.

[17] J’ai déjà développé ces idées d’une manière détaillée dans Churcher 2015.